Cet article est une explication de texte Du Contrat Social de Rousseau. Il suit la chronologie du livre le peuple, les lois, le gouvernement; et peut aussi servir de rĂ©sumĂ©. Du contrat Social de Jean-Jacques Rousseau a pour objectif de trouver un rĂ©gime politique juste et lĂ©gitime. Lâhomme est nĂ© libre, et partout il est dans les Contrat Social, Rousseau Livre 1, Chapitre 1 Rousseau critique les inĂ©galitĂ©s de son temps et ne croit pas Ă la pensĂ©e populaire que lâhomme est un animal politique Aristote, social, fait pour vivre en sociĂ©tĂ©; oĂč certains seraient nĂ©s pour gouverner et dâautres pour obĂ©ir. Locke Ă gauche, Hobbes Ă droite. Auteurs majeurs, avec Rousseau, du contractualisme. Pour lui, comme Hobbes ou Locke, les sociĂ©tĂ©s sont nĂ©es de conventions, câest Ă dire dâun accord entre les membres dâun mĂȘme peuple. Avec le contrat social, Rousseau cherche dâabord Ă dĂ©terminer les termes de cet accord qui, dans toute logique, est antĂ©rieur Ă celui entre un peuple et un gouvernement. Quâest-ce que le contrat social de Rousseau ?Comment permettre aux hommes dâĂȘtre libres et Ă©gaux ? Quâest-ce que la libertĂ© civile ? La volontĂ© gĂ©nĂ©rale et la crĂ©ation des lois dans le contrat social de Rousseau. Quel gouvernement pour nos sociĂ©tĂ©s ? et comment le mettre en place ? Quâest-ce que le gouvernement ?Comment nait le gouvernement ? Les diffĂ©rentes formes de rĂ©sumĂ©, quelles sont les grandes idĂ©es du contrat social de Rousseau ? Quâest-ce que le contrat social de Rousseau ? Le contrat social scelle une union des forces entre des individus pour se protĂ©ger mutuellement et surmonter les obstacles auxquels ils font face. Ă la suite de ce contrat, ils deviennent associĂ©s et forment un peuple. En contrepartie, les membres de cette association acceptent une clause lâaliĂ©nation totale de ses droits, câest Ă dire de sa libertĂ© pour former un tout, un moi commun. Comme les Power Rangers, les associĂ©s forment un tout commun. Comparaison douteuse, je lâadmets Comme je me donne complĂštement, je nâexiste plus en tant quâindividu, je fais parti dâun nouveau tout le peuple. Ă lâinstant, au lieu de la personne particuliĂšre de chaque contractant, cet acte dâassociation produit un corps moral et collectif composĂ© dâautant de membres que lâassemblĂ©e a de voix, lequel reçoit de ce mĂȘme acte son unitĂ©, son moi commun, sa vie et sa volontĂ©. Cette personne publique qui se forme ainsi par lâunion de toutes les autres prenait autrefois le nom de CitĂ©, et prend maintenant celui de RĂ©publique ou de corps politique, lequel est appelĂ© par ses membres Ătat quand il est passif, Souverain quand il est actif, Puissance en le comparant Ă ses semblables. Ă lâĂ©gard des associĂ©s ils prennent collectivement le nom de Peuple, et sâappellent en particulier citoyens comme participants Ă lâautoritĂ© souveraine, et sujets comme soumis aux lois de lâĂtat. Mais ces termes se confondent souvent et se prennent lâun pour lâautre ; il suffit de les savoir distinguer quand ils sont employĂ©s dans toute leur Contrat Social, Rousseau Livre 1, Chapitre 6 Pourquoi se donner entiĂšrement ? Dâabord, pour Ă©viter les inĂ©galitĂ©s. Si chacun donne la mĂȘme part sa libertĂ©, alors nous sommes Ă©gaux. Pour rappel, on parle dâun pacte antĂ©rieur aux sociĂ©tĂ©s, il nây a donc aucun privilĂšge, aucun esclave⊠Notre seule possession notre indĂ©pendance et celle-ci est Ă©gale pour tous. De plus, puisque maintenant je nâexiste plus quâĂ travers un tout, il nâexiste plus dâintĂ©rĂȘt personnel. Si je partage le mĂȘme corps que mes associĂ©s, alors je nâai aucun intĂ©rĂȘt Ă vouloir du mal Ă mes associĂ©s. Ce serait me faire du mal, ce serait attaquer mon propre corps. Le pacte social nous force Ă rĂ©flĂ©chir au bien commun, Ă lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. SitĂŽt que cette multitude est ainsi rĂ©unie en un corps, on ne peut offenser un des membres sans attaquer le corps ; encore moins offenser le corps sans que les membres sâen ressentent. Du Contrat Social, Rousseau Livre 1, Chapitre 7 Telles sont les clauses du contrat. Sâil venait Ă ĂȘtre violĂ©, chaque membre retrouverait sa libertĂ© naturelle. Comment permettre aux hommes dâĂȘtre libres et Ă©gaux ? Si le contrat social nâest possible quâen acceptant de sâaliĂ©ner complĂštement, sommes nous encore libres en sociĂ©tĂ© ? Pour Rousseau, la rĂ©ponse est oui ! Chaque citoyen, en Ă©change de son indĂ©pendance, gagne une nouvelle libertĂ© la libertĂ© civile. Quâest-ce que la libertĂ© civile ? La libertĂ© civile sâexprime de deux maniĂšres La capacitĂ© Ă surmonter des obstacles que je ne pouvais seul. Seul, jâĂ©tais indĂ©pendant libre, mais limitĂ© par mes aptitudes naturelles. Le droit de participer Ă la volontĂ© gĂ©nĂ©rale, de crĂ©er mes propres droits, de rĂ©diger mes lois. En clair, ĂȘtre citoyen. Il faut bien distinguer la libertĂ© naturelle qui nâa pour bornes que les forces de lâindividu, de la libertĂ© civile qui est limitĂ©e par la volontĂ© Contrat Social, Rousseau Livre 1, Chapitre 8 La volontĂ© gĂ©nĂ©rale et la crĂ©ation des lois dans le contrat social de Rousseau. La volontĂ© particuliĂšre tend par sa nature aux prĂ©fĂ©rences, et la volontĂ© gĂ©nĂ©rale Ă lâ Contrat Social, Rousseau Livre 2, Chapitre 1 Quâest-ce que la volontĂ© gĂ©nĂ©rale ? La volontĂ© gĂ©nĂ©rale, ce nâest pas la volontĂ© de tous. La volontĂ© gĂ©nĂ©rale, câest la volontĂ© du citoyen qui prend ses dĂ©cisions, non dans ses intĂ©rĂȘts particuliers, mais dans lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Chez Rousseau, le pouvoir lĂ©gislatif est dans les mains du peuple. Seul le peuple est lĂ©gitime Ă crĂ©er les lois. Ce pouvoir ne revient ni Ă un groupe de particuliers aristocrates, ni Ă un monarque bĂ©ni des dieux. La premiĂšre et la plus importante consĂ©quence des principes ci-devant Ă©tablis est que la volontĂ© gĂ©nĂ©rale peut seule diriger les forces de lâ Contrat Social, Rousseau Livre 2, Chapitre 1 Tous ceux qui consentent Ă cette association, consentent Ă respecter la loi. Cela ne devrait ĂȘtre difficile, puisque la loi rĂ©sulte de la volontĂ© gĂ©nĂ©rale. Ainsi, en respectant la loi, je respecte ma volontĂ©. Du moins, en tant que tout, car je me suis aliĂ©nĂ© complĂštement. Ainsi, dans ces circonstances, les citoyens sont libres et Ă©gaux. Libres car ils suivent leurs volontĂ©s les lois. Ăgaux car chacun est une partie dâun mĂȘme corps, payĂ©e au mĂȘme prix. Il ne reste pour Rousseau quâĂ expliquer comment ce peuple souhaite sâorganiser. Pour cela, il lui faut traiter de la question du gouvernement. Quel gouvernement pour nos sociĂ©tĂ©s ? et comment le mettre en place ? Quâest-ce que le gouvernement ? Le gouvernement nâest pas le souverain. Le gouvernement est le serviteur, le ministre du peuple souverain. Il est un reprĂ©sentant. Ses actions sont limitĂ©es par ce qui a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© par le peuple. Il sert Ă la communication et lâexĂ©cution des dĂ©cisions. Le peuple est souverain. Le gouvernement est lâofficier du peuple. Il suit ses consignes les lois. Quâest-ce donc que le gouvernement ? Un corps intermĂ©diaire Ă©tabli entre les sujets et le souverain pour leur mutuelle correspondance, chargĂ© de lâexĂ©cution des lois et du maintien de la libertĂ©, tant civile que Contrat Social, Rousseau Livre 3, Chapitre 1 Sans gouvernement, il nây a quâune volontĂ©, quâune dĂ©cision, quâune idĂ©e. Pour prendre vie, il lui faut la force, lâĂ©nergie de lâexĂ©cution, il faut transformer lâidĂ©e en action. Le peuple souverain reprĂ©sente le pouvoir lĂ©gislatif et le gouvernement le pouvoir exĂ©cutif la force qui exĂ©cute les lois. Si cela nâest pas respectĂ©, si le peuple ne fait plus les lois ou si chacun les exĂ©cute Ă sa maniĂšre, nous tombons dans le despotisme ou lâanarchie. Si le souverain veut gouverner, ou si le magistrat veut donner des lois, ou si les sujets refusent dâobĂ©ir, le dĂ©sordre succĂšde Ă la rĂšgle, la force et la volontĂ© nâagissent plus de concert, et lâEtat dissous tombe ainsi dans le despotisme ou dans lâ Contrat Social, Rousseau Livre 3, Chapitre 18 Comment nait le gouvernement ? Si lâĂ©tat existe par lui-mĂȘme, câest Ă dire comme on lâa vu, de part un contrat entre chaque membre; le gouvernement existe seulement parce quâil y a un Ă©tat. Il est la consĂ©quence du premier acte. Le peuple institue le gouvernement. Le gouvernement se forme, se crĂ©e, existe, seulement grĂące Ă la volontĂ© du peuple. Cette institution se fait en deux Ă©tapes Le peuple dĂ©cide par une loi de la forme de gouvernement quâil souhaite dĂ©mocratique, aristocratique ou monarchique. Nous verrons, dans la prochaine partie, quelle forme de gouvernement Rousseau Ă la suite de cette mĂȘme loi, le peuple dĂ©cide de la fonction du gouvernement. Le peuple peut Ă©tablir et destituer le gouvernement Ă sa guise. Lâacte qui institue le gouvernement nâest point un contrat mais une loi, que les dĂ©positaires de la puissance exĂ©cutive ne sont point les maĂźtres du peuple mais ses officiers, quâil peut les Ă©tablir et les destituer quand il lui plaĂźt, quâil nâest point question pour eux de contracter mais dâobĂ©ir et quâen se chargeant des fonctions que lâEtat leur impose ils ne font que remplir leur devoir de citoyens, sans avoir en aucune sorte le droit de disputer sur les Contrat Social, Rousseau Livre 3, Chapitre 1 Les diffĂ©rentes formes de gouvernements. Le gouvernement est composĂ© dâun prince ou de magistrats. Plus il y a de magistrats, plus le gouvernement est faible. Pourquoi ? Car plus ils sont nombreux Ă le composer, plus les dĂ©libĂ©rations prennent du temps. Ainsi, lâexĂ©cution est lente. Alors, pour Rousseau, il faut un gouvernement proportionnellement inverse Ă la taille de lâĂ©tat. Plus lâĂ©tat est grand, plus le gouvernement doit ĂȘtre petit pour ĂȘtre efficace et traiter les affaires plus vite. Je viens de prouver que le gouvernement se relĂąche Ă mesure que lesmagistrats se multiplient, et jâai prouvĂ© ci-devant que plus le peuple est nombreux, plus la force rĂ©primante doit augmenter. DâoĂč il suit que le rapport des magistrats au gouvernement doit ĂȘtre inverse du rapport des sujets au souverain. Câest-Ă -dire que, plus lâEtat sâagrandit, plus le gouvernement doit se resserrer ; tellement que le nombre des chefs diminue en raison de lâaugmentation du Contrat Social, Rousseau Livre 3, Chapitre 2 Le gouvernement peut prendre 3 formes La dĂ©mocratie âtout le peuple oĂč la plus grande partie du peuple forme le gouvernement.âLâaristocratie âun petit nombre de citoyens forment le gouvernement.âLa monarchie âun prince tient tous les pouvoirs du gouvernement.â Les formes sont plus ou moins intĂ©ressantes dans diffĂ©rents Ă©tats. On a de tous temps beaucoup disputĂ© sur la meilleure forme degouvernement, sans considĂ©rer que chacune dâelles est la meilleure en certains cas, et la pire en dâ Contrat Social, Rousseau Livre 3, Chapitre 3 La dĂ©mocratie semble un rĂ©gime impossible aux yeux de Rousseau. Cela demanderait Ă chacun de rester assemblĂ© pour traiter des affaires publiques. Pour se faire, la dĂ©mocratie demande un Ă©tat trĂšs petit oĂč tous les citoyens se connaissent, avec des mĆurs trĂšs fortes pour faciliter les dĂ©cisions. Les moeurs constituent des rĂšgles sur lesquelles tout le monde sâaccorde, rĂ©duisant ainsi les choix. Si le choix est plus restreint alors la dĂ©cision est plus simple. Lâaristocratie est la meilleure forme de gouvernement du moment quâelle est Ă©lective. A lâinverse, elle est la pire forme de gouvernement si elle est hĂ©rĂ©ditaire. Par aristocratie hĂ©rĂ©ditaire, on entend un groupe de personnes identique, riche et puissant, de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, de part des inĂ©galitĂ©s dâinstitutions. La monarchie convient pour les Ă©tats les plus grands. Cependant, il faut faire attention que lâambition personnelle du Prince ne prenne pas le dessus sur les intĂ©rĂȘts du peuple. Il est plus aisĂ© de conquĂ©rir que de Contrat Social, Rousseau Livre 3, Chapitre 6 Avec un gouvernement monarchique, le cas de la succession est pĂ©rilleux. LâĂtat est sans gouvernement dans lâintervalle des Ă©lections. Supprimer les Ă©lections mĂšnerait Ă une couronne hĂ©rĂ©ditaire oĂč le peuple pourrait ĂȘtre gouvernĂ© par des enfants ou des imbĂ©ciles. En rĂ©sumĂ©, quelles sont les grandes idĂ©es du contrat social de Rousseau ? Lâobjectif du contrat social de Rousseau est de trouver un rĂ©gime politique lĂ©gitime et juste oĂč les citoyens seraient libres et Ă©gaux. Avec ce texte, Rousseau essaie de combattre les inĂ©galitĂ©s de son temps. Le contrat social est un pacte permettant Ă des individus de sâassocier afin dâexister en tant que peuple, de crĂ©er une sociĂ©tĂ©. Les clauses de ce contrat demandent Ă chacun de sâaliĂ©ner complĂštement. Car si chacun dâentre nous donne tout ce quâil a, alors nous sommes tous Ă©gaux. Ici, nous ne sommes pas en sociĂ©tĂ©, ce que nous possĂ©dons rĂ©ellement, ce sont nos droits naturels notre indĂ©pendance. Le peuple est libre il rĂ©dige les lois selon sa volontĂ©, câest-Ă -dire la volontĂ© gĂ©nĂ©rale. La volontĂ© gĂ©nĂ©rale nâest pas la volontĂ© de tous. Ce nâest pas la somme de toutes les volontĂ©s particuliĂšres, mais la somme de toutes les volontĂ©s dans lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, dans lâintĂ©rĂȘt du bien commun. Pour exĂ©cuter ses lois, il ne suffit pas dâavoir la volontĂ© de les mettre en place, dâen rĂ©diger le plan; il faut aussi lâĂ©nergie de lâaction. Câest pourquoi, une sociĂ©tĂ© a besoin dâun pouvoir exĂ©cutif, dâun gouvernement pour avancer. Ce gouvernement doit ĂȘtre adaptĂ© selon lâĂ©tat quâil gouverne. Il est instituĂ© par le peuple lui-mĂȘme. Le peuple peut, Ă sa guise, instituer ou destituer son gouvernement.
Cettedouloureuse et bouleversante incantation est de ces livres rares qui laissent soudain le lecteur en pays Ă©tranger Ă lui-mĂȘme. » (François Bott, L'Express, 1970) Aucun de nous ne reviendra est paru aux Ăditions de Minuit en 1970.--Ce
Le LIVRE du PROPHĂTE OSĂE par Henri Rossier 1914 Table des matiĂšres 1 - Introduction 2 - PREMIĂRE PARTIE CHAPITRES 1-3 Ătat moral dâIsraĂ«l et conseils de Dieu Ă son Ă©gard. - Chapitre 1 Dieu rejette IsraĂ«l et reçoit les nations. - Chapitre 2 Dieu rejette IsraĂ«l et lâintroduit par la repentance dans les bĂ©nĂ©dictions millĂ©naires. - Chapitre 3 Dieu rejette IsraĂ«l et lui fait retrouver, par la conversion, le Christ, son vrai Roi. 3 - DEUXIĂME PARTIE CHAPITRES 4-10 Le DĂ©bat de lâĂternel avec IsraĂ«l. - Chapitre 4 Plus dâespoir pour ĂphraĂŻm ; il reste un faible espoir pour Juda. - Chapitres 5 Ă 6 Plus dâespoir pour Juda et Benjamin. Le peuple retrouvera Dieu dans la grande tribulation. Appel pressant Ă se rĂ©veiller. - Chapitres 6 Ă ch. 7 Le dĂ©bat sâaccentue et se fait plus pressant. - Chapitres 8 Ă ch. 10 Ils ont semĂ© le vent, ils rĂ©coltent la tempĂȘte. - Chapitre 8 - Chapitre 9 - Chapitre 10 4 - TROISIĂME PARTIE CHAPITRES 11-13 Jugements mĂ©langĂ©s dâespĂ©rances. - Chapitre 11 Le nouvel IsraĂ«l et la misĂ©ricorde aprĂšs les jugements. - Chapitre 12 Menaces et promesses. - Chapitre 13 Derniers Ă©clats. Aube de la dĂ©livrance. 5 - QUATRIĂME PARTIE Chapitre 14 Repentance et Restauration dâIsraĂ«l. 6 - Conclusion 1 - Introduction Le prophĂšte OsĂ©e sâadresse spĂ©cialement aux dix tribus, tout en mentionnant Ă diverses reprises les tribus de Juda et de Benjamin. Ne pas tenir compte de ce fait ajouterait de lâobscuritĂ© au langage souvent difficile de ce livre. Câest ainsi que, pour OsĂ©e, IsraĂ«l signifie dâhabitude les dix tribus, en contraste avec celle de Juda par ex. 1 6, 11; 3 1; 4 15. Ce mĂȘme nom sâapplique aussi aux neuf tribus en rapport avec ĂphraĂŻm qui en est le chef 4 3, mais distinctes de Juda et de Benjamin 5 5. Ce nâest quâoccasionnellement que la rĂ©union passĂ©e ou future des douze tribus prend le nom dâIsraĂ«l 3 5; 9 10; 11 1. Le nom ĂphraĂŻm est continuellement employĂ© pour dĂ©signer les dix tribus caractĂ©risĂ©es par leur tribu dominante. Juda, comme nous lâavons dit, est en contraste avec IsraĂ«l et comprend dâhabitude Juda et Benjamin. Parfois ces deux tribus sont nommĂ©es sĂ©parĂ©ment. Jacob est lâensemble du peuple sous la conduite de Juda, sa tribu dominante. â Le rĂŽle si important que jouent les dix tribus dans ce livre ressort du fait que le nom dâIsraĂ«l presque toujours les dix tribus y est mentionnĂ© 43 fois, le nom dâĂphraĂŻm avec le mĂȘme sens 36 fois, enfin le nom de Juda seulement 15 fois. OsĂ©e est donc essentiellement un prophĂšte dâIsraĂ«l, caractĂšre que partagent, quoique Ă un moindre degrĂ©, les prophĂštes Amos et MichĂ©e. OsĂ©e prophĂ©tisait sous les mĂȘmes rois de Juda quâĂsaĂŻe et, par consĂ©quent, sous la sĂ©rie des rois dâIsraĂ«l qui commence Ă JĂ©roboam II et finit avec le roi OsĂ©e, dernier souverain des dix tribus avant leur captivitĂ©. En additionnant les annĂ©es des rois dâIsraĂ«l, de JĂ©roboam Ă OsĂ©e, y compris les interrĂšgnes, on arriverait Ă la somme Ă©norme de 82 ans 7 mois, comme durĂ©e de cette prophĂ©tie ; en ajoutant, dâautre part, les annĂ©es dâOzias, de Jotham, dâAchaz et les six annĂ©es dâĂzĂ©chias jusquâĂ la captivitĂ© des dix tribus, on arriverait Ă la somme plus considĂ©rable encore de 90 ans. Un calcul pareil serait erronĂ©. En Ă©tudiant la prophĂ©tie dâOsĂ©e, on sâaperçoit aisĂ©ment que le rĂšgne de JĂ©roboam Il y joue un rĂŽle trĂšs restreint ; il faut donc retrancher ici le plus grand nombre des annĂ©es de ce rĂšgne. Dâautre part, le contenu du livre nous amĂšne Ă la conclusion que notre prophĂšte nâa pas vu lâensemble des annĂ©es de son homonyme, OsĂ©e, roi dâIsraĂ«l. Par ces calculs approximatifs nous atteignons une durĂ©e, longue encore, de cette prophĂ©tie, mais qui se peut aisĂ©ment concevoir. Le contenu du livre nous fournit des indications nombreuses sur les circonstances traversĂ©es par notre prophĂšte, ou qui deviennent la cause prochaine de ses oracles. Ces circonstances sont, dâun cĂŽtĂ©, lâinterrĂšgne de 11 ans qui sĂ©pare le long rĂšgne de JĂ©roboam de celui, si court, de Zacharie â de lâautre, lâanarchie de 9 ans qui prĂ©cĂ©da lâavĂšnement dâOsĂ©e, dernier roi dâIsraĂ«l. Ces Ă©vĂ©nements divers sont mentionnĂ©s par notre prophĂšte, soit comme accomplis, soit comme prĂȘts Ă lâĂȘtre, et figurant des Ă©vĂ©nements prophĂ©tiques futurs 3 4; 10 3. OsĂ©e fait, en outre, allusion Ă un bon nombre dâautres circonstances les violences et les meurtres successifs des rois dâIsraĂ«l 4 1-3; 7 7; cf. 2 Rois 15 8, 16, 25, 30 ; la recherche de lâAssyrie ou de lâĂgypte, comme protecteurs 5 10, 13; 7 11; 8 9, 13; 10 6; 12 2; cf. 2 Rois 15 19, 20; 173, 4. Les chapitres 10 7, 15; 13 16, nous montrent, dâautre part, que si le prophĂšte a pu voir le commencement du rĂšgne dâOsĂ©e, il nâa pas atteint les jours oĂč les dix tribus furent emmenĂ©es captives par lâAssyrien. Ces nombreuses citations expliquent en mĂȘme temps comment lâEsprit prophĂ©tique relie Ă des circonstances prĂ©sentes la rĂ©vĂ©lation des Ă©vĂ©nements futurs. En ces jours tragiques, oĂč tout se prĂ©cipite vers une issue fatale, le style du prophĂšte est hĂąchĂ©, abrupt, par consĂ©quent obscur et sans transitions ; il semble souvent que le temps lui manque pour relier ses pensĂ©es entre elles. Cette hĂąte se marque de plus en plus, Ă mesure quâon avance dans la seconde partie de la prophĂ©tie. OsĂ©e passe, sans nous en avertir, des menaces aux promesses ; dâune Ă©chappĂ©e sur la bĂ©nĂ©diction Ă une vue sur une scĂšne de carnage ; du tableau des gratuitĂ©s passĂ©es, Ă celui des douleurs dâenfantement qui viendront subitement sur ĂphraĂŻm. Câest que le jugement est Ă la porte. Tout se mĂȘle et se confond pour le prophĂšte, dans sa prĂ©cipitation Ă tout dire. Ah ! quâau moins une parole de grĂące ou de jugement atteigne les oreilles de ce peuple ! HĂ©las ! il nâĂ©coute pas ! Et cependant, jusquâau style obscur doit le forcer Ă la rĂ©flexion ! Malheur Ă lui ! â Mais voici que soudain Dieu revient Ă ses promesses dâanciennetĂ©. AussitĂŽt le style se calme et se repose enfin, au dernier chapitre, sur le tableau dâIsraĂ«l repentant qui retrouve la jouissance de la faveur divine. La colĂšre nâest plus ; seule la bĂ©nĂ©diction subsiste, dans une parfaite paix. Câest ainsi que, dans la Parole, Dieu approprie mĂȘme le style de ses serviteurs Ă lâexpression de ses pensĂ©es. Nous nous verrons obligĂ©s, Ă cause des difficultĂ©s et du dĂ©cousu apparent de ce style, de donner parfois une paraphrase, câest-Ă -dire un dĂ©veloppement explicatif du texte. Tout notre dĂ©sir est que cette mĂ©thode ne fatigue pas le lecteur, mais lui fournisse une intelligence plus claire de la Parole inspirĂ©e et ne nuise en aucune maniĂšre Ă lâĂ©dification, but unique de ces pages. En Ă©tudiant OsĂ©e, il faut que nous soyons saisis nous-mĂȘmes des angoisses tumultueuses qui remplissent le coeur de cet homme de Dieu Indignation de la conduite dâIsraĂ«l envers son Dieu et annonce des jugements prochains ; amour pour ce peuple auquel il tient par toutes les fibres de son coeur, dâun coeur douloureux qui saigne, sâindigne, chĂ©rit, espĂšre ; qui appelle, crie, rugit, supplie ; qui, de sa haute tour, signale la tempĂȘte et retombe accablĂ© quand son cri nâa point trouvĂ© dâĂ©cho ; â mais qui, au milieu de tant de vains appels, a la consolation suprĂȘme de se reposer sur la grĂące, espĂ©rant invariablement dans les promesses confirmĂ©es Ă Christ, et dont Dieu ne se repentira jamais. Un mot encore sur le plan, trĂšs simple du reste, de la prophĂ©tie dâOsĂ©e. Elle se divise en quatre parties de longueur trĂšs inĂ©gale, dont nous marquerons en leur lieu les subdivisions â Les chap. 1 Ă 3 nous prĂ©sentent lâĂ©tat moral dâIsraĂ«l et les conseils de Dieu Ă son Ă©gard. Chacun de ces trois chapitres se termine par la restauration finale du peuple comme ensemble. â Les chap. 4 Ă 10 contiennent le dĂ©bat de lâĂternel avec IsraĂ«l et lâĂ©numĂ©ration de ses voies Ă lâĂ©gard du peuple. Câest lĂ surtout que nous assistons aux angoisses du prophĂšte. â La troisiĂšme division comprend les chap. 11 Ă 13. Ici le dĂ©bat continue, mais entremĂȘlĂ© dâĂ©chappĂ©es sur les desseins de la grĂące de Dieu Ă lâĂ©gard dâĂphraĂŻm et de Juda. â La quatriĂšme division contient le chap. 14 seul. Il fournit une expression Ă la repentance dĂ©finitive aux derniers jours et dĂ©crit la restauration finale dâĂphraĂŻm sous le rĂšgne millĂ©naire du Messie. Les dix tribus retrouvent ainsi la communion avec lâĂternel quâelles avaient perdue et qui devient leur partage Ă toujours. 2 - PREMIĂRE PARTIE CHAPITRES 1-3 Ătat moral dâIsraĂ«l et conseils de Dieu Ă son Ă©gard. - Chapitre 1 Dieu rejette IsraĂ«l et reçoit les nations. v. 1. â La parole de lâĂternel qui vint Ă OsĂ©e, fils de BeĂ©ri, aux jours dâOzias, de Jotham, dâAchaz et dâĂzĂ©chias, rois de Juda, et aux jours de JĂ©roboam, fils de Joas, roi dâIsraĂ«l ». DĂšs le premier verset nous nous heurtons Ă une difficultĂ©. Comment se fait-il quâOsĂ©e, prophĂšte dâĂphraĂŻm, au lieu dâĂ©numĂ©rer la sĂ©rie des rois dâIsraĂ«l sous lesquels il a prophĂ©tisĂ©, ne mentionne que JĂ©roboam, le premier de ces rois, passe sous silence ses six successeurs et marque la durĂ©e de sa prophĂ©tie par les rois de Juda ? Ă cette Ă©nigme lâhistoire des rois dâIsraĂ«l fournit une solution, confirmĂ©e par le contenu de notre premier chapitre. JĂ©hu, exĂ©cuteur des jugements de Dieu contre les dix tribus, avait exterminĂ© Joram, roi dâIsraĂ«l, et les 70 fils de lâimpie Achab, mais, plein dâun zĂšle charnel, il avait outrepassĂ© les ordres de Dieu en exerçant la vengeance sur Achazia, roi de Juda, et ses quarante-deux frĂšres. LâĂternel reconnut lâobĂ©issance de JĂ©hu, dans la mesure oĂč elle sâĂ©tait exercĂ©e Ă son service, et lui dit Parce que tu as bien exĂ©cutĂ© ce qui Ă©tait droit Ă mes yeux, et que tu as fait Ă la maison dâAchab selon tout ce qui Ă©tait dans mon coeur, tes fils, jusquâĂ la quatriĂšme gĂ©nĂ©ration, seront assis sur le trĂŽne dâIsraĂ«l » 2 Rois 10 30; 15 12. Ce fut, en effet, ce qui arriva. Sur les instances de Joakhaz, son pĂšre, premiĂšre gĂ©nĂ©ration de JĂ©hu, Joas, la seconde gĂ©nĂ©ration, avait Ă©tĂ© suscitĂ© comme Sauveur Ă IsraĂ«l » 2 Rois 13 5. JĂ©roboam II, troisiĂšme gĂ©nĂ©ration, tout mauvais roi quâil fĂ»t, avait Ă©tĂ© Ă©galement honorĂ© du titre de Sauveur du peuple 2 Rois 14 27. DĂšs lors cependant, IsraĂ«l Ă©tait jugĂ©, mais il manquait encore la quatriĂšme gĂ©nĂ©ration de JĂ©hu pour accomplir la promesse, faite Ă ce dernier par lâĂternel. Ă la mort de JĂ©roboam, les dix tribus traversĂšrent une pĂ©riode dâinterrĂšgne dont la prophĂ©tie dâOsĂ©e porte les traces. Mais ce que lâĂternel avait promis devait nĂ©cessairement avoir lieu. Au bout de onze ans dâinterrĂšgne, Zacharie, quatriĂšme descendant de JĂ©hu, sâassit sur le trĂŽne dâIsraĂ«l, mais ne rĂ©gna que six mois et mourut de mort violente 2 Rois 15 8-12. Ainsi sâaccomplissait Ă la fois la parole de lâĂternel Ă JĂ©hu et le jugement dĂ©finitif sur les dix tribus. DĂ©jĂ , du temps de JĂ©roboam II, ce jugement Ă©tait consommĂ© dans les dĂ©crets de Dieu. Les cinq souverains qui se succĂ©dĂšrent sur le trĂŽne depuis Zacharie jusquâĂ la transportation des dix tribus ne comptent pas pour le prophĂšte, malgrĂ© le long rĂšgne de deux dâentre eux. OsĂ©e prophĂ©tise sur IsraĂ«l, alors que dĂ©jĂ le sort du peuple est invariablement fixĂ© par lâĂternel. Celui-ci tient sa promesse Ă JĂ©hu, mais juge dĂ©finitivement la maison dâIsraĂ«l, Ă commencer par JĂ©hu 1 4. Pour un temps Juda, sous quelques rois fidĂšles, marche encore avec son Dieu et les vrais saints », quoique, de fait, la ruine des deux tribus soit dĂ©jĂ complĂšte 12 1. Aussi, comme nous le verrons, chaque fois que Juda est mentionnĂ©, câest pour montrer que, si son jugement est retardĂ©, il nâest pas Ă©loignĂ© et atteindra sĂ»rement la maison de David. VoilĂ donc ce qui nous semble expliquer pourquoi OsĂ©e, prophĂšte dâĂphraĂŻm, nous est prĂ©sentĂ© comme prĂ©disant sous le rĂšgne des rois de Juda, et passe sous silence tous les rois dâIsraĂ«l, sauf JĂ©roboam. Ce dernier Ă©tait encore un Sauveur ». AprĂšs lui, tout nâest plus que dĂ©sordre, meurtres et anarchie. v. 2-5. â En un temps oĂč la parole de Dieu nâa plus de puissance sur le coeur du peuple, pour le convaincre et le ramener, lâĂternel lâaccompagne de signes visibles, symboliques, propres Ă atteindre la conscience et au sens desquels personne ne peut se soustraire. LâĂternel dit Ă OsĂ©e Va, prends-toi une femme prostituĂ©e et des enfants de prostitution ; car le pays sâest entiĂšrement prostituĂ© en abandonnant lâĂternel ». Il faut que le prophĂšte de lâĂternel, lâhomme qui reprĂ©sente Dieu lui-mĂȘme devant le peuple, contracte une alliance dĂ©shonorante. IsraĂ«l ne comprendra-t-il pas que la prostitution est sa condition actuelle ? Il avait abandonnĂ© lâĂternel, trahi ses engagements avec son mari ; et cependant les relations dâune alliance lĂ©gitime subsistaient encore. Y avait-il rien de plus honteux pour le prophĂšte ? Mais combien plus pour lâĂternel lui-mĂȘme ! En outre, non seulement le prophĂšte ou Dieu Ă©tait dĂ©shonorĂ©, mais les enfants issus de cette union ne pouvaient sâappeler que des enfants de prostitution. Jamais la souillure ne peut ĂȘtre amĂ©liorĂ©e, mĂȘme alliĂ©e avec la puretĂ© la plus parfaite. Si la saintetĂ© du prophĂšte, sous la conduite de lâ Esprit de Dieu, nâen Ă©tait nullement altĂ©rĂ©e, lâimpuretĂ© de son Ă©pouse Ă©tait dĂ©cuplĂ©e par le fait quâelle nâavait eu aucun Ă©gard Ă cette saintetĂ© ; mais il Ă©tait dĂ©sormais impossible que Dieu nâen prĂźt pas connaissance, si, le fait une fois constatĂ©, Il ne voulait pas renier Sa saintetĂ©. Le jugement devenait donc une nĂ©cessitĂ©, Ă moins que Dieu nâabandonnĂąt son caractĂšre. Cette vĂ©ritĂ© est de tous les temps. AprĂšs IsraĂ«l, lâĂglise, en tant quâĂpouse responsable de Christ, a suivi le mĂȘme chemin, sâest prostituĂ©e, et tombera sous le mĂȘme jugement, bien plus terrible toutefois que celui dâIsraĂ«l, puisquâil sera proportionnĂ© aux grĂąces quâelle a reçues. IsraĂ«l a manquĂ© sous la loi ; lâĂglise responsable a manquĂ© sous la grĂące. Mais IsraĂ«l, aprĂšs sa dĂ©fection sous lâĂ©conomie de la loi, retrouvera, sous la nouvelle alliance, la grĂące quâil nâavait jamais connue ; lâĂglise ne la retrouvera pas, car, aprĂšs la grĂące, manifestation suprĂȘme du caractĂšre de Dieu, il ne lui reste plus de ressource, ni dâautre issue, que le jugement. LâĂglise est en voie de devenir la grande prostituĂ©e », la mĂšre de toutes les abominations de la terre qui aura pour fin cette sentence Elle est tombĂ©e, elle est tombĂ©e, Babylone la grande ! » Apoc. 17 1, 5; 18 2. OsĂ©e prend donc pour femme Gomer, dont la conduite est lâimage de celle du peuple. Elle est fille de DiblaĂŻm, qui signifie double embrassement ». Ce nom semble ĂȘtre une allusion. DĂšs son origine, IsraĂ«l avait Ă©tĂ© soumis Ă deux influences contraires, celle de la chair et celle de la saintetĂ© de Dieu. Un mĂ©lange â une chose ni tout Ă fait bonne, ni tout Ă fait mauvaise â pouvait-il en ĂȘtre le rĂ©sultat ? Impossible ! La corruption nâhĂ©rite pas de lâincorruptibilitĂ© ». Le premier fils de Gomer est JizreĂ«l. Appelle », dit lâĂternel, son nom JizreĂ«l, car encore un peu de temps et je visiterai le sang de JizreĂ«l sur la maison de JĂ©hu, et je ferai cesser le royaume de la maison dâIsraĂ«l ; et il arrivera, en ce jour-lĂ , que je briserai lâarc dâIsraĂ«l dans la vallĂ©e de JizreĂ«l » v. 4. Ce nom rappelle le meurtre, commis par JĂ©hu, sur Achazia, roi de Juda et ses quarante-deux frĂšres 2 Rois 9-10. Dieu avait approuvĂ© JĂ©hu en ce quâil avait fait Ă la maison dâAchab et lui en avait mĂȘme accordĂ© la rĂ©compense. Ce nâest quâenviron quatre-vingts ans aprĂšs que nous apprenons ce que Dieu pensait du meurtre des fils de Juda. Ce principe est trĂšs instructif quant aux voies de Dieu. En tant quâil sert Ă lâaccomplissement des conseils de Dieu, lâhomme peut ĂȘtre approuvĂ© de Lui, quels que soient les motifs secrets de son coeur, si toutefois il ne sâoppose pas Ă cet accomplissement. Mais les motifs secrets qui lâont fait agir, quand il semblait ne travailler que pour Dieu, seront un jour mis en lumiĂšre et la violence ou lâhypocrisie se cachant sous le manteau de lâobĂ©issance nâĂ©chapperont pas plus dans le jour du jugement quâils nâĂ©chappent aujourdâhui Ă Son regard. Il arrive un temps oĂč la patience de Dieu prend fin. Les motifs du coeur de JĂ©hu, quâil savait si bien cacher aux yeux du fidĂšle Jonadab, en les parant du nom de zĂšle pour lâĂternel » 2 Rois 10 15, 16, sont maintenant mis Ă dĂ©couvert. Les meilleurs pouvaient sây tromper, mais on ne trompe pas Dieu. Des annĂ©es sâĂ©coulent, le jour et lâheure de la rĂ©tribution arrivent, lentement peut-ĂȘtre, mais dâun pas certain et inĂ©vitable. Nâen avait-il pas Ă©tĂ© de mĂȘme dans lâaffaire de SaĂŒl et des Gabaonites ; il semblait, aprĂšs tant dâannĂ©es, que Dieu eĂ»t oubliĂ© ce quâil nâavait pas mĂȘme enregistrĂ©. La famine de trois ans vint dĂ©tromper IsraĂ«l 2 Sam. 21. Le nom de JizreĂ«l est synonyme ici de brisement lâarc dâIsraĂ«l sa puissance sera brisĂ© dans la vallĂ©e de JizreĂ«l. Avec la maison de JĂ©hu le royaume des dix tribus a cessĂ© virtuellement et Dieu ne tient plus compte de ce qui reste. Mais la royautĂ© nâĂ©tait pas seule en question. Dans quel Ă©tat se trouvait la nation elle-mĂȘme sous les successeurs de JĂ©hu ? Gomer enfante une fille et Dieu dit Appelle son nom Lo-Rukhama elle nâa pas obtenu misĂ©ricorde, car je ne ferai plus misĂ©ricorde Ă la maison dâIsraĂ«l pour leur pardonner encore » v. 6. La coupe Ă©tait comble ; Ă lâĂ©gard dâIsraĂ«l, il nây avait plus lieu Ă repentance de la part de lâĂternel ; cependant il voulait encore faire misĂ©ricorde Ă la maison de Juda et les sauver » â ce quâil avait fait en vain par deux fois, comme nous lâavons vu, Ă lâĂ©gard de la maison dâIsraĂ«l â car la sentence dĂ©finitive nâĂ©tait pas encore prononcĂ©e sur la race de David. Gomer a un second fils. Dieu dit Appelle son nom Lo-Ammi pas mon peuple, car vous nâĂȘtes pas mon peuple et je ne serai pas Ă vous » v. 9. Ainsi tout lien avec Dieu est rompu. IsraĂ«l est rejetĂ© et remarquons que Dieu ne fait plus une exception en faveur de Juda, comme il lâa faite pour Lo-Rukhama. La sentence sâĂ©tend ici au delĂ dâĂphraĂŻm. Dans le moment mĂȘme oĂč elle est prononcĂ©e, les relations vitales de tout le peuple sont dĂ©jĂ rompues. Elles feront bientĂŽt place aux simples voies de la Providence de Dieu, comme nous les voyons au livre dâEsther, jusquâau jour du rĂ©tablissement dâIsraĂ«l. Avec cette sentence Vous nâĂȘtes pas mon peuple », il semble que tout soit dĂ©finitivement terminĂ©. Sans doute, si Dieu nâĂ©tait pas Dieu, et si sa gloire voulait ĂȘtre fondĂ©e sur ses jugements au lieu dâĂȘtre Ă©tablie sur sa grĂące. Dieu est un juge et les pĂ©cheurs sont affreusement coupables de nâen pas tenir compte, mais Il est aussi le Dieu des promesses et ces promesses sont sans repentance. On le voit bien ici, au v. 10, Ă lâĂ©gard dâIsraĂ«l Cependant le nombre des fils dâIsraĂ«l sera comme le sable de la mer, qui ne se peut mesurer ni nombrer ». Le prophĂšte, chose remarquable, ne remonte pas aux promesses faites Ă Jacob IsraĂ«l Ă BĂ©thel Ta semence sera comme la poussiĂšre de la terre » Gen. 28 14 â mais Ă celles quâil fit Ă Abraham Ă la suite du sacrifice dâIsaac Je multiplierai abondamment ta semence⊠comme le sable qui est sur le bord de la mer » Gen. 22 17, promesse que Jacob lui-mĂȘme rappelle Ă lâĂternel avant de passer le guĂ© de Jabbok Tu as dit Certes, je te ferai du bien et je ferai devenir ta semence comme le sable de la mer, qui ne se peut nombrer Ă cause de son abondance » Gen. 32 12. Câest en vertu du sacrifice de Christ que la grĂące de Dieu triomphera Ă la fin, et sur ce sacrifice que lâĂternel Ă©tablit ses promesses immuables. La loi, venue si longtemps aprĂšs, ne peut les annuler. Le Dieu des promesses ne peut mentir, ni dĂ©savouer Christ, lâIsaac ressuscitĂ©, en qui elles sont toutes Oui et Amen ». Mais le prophĂšte mentionne encore une promesse bien plus merveilleuse que celle du sable de la mer » Et il arrivera que, dans le lieu oĂč il leur a Ă©tĂ© dit Vous nâĂȘtes pas mon peuple, il leur sera dit Fils du Dieu vivant ». Ce passage a trait aux nations et non pas Ă IsraĂ«l, comme lâEsprit de Dieu nous lâenseigne en Rom. 9. Nâest-il pas remarquable que, sans cet enseignement, nous nâaurions jamais dĂ©couvert, dans ce verset, la pensĂ©e de Dieu au sujet des gentils ? En Rom. 9 24-26, lâapĂŽtre cite deux passages dâOsĂ©e pour montrer que Dieu a appelĂ© des vaisseaux de misĂ©ricorde⊠savoir nous, non seulement dâentre les Juifs, mais aussi dâentre les nations ». Le premier de ces passages est pris en OsĂ©e 2 23 Jâappellerai mon peuple, celui qui nâĂ©tait pas mon peuple et bien-aimĂ©e celle qui nâĂ©tait point bien-aimĂ©e ». Ces paroles se rapportent exclusivement Ă IsraĂ«l ; lâapĂŽtre Pierre, sâadressant Ă des Juifs convertis, les emploie Ă leur sujet Vous qui autrefois nâĂ©tiez pas un peuple, mais qui maintenant ĂȘtes le peuple de Dieu ; vous qui nâaviez pas obtenu misĂ©ricorde, mais qui maintenant avez obtenu misĂ©ricorde » l Pierre 2 10. Pierre montre Ă ces chrĂ©tiens sortis du judaĂŻsme que ce qui Ă©tait promis pour lâavenir Ă leur nation, eux le possĂ©daient maintenant ; quâils avaient le droit de sâappeler le peuple de Dieu, et avaient des relations avec Dieu fondĂ©es sur sa grĂące gratuite. Le second passage de Rom. 9 est tirĂ© dâOsĂ©e 1 10. Câest celui qui nous occupe Il arrivera », dit lâapĂŽtre, quâau lieu oĂč il leur a Ă©tĂ© dit Vous nâĂȘtes point mon peuple, lĂ ils seront appelĂ©s fils du Dieu vivant ». Dans lâavenir, les fils dâIsraĂ«l apprendront que Dieu sâest suscitĂ© Ă leur place un peuple nouveau, ayant un titre nouveau Fils du Dieu vivant ». Ce nom me semble avoir une portĂ©e toute spĂ©ciale. Dans lâAncien Testament le nom du Dieu vivant, du Dieu dâIsraĂ«l possĂ©dant la vie en lui-mĂȘme, semble ĂȘtre en contraste avec les dieux sans vie, idoles des nations. Dans le Nouveau Testament, Christ est le Fils du Dieu vivant Matt. 16 16; Rom. 1 4, dĂ©clarĂ© tel par la rĂ©surrection dâentre les morts. En vertu de cette rĂ©surrection et par la descente du Saint Esprit, le chrĂ©tien possĂšde la mĂȘme relation avec Dieu que son Seigneur et Sauveur. Il est fils de Dieu, du Dieu vivant. Telle me semble ĂȘtre la portĂ©e de ce passage. Il sâadresse aux nations dont nous faisons partie, et proclame la nouvelle relation dans laquelle elles entreront avec Dieu par un Christ ressuscitĂ©. Sans doute le prophĂšte ne va pas jusquâau mystĂšre de lâĂglise, inconnu de lâAncien Testament, mais nous pouvons dire que ce mystĂšre est cachĂ© ici dans ces mots le Dieu vivant », titre connu de tous les prophĂštes, mais rĂ©vĂ©lĂ© ici pour le temps futur oĂč, sur lui, le Seigneur bĂątira son AssemblĂ©e. Et les fils de Juda et les fils dâIsraĂ«l se rassembleront, et sâĂ©tabliront un chef, et monteront du pays ; car la journĂ©e de JizreĂ«l est grande » v. 11. De la bĂ©nĂ©diction des nations, le prophĂšte passe au rassemblement futur de tout IsraĂ«l. Juda, avec lequel Dieu patientait encore, devait ĂȘtre dispersĂ© aprĂšs les dix tribus, mais il nâen sera pas toujours ainsi. Si le but de la croix, de rassembler en un les enfants de Dieu dispersĂ©s, a Ă©chouĂ© quant Ă IsraĂ«l, le temps viendra oĂč ce dessein sâaccomplira. Juda et IsraĂ«l ou les dix tribus sâĂ©tabliront un seul chef ; ils reconnaĂźtront ensemble la seigneurie du Christ que Juda avait rejetĂ©. Alors ces frĂšres ennemis vivront unis avec leur Chef, souverain sacrificateur et Roi sur son trĂŽne, devenu dĂ©sormais leur Conducteur. Ils monteront du pays ». Le sens de cette parole me paraĂźt ĂȘtre quâils monteront de la terre de Canaan comme une moisson abondante, car, ajoute immĂ©diatement le prophĂšte, la journĂ©e de JizreĂ«l est grande ». Alors JizreĂ«l, lieu du massacre et de la rĂ©tribution v. 5, recevra sa vraie signification Dieu sĂšme » cf. 2 23. Il sĂšme et la moisson lĂšvera, mais seulement aprĂšs que le jugement du peuple aura Ă©tĂ© consommĂ©. DĂšs que la journĂ©e de JizreĂ«l est introduite par Dieu lui-mĂȘme, elle ne peut ĂȘtre quâen bĂ©nĂ©diction ; oĂč Lui a semĂ©, la moisson ne peut ĂȘtre quâinfiniment grande. Autrefois, sous JĂ©hu, lâhomme avait semĂ©, et rĂ©coltĂ© la tempĂȘte ; mais quand Dieu sĂšmera il rĂ©coltera un peuple bien uni, le fruit mĂ»r de son oeuvre, rassemblĂ© sous un Chef divin. Alors on pourra dire, en effet La journĂ©e de JizreĂ«l est grande ! * * Câest du moins lâexplication que je propose de ce passage qui a reçu plusieurs interprĂ©tations. Voir pour la mĂȘme signification du mot monter chap. 10 8. SâĂ©tablir un chef et monter ne se lient point, selon moi, dans ce passage. Nous avons donc trouvĂ© dans ce chapitre un rĂ©sumĂ© important du passĂ© et de lâavenir dâIsraĂ«l et de Juda. Toute la prophĂ©tie de lâAncien Testament y est condensĂ©e en quelques mots. Les promesses de Dieu ; le peuple sous la loi abandonnant lâĂternel ; le jugement qui en est la consĂ©quence ; la rupture de toute relation entre Dieu et le peuple ; la cessation de ses voies de misĂ©ricorde envers lui ; lâalliance lĂ©gale ayant Ă©tĂ© rompue par IsraĂ«l ; â lâentrĂ©e des nations dans les bĂ©nĂ©dictions de la nouvelle alliance, comme fruit de la rĂ©surrection du Christ quâIsraĂ«l avait rejetĂ©, â mais ensuite la reprise des relations de Dieu avec IsraĂ«l, lorsque le Christ ressuscitĂ© devient Chef de son peuple, le rĂ©unit en un aprĂšs sa dispersion, et fait lever une moisson abondante sur la terre renouvelĂ©e. - Chapitre 2 Dieu rejette IsraĂ«l et lâintroduit par la repentance dans les bĂ©nĂ©dictions millĂ©naires. Le premier verset de ce chapitre Dites Ă vos frĂšres Ammi ! et Ă vos soeurs Rukhama ! » semble se rapporter Ă lâespĂ©rance donnĂ©e Ă IsraĂ«l, Ă la fin du premier chapitre. Câest comme si le prophĂšte disait Dans le jour actuel il est possible de rĂ©aliser le caractĂšre dâun RĂ©sidu. Mais il y aura, en un temps futur, non encore dĂ©terminĂ©, des fidĂšles qui se reconnaĂźtront, les uns les autres, comme Ă©tant le peuple de Dieu et comme ayant obtenu misĂ©ricorde. Seulement ces fidĂšles, unis dans lâheureuse pensĂ©e dâappartenir Ă lâĂternel et dâĂȘtre en faveur auprĂšs de Lui, plaideront contre leur mĂšre » v. 2, la femme prostituĂ©e, IsraĂ«l apostat, qui nâest pas la femme de lâĂternel et dont il nâest pas le mari ». Eux sont issus de Dieu, puisque lâEsprit de prophĂ©tie le prophĂšte les a engendrĂ©s, mais, obligĂ©s de reconnaĂźtre quâIsraĂ«l idolĂątre est leur mĂšre, ils entrent en procĂšs avec elle pour revendiquer leur droit Ă la saintetĂ© de Dieu. Une derniĂšre fois ce pauvre peuple est sommĂ© par ses enfants eux-mĂȘmes qui appartiennent Ă lâĂternel, de revenir de sa mauvaise voie, sinon Dieu le mettra Ă nu, lui ĂŽtera tous les privilĂšges quâil lui avait accordĂ©s et le laissera dans lâhorreur de sa prostitution, objet dâun jugement sans rĂ©mission v. 3. Ses enfants mĂȘme, en tant quâils ne prennent pas le caractĂšre du RĂ©sidu, seront Lo-Rukhama je ne ferai pas misĂ©ricorde, car ils sont le fruit de sa prostitution. Ainsi il y aura, comme descendant dâIsraĂ«l, des enfants nĂ©s de la prostitution et des enfants nĂ©s de Dieu, ceux dont il est dit Sortez du milieu dâelle, soyez purs, vous qui portez les vases de lâĂternel », et vous me serez pour fils et pour filles, dit le Seigneur, le Tout-Puissant » ĂsaĂŻe 52 11; 2 Cor. 6 18. Cet abandon de Dieu est, chez IsraĂ«l, le fruit dâune volontĂ© sans frein qui pousse le coeur vers ses convoitises et le met en opposition avec Dieu Jâirai aprĂšs mes amants qui mâont donnĂ© mon pain et mon eau, ma laine et mon lin, mon huile et ma boisson » v. 5, comme si ces choses appartenaient au peuple infidĂšle, par la libĂ©ralitĂ© du monde dont il voulait les recevoir ! â Jâirai ! » Combien cette propre volontĂ© diffĂšre de la volontĂ© de Rebecca, interrogĂ©e par ses parents, et qui leur rĂ©pond aussi Jâirai. Quâimportent la fatigue, les privations, le dĂ©sert sans pain, sans eau, sans huile et sans vin. Jâirai ! Aucun avantage pour compenser ceux de la maison paternelle, rien qui rĂ©ponde aux habitudes ou aux aspirations de son coeur ; dans ce dĂ©sert tout est contre elle, et cependant elle dit Jâirai ! Câest quâelle a devant elle un personnage en qui elle a mis sa confiance, en qui elle croit, quoiquâelle ne le voie pas, et quâelle aime sans le voir Isaac. Pour lâatteindre, sous la conduite du Saint Esprit qui ne lâabandonnera pas dans le dĂ©sert, elle consent Ă laisser les affections les plus chĂšres, le toit familial, Ă endurer toutes les privations. Elle veut arriver Ă lui, comme une vierge pure et chaste, digne objet de son affection. Remarquez cependant que ce nâest pas Rebecca qui choisit Isaac comme Ă©poux. Câest lui qui lâa choisie et qui, avant quâelle se voue tout entiĂšre Ă lui, lui a donnĂ© les arrhes de son propre amour. Tel est le premier amour, lâamour de lâĂpoux sâemparant du coeur de lâĂpouse pour lâattirer au devant de lui. IsraĂ«l avait trouvĂ© cet amour au dĂ©but de sa carriĂšre, quand, rachetĂ© dâĂgypte, il marchait dans le dĂ©sert aprĂšs lâĂternel JĂ©r. 2 1-3. Il lâa perdu pour aller aprĂšs ses amants » v. 5. Il ne le retrouvera plus tard que sur le chemin de la repentance v. 14-17. Combien IsraĂ«l, la prostituĂ©e, diffĂšre de Rebecca ! IsraĂ«l dit Jâirai aprĂšs mes amants », lâAssyrie et lâĂgypte. Elle se donne Ă eux pour les avantages terrestres quâelle pense retirer de ce commerce. Elle ne voit pas que, mĂȘme ces avantages temporels lui viennent de Dieu Elle ne sait pas que câest moi qui lui ai donnĂ© le blĂ©, et le moĂ»t, et lâhuile ». Et, chose pire encore, des richesses que Dieu lui donne elle se fait des idoles Je lui ai multipliĂ© aussi lâargent et lâor â ils lâont employĂ© pour Baal » v. 8. Mais le CrĂ©ateur lui retirera ses dons, et elle verra sâils venaient de ses amants Câest pourquoi je reprendrai mon blĂ© en son temps, et mon moĂ»t en sa saison ; et jâĂŽterai ma laine et mon lin qui devaient couvrir sa nuditĂ© ». Dieu lui enlĂšve les biens de la terre v. 9 ; elle est humiliĂ©e aux yeux des nations v. 10. Les fĂȘtes solennelles, tous les dehors de son culte, lui sont ĂŽtĂ©es v. 11 ; les signes de la faveur de lâĂternel, la joie et lâabondance terrestres, lui sont retirĂ©s ; elle devient la proie de ses ennemis v. 12. Dieu se vengera de son idolĂątrie, car elle mâa oubliĂ©, dit lâĂternel ! » v. 13. Ce tableau de lâĂ©tat dâIsraĂ«l est aussi celui de lâĂ©tat actuel de la profession chrĂ©tienne. On recherche le monde et ses avantages, ses richesses et sa prospĂ©ritĂ©, les douceurs de lâexistence quâil nous procure, sans sâenquĂ©rir du Dieu auquel ces choses appartiennent, et on les fait servir Ă la satisfaction de ses convoitises, au lieu de tout abandonner pour suivre JĂ©sus. Parfois, lâĂąme dĂ©sabusĂ©e, voyant que ses amants » ne lui offrent plus ce quâelle dĂ©sire, et aprĂšs avoir poursuivi en vain les choses par lesquelles Satan lâa leurrĂ©e, sâĂ©crie Jâirai et je mâen retournerai Ă mon premier mari ; car alors jâĂ©tais mieux que maintenant » v. 7. Ne nous y trompons pas, ce nâest pas la description de ce qui se passe dans le coeur du fils prodigue Je me lĂšverai et mâen irai vers mon pĂšre ». Heureux ceux qui, sous le poids de leurs dĂ©sillusions et de leur misĂšre, ont enfin senti quâil nây avait pour eux de ressource que dans les bras du PĂšre quâils avaient dĂ©shonorĂ©, et qui retournent Ă lui, repentants, et lui disant Jâai pĂ©chĂ© contre le ciel et devant Toi ! » â Mais ici nous ne trouvons aucune repentance. La lassitude, le dĂ©couragement, la nausĂ©e du pĂ©chĂ©, peuvent pousser les Ăąmes vers la religion, et leur faire dĂ©sirer un changement, mais il ne peut ĂȘtre obtenu que sur le chemin de la repentance. Ici, lâhorreur des idoles ne remplit pas encore le coeur dâIsraĂ«l. Il ne se doute pas quel personnage effroyable se cache derriĂšre les Baals. En apparence une idole nâest rien ; les hommes cherchent Ă se persuader quâil est bien indiffĂ©rent de se livrer Ă ses convoitises, pourvu quâelles nâappartiennent pas au groupe des choses dĂ©gradantes, mais se doutent-ils que les dĂ©mons sont cachĂ©s derriĂšre chacun des objets de leurs dĂ©sirs ? 1 Cor. 10 20. Nous lâavons dit les paroles dâIsraĂ«l, au v. 7, ne sont pas rĂ©ellement la repentance. Le dĂ©goĂ»t, le vide que laissent les convoitises, jamais satisfaites par la possession des choses dĂ©sirĂ©es, lâespoir de trouver mieux que cela en se tournant vers Dieu, la rĂ©solution dâen finir, ne sont pas encore le vrai Jâirai » du fils prodigue. Il faut, comme lui, se lever et sâen aller vers son pĂšre. IsraĂ«l ne le fait pas ici ; il dit simplement JâĂ©tais mieux que maintenant ». La pensĂ©e dâavoir pĂ©chĂ© contre lâĂternel ne monte pas dans son coeur, et, de fait, ce qui nous convertit, câest la conviction dâavoir offensĂ© lâamour de Dieu au moment mĂȘme oĂč il avait tout fait pour nous. Mais il arrive un moment oĂč Dieu ĂŽte tout, mĂȘme les formes religieuses v. 11 quâIsraĂ«l accordait avec le culte des dĂ©mons et lâimpuretĂ©. Il en sera de mĂȘme de la chrĂ©tientĂ©, ces formes y subsistent encore aujourdâhui, mais seront bientĂŽt englouties dans lâapostasie gĂ©nĂ©rale et, dĂšs lors, le Dieu auquel on a si lĂ©gĂšrement tournĂ© le dos sera introuvable ! Cependant, au milieu de toutes ces ruines, Dieu a des vues de grĂące envers IsraĂ«l et nous les trouvons dans les v. 14 Ă 17. Câest pourquoi, voici, moi, je lâattirerai, et je la mĂšnerai au dĂ©sert, et je lui parlerai au coeur ; et de lĂ je lui donnerai ses vignes, et la vallĂ©e dâAcor pour une porte dâespĂ©rance ; et lĂ elle chantera comme dans les jours de sa jeunesse et comme au jour oĂč elle monta du pays dâĂgypte. Et il arrivera, en ce jour-lĂ , dit lâĂternel, que tu mâappelleras Mon mari, et tu ne mâappelleras plus Mon maĂźtre mon Baal. Et jâĂŽterai de sa bouche les noms des Baals, et on ne se souviendra plus de leur nom ». â Ce sera comme un renouveau, un recommencement de lâhistoire dâIsraĂ«l câest-Ă -dire des dix tribus qui sont spĂ©cialement en vue dans ce passage. Dâabord Dieu lui-mĂȘme lâattirera aprĂšs Lui dans le dĂ©sert pour le bĂ©nir. Le peuple retrouvera ce quâil avait eu autrefois quand la fraĂźcheur du premier amour lâattirait, Ă sa sortie dâĂgypte, aprĂšs son Ăpoux dans une terre inhabitĂ©e JĂ©r. 2 1-3. HĂ©las ! ce premier amour avait Ă©tĂ© abandonnĂ© pour la recherche des idoles, des Baals dont IsraĂ«l avait fait ses maĂźtres. Nây avait-il donc plus aucun espoir de le retrouver ? Aucun pour lâensemble du peuple, pas plus que pour lâensemble de lâĂglise professante de nos jours. Mais un RĂ©sidu pourra retrouver ce premier amour, cette bienheureuse communion avec le Mari dâIsraĂ«l. IsraĂ«l fĂ»t-il comme le sable de la mer, un rĂ©sidu seulement reviendra ». Ce RĂ©sidu sera Ă©prouvĂ©, jugĂ©, purifiĂ© dans le dĂ©sert, pour retrouver le chemin de la bĂ©nĂ©diction et rentrer en possession de son pays ĂsaĂŻe 11 11-16; 27 12, 13; ĂzĂ©ch. 2010-38; Zach. 10 7-12; Soph. 3 10. Dans cette Ă©preuve un grand nombre de ceux qui sâĂ©taient mis en route avec le RĂ©sidu sera jugĂ© et ne verra jamais le pays de la promesse ; ce sera la rĂ©pĂ©tition de lâhistoire du peuple de jadis, dont les corps tombĂšrent dans le dĂ©sert. Mais, de mĂȘme quâautrefois, un RĂ©sidu sera sauvĂ© ; lâĂternel parlera Ă son coeur ». ĂphraĂŻm retrouvera ses vignes v. 15, mais non plus comme au temps passĂ© oĂč il cherchait sa joie dans lâivresse ; â et combien de fois lâivrognerie dâĂphraĂŻm nâest-elle pas mentionnĂ©e par les prophĂštes ? ĂsaĂŻe 28 1-4, etc. â il retrouvera sa joie dans la communion avec son Dieu. Je lui donnerai ses vignes », dit lâĂternel ; cette restauration sera due entiĂšrement Ă la grĂące ; le Seigneur se servira des souffrances du dĂ©sert pour produire ce rĂ©sultat. Mais, comme toute restauration, elle ne pourra avoir lieu sans un travail de repentance. Le premier amour perdu ne peut ĂȘtre retrouvĂ© que par ce chemin-lĂ . Il en a Ă©tĂ©, il en est, il en sera toujours ainsi pour toute conversion vĂ©ritable ; aussi trouvons-nous ici Je lui donnerai la vallĂ©e dâAcor pour une porte dâespĂ©rance ». La vallĂ©e dâAcor JosuĂ© 7 19-26, câest-Ă -dire la vallĂ©e du trouble, le jugement du mal, Ă©tait le lieu oĂč Acan qui avait amenĂ©, par lâinterdit, le trouble sur IsraĂ«l, avait Ă©tĂ© lapidĂ©, puis brĂ»lĂ©, lui, ses fils et ses filles, tout son bĂ©tail, ainsi que lâinterdit quâil sâĂ©tait appropriĂ©, afin de dĂ©tourner dâIsraĂ«l lâardeur de la colĂšre de lâĂternel. Cette vallĂ©e du trouble, dont la solennitĂ© atteint la conscience dâĂphraĂŻm quand il assiste, pendant le voyage, au jugement terrible de lâĂternel sur le peuple dont il fait partie, devient pour le RĂ©sidu une porte dâespĂ©rance et ouvre lâissue Ă la dĂ©livrance finale. Alors, et seulement alors, lâheure dâune seconde jeunesse aura sonnĂ© pour les dix tribus. Elle lâĂpouse chantera comme dans les jours de sa jeunesse et comme au jour oĂč elle monta du pays dâĂgypte ». Le RĂ©sidu dâIsraĂ«l comprendra de nouveau la douceur des liens dâamour qui lâunissent Ă lâĂternel, la douceur de pouvoir lâappeler Mon Mari », et de ne plus lâappeler Mon MaĂźtre », nom que les dix tribus donnaient aux Baals, car MaĂźtre et Baal sont le mĂȘme mot. Elles sâĂ©taient livrĂ©es Ă Baal, au dĂ©mon cachĂ© derriĂšre lâidole, maintenant elles ont oubliĂ© jusquâĂ son nom v. 17. Quelle grĂące ! Comme lâĂternel, en ce jour-lĂ , ne se souviendra plus des iniquitĂ©s dâIsraĂ«l, IsraĂ«l ne se souviendra plus du nom de ses faux dieux ! Le passĂ©, lâesclavage de Satan, aura disparu pour faire place au renouvellement des heureuses relations avec Dieu, si longtemps mĂ©connu, si longtemps mĂ©prisĂ©. Cet avenir dâĂphraĂŻm est pour nous, chrĂ©tiens, le prĂ©sent. Dieu nous dit lui-mĂȘme quâIl ne se souviendra plus jamais de nos pĂ©chĂ©s, ni de nos iniquitĂ©s, et, en vertu du sang de Christ versĂ© pour nous, nous pouvons nous prĂ©senter devant Lui, sans aucune conscience de pĂ©chĂ©. Ces heureuses certitudes attachent nos coeurs Ă Celui auquel nous devons nos bĂ©nĂ©dictions. Le connaĂźtre, Lui, devient la source de toutes nos joies et de toute notre activitĂ©. Câest le premier amour. Lâavons-nous perdu ? Retrouvons-le promptement par une libre repentance, sinon Dieu, pour nous le faire retrouver, produira dans nos coeurs cette repentance sur le chemin de ses jugements ! Câest seulement aprĂšs le travail de repentance que sâouvre devant IsraĂ«l la scĂšne merveilleuse des bĂ©nĂ©dictions du rĂšgne millĂ©naire v. 18-23. En ce jour-là » v. 18, lâĂternel apaisera tous les instruments de ses jugements contre son peuple les bĂȘtes sauvages, les oiseaux de proie, les serpents venimeux ; il ĂŽtera, en les brisant, lâarc et lâĂ©pĂ©e, et la guerre », tous les ennemis divers que Dieu avait si souvent suscitĂ©s pour chĂątier cette nation. IsraĂ«l reposera en sĂ©curitĂ© ». Ce peuple qui avait fermĂ© lâoreille Ă son Messie quand il venait lui dire Je vous donnerai du repos », trouvera enfin le repos par la repentance, et Ă travers la tribulation. Et je te fiancerai Ă moi pour toujours ; et je te fiancerai Ă moi en justice, et en jugement, et en bontĂ©, et en misĂ©ricorde ; et je te fiancerai Ă moi en vĂ©ritĂ© ; et tu connaĂźtras lâĂternel » v. 19, 20. IsraĂ«l connaĂźt dĂ©sormais lâĂternel, car ses fiançailles dĂ©pendent entiĂšrement de Sa grĂące. La justice est dĂ©sormais insĂ©parable de la misĂ©ricorde. Le peuple entre en relation avec Dieu sur le pied dâune justice basĂ©e sur le jugement, et dâune misĂ©ricorde fondĂ©e sur lâamour. Câest ce que nous, chrĂ©tiens, nous avons trouvĂ© Ă la croix de Christ ; ce sera la part dâIsraĂ«l en un jour futur ; ce sera le fondement du rĂšgne glorieux de Christ sur la terre La justice et le jugement sont les bases de ton trĂŽne ; la bontĂ© et la vĂ©ritĂ© marchent devant ta face » Ps. 89 14. Et je te fiancerai Ă moi en vĂ©ritĂ© » v. 20. La repentance dâIsraĂ«l lâamĂšnera Ă des rapports avec Dieu, non seulement en justice et en grĂące, mais aussi en vĂ©ritĂ©, câest-Ă -dire selon le caractĂšre quâil donnera Ă son peuple pour quâil puisse entrer en relation avec Lui. Ce caractĂšre dĂ©pend entiĂšrement de la grĂące, car câest dâelle seule que provient ce que nous sommes devant Dieu, et ce quâIsraĂ«l sera devant Lui. Et câest alors quâIsraĂ«l pourra dire Je connais lâĂternel ! v. 20. Et il arrivera, en ce jour-lĂ , que jâexaucerai, dit lâĂternel, jâexaucerai les cieux, et eux exauceront la terre, et la terre exaucera le froment et le moĂ»t et lâhuile, et eux exauceront JizreĂ«l Dieu sĂšme. Et je la sĂšmerai pour moi dans le pays, et je ferai misĂ©ricorde Ă Lo-Rukhama, et je dirai Ă Lo-Ammi Tu es mon peuple, et il me dira Mon Dieu » v. 21-23. Nous trouvons ici la plĂ©nitude des bĂ©nĂ©dictions de la terre millĂ©naire. Remarquons dans tout ce passage, depuis le v. 18, trois choses 1° Le mal, instrument extĂ©rieur du jugement, est supprimĂ© ; car, nous lâapprenons autre part, Satan qui le met en oeuvre est liĂ© pour mille ans Apoc. 20 1-3. 2° Le mal dans le coeur du peuple est ĂŽtĂ©, et remplacĂ© par un coeur nouveau et par la connaissance de Dieu. Câest la nouvelle alliance dont nous parle JĂ©rĂ©mie, fondĂ©e entiĂšrement sur la grĂące JĂ©r. 31 31-34; HĂ©b. 8 10-13. 3° La crĂ©ation, soumise autrefois Ă la servitude de la corruption », est affranchie pour jouir de la libertĂ© de la gloire des saints Rom. 8 19-22. Il y aura accord entre le ciel et la terre dans les semailles et dans les moissons. JizreĂ«l ne sera plus le lieu du meurtre et du carnage, mais correspondra Ă son nom Dieu sĂšme ». Oui, Dieu sĂšmera dans ce qui Ă©tait autrefois le lieu de la violence de lâhomme et des jugements de Dieu, et la semence tombant dans une terre prĂ©parĂ©e par Lui, portera du fruit au centuple. La bĂ©nĂ©diction du froment, du moĂ»t et de lâhuile, quâIsraĂ«l avait dâabord cherchĂ©e auprĂšs des nations v. 5, puis que Dieu lui avait ĂŽtĂ©e v. 8, 9, il la retrouvera sous le rĂšgne du MĂ©diateur, du vrai MelchisĂ©dec, qui bĂ©nira le peuple de la part de Dieu et Dieu de la part du peuple. Alors IsraĂ«l sera revenu par la foi aux bĂ©nĂ©dictions dâAbraham ; il sera semĂ© par Dieu et pour Dieu dans son pays. Lo-Ammi deviendra Mon peuple ; Lo-Rukhama deviendra Objet de misĂ©ricorde. Et IsraĂ«l dira Mon Dieu ! Il y aura confiance rĂ©ciproque, amour rĂ©ciproque, joie dĂ©bordant dans la communion avec Dieu. Toutes ces choses seront la part dâIsraĂ«l repentant et restaurĂ©. Elles appartiennent aujourdâhui aux chrĂ©tiens, en vertu de relations avec le Fils et avec le PĂšre, bien plus intimes et plus prĂ©cieuses que celles dâIsraĂ«l avec son Dieu 1 Pierre 2 10. - Chapitre 3 Dieu rejette IsraĂ«l et lui fait retrouver, par la conversion, le Christ, son vrai Roi. Le prophĂšte est appelĂ© Ă accomplir un nouvel acte symbolique. Il doit aimer une femme qui, quoique aimĂ©e dâun ami â le prophĂšte, qui symbolise ici lâĂternel, â est adultĂšre, infidĂšle aux liens obligatoires qui lâattachent Ă son ami. Il en avait Ă©tĂ© de mĂȘme pour les fils dâIsraĂ«l. LâĂternel les avait aimĂ©s, eux lâavaient abandonnĂ© pour aller aprĂšs dâautres dieux, et avaient aimĂ© les gĂąteaux de raisin » v. 1, estimant que lâadultĂšre leur fournirait cette nourriture de fĂȘte et que lâĂternel la leur refuserait. Pourtant, câĂ©tait David qui les avait distribuĂ©s au peuple, Salomon qui les donnait Ă sa bien-aimĂ©e, et la Parole ne montre pas quâils aient Ă©tĂ© distribuĂ©s par dâautres que le Roi 2 Sam. 6 19 ; 1 Chron. 16 3 ; Cant. 2 5. Il est vrai que le Roi selon les conseils de Dieu, donnait aussi Ă son peuple une nourriture plus substantielle que ce mets dĂ©licat, mais IsraĂ«l nâen tenait pas compte. Ils aiment les gĂąteaux de raisins » ; lâEnnemi leur avait fait croire quâils trouveraient une fĂȘte perpĂ©tuelle loin du Dieu quâils trahissaient. Cette erreur est de tous les temps. Le coeur naturel de lâhomme ne cherche pas toujours satisfaction dans une souillure grossiĂšre ; il veut aussi une nourriture raffinĂ©e, des joies intellectuelles Ă©levĂ©es et cherche Ă faire de sa vie une fĂȘte de lâintelligence. Pour obtenir ces choses il se tourne vers le monde et abandonne Dieu, oubliant que la vraie intelligence et les seules joies rĂ©elles ne se trouvent que dans la communion avec le Sauveur. Le prix auquel le prophĂšte achĂšte la femme adultĂšre est de fait bien minime. Le lĂ©thec dâorge fait supposer quâil avait dĂ» marchander pour se la faire cĂ©der Ă vil prix. Câest quâen effet, nâayant aucune valeur en elle-mĂȘme, lâamour seul de celui qui lâavait acquise lui donnait du prix. Mais, quoi quâil en fĂ»t, cette femme lui appartenait, parce quâil lâavait payĂ©e et avait ainsi des droits sur elle. Il pouvait, Ă sa guise, rĂ©gler lâavenir de celle-ci sur sa conduite passĂ©e Durant beaucoup de jours tu mâattendras ; tu ne te prostitueras pas, et tu ne seras Ă aucun homme ; et moi je ferai de mĂȘme Ă ton Ă©gard. Car les fils dâIsraĂ«l resteront beaucoup de jours sans roi, et sans prince, et sans sacrifice, et sans statue, et sans Ă©phod ni thĂ©raphim » v. 3, 4. CâĂ©tait ce qui devait arriver en premier lieu aux dix tribus. DĂšs leur transportation elles furent sans prince, sans idoles, sans relation avec Dieu. Il nâen fut pas de mĂȘme de Juda qui, aprĂšs la captivitĂ©, nâavait pas manquĂ© de princes et de gouverneurs, et avait conservĂ© quelques relations avec Dieu. Le sort dâĂphraĂŻm atteignit Juda aprĂšs quâil eut rejetĂ© et crucifiĂ© lâOint de lâĂternel ; dĂšs lors la condition des deux fractions du peuple fut analogue, sinon identique. Plus de roi, plus de culte, nul moyen de consulter lâĂternel ; dâautre part, plus dâidolĂątrie publique ou domestique, mais une maison balayĂ©e et parĂ©e qui nâattend plus⊠que sept dĂ©mons plus mĂ©chants que le premier Matt. 12 44. Toutefois cet Ă©tat de dĂ©solation prendra fin Ensuite, les fils dâIsraĂ«l retourneront et rechercheront lâĂternel, leur Dieu, et David, leur roi, et se tourneront avec crainte vers lâĂternel et vers sa bontĂ©, Ă la fin des jours » v. 5. IsraĂ«l se convertira, reviendra Ă Dieu, reconnaĂźtra pour Roi le Christ, le vrai David autrefois rejetĂ©. Deux choses domineront dans le coeur du peuple restaurĂ© la crainte de lâĂternel et le sentiment de son amour, selon la parole du prophĂšte Il y a pardon auprĂšs de toi, afin que tu sois craint » Ps. 130 4. En rĂ©capitulant ces trois chapitres, nâest-il pas frappant quâOsĂ©e, Ă la veille de la disparition des dix tribus, annonce 1° leur restauration dans le pays sous un seul Chef quand la parenthĂšse de lâĂglise sera close ; 2° Dieu reprenant ses relations avec eux, sous la nouvelle alliance, dans le MillĂ©nium ; 3° leur retour, par la conversion, sous le sceptre de David, leur vrai roi, le Christ quâils avaient rejetĂ© ? 3 - DEUXIĂME PARTIE CHAPITRES 4-10 Le DĂ©bat de lâĂternel avec IsraĂ«l. - Chapitre 4 Plus dâespoir pour ĂphraĂŻm ; il reste un faible espoir pour Juda. Les v. 1 Ă 5 de ce chapitre dĂ©crivent lâĂ©tat moral dâIsraĂ«l et les v. 6 Ă 15 son Ă©tat religieux. LâĂ©tat moral dâĂphraĂŻm, le prophĂšte OsĂ©e lâavait sous les yeux Partout exĂ©cration, et mensonge, et meurtre, et vol, et adultĂšre ; la violence dĂ©borde et le sang touche le sang ». Zacharie, dernier rejeton du meurtrier JĂ©hu, est lui-mĂȘme mis Ă mort par Shallum, qui est frappĂ© par Menahem ; Menahem sĂšme partout le meurtre et la violence ; il en est de mĂȘme de Pakakhia, de PĂ©kakh, ses successeurs, qui meurent de mort violente. Le deuil couvre le pays ; le jugement de Dieu, obligĂ© dâassister Ă ces abominations, sâĂ©tend des hommes Ă toute la crĂ©ation animale sur la terre dâIsraĂ«l. Plus rien ne correspond aux pensĂ©es de Dieu ; câest le contre-pied absolu de la restauration dĂ©crite au chap. 2. Lorsque le coeur abandonne Dieu, lâamour et la vĂ©ritĂ©, traits du caractĂšre divin, disparaissent immĂ©diatement pour ĂȘtre remplacĂ©s par les fruits du coeur naturel de lâhomme, la violence, la corruption et le mensonge. CâĂ©taient les traits de la famille de CaĂŻn qui avaient nĂ©cessitĂ© le jugement de Dieu par le dĂ©luge sur le monde dâalors, comme ils nĂ©cessitent ici la sentence de mort prononcĂ©e sur le pays et sur tous les ĂȘtres vivants qui lâhabitent v. 3. Toutefois, que nul ne conteste, que nul ne reprenne ; or ton peuple est comme ceux qui contestent avec le sacrificateur. Et tu broncheras de jour, et le prophĂšte aussi avec toi bronchera de nuit et je dĂ©truirai ta mĂšre » v. 4, 5. Câest maintenant un appel Ă ne plus reprendre ce peuple ni contester avec lui. Il est trop tard son sort est arrĂȘtĂ©, car il nây a plus aucun espoir de le voir revenir. Ton peuple », dit lâĂternel au prophĂšte, est comme ceux qui contestent avec le sacrificateur ». Ă quoi bon contester avec IsraĂ«l et le reprendre, quand lui-mĂȘme conteste avec le seul qui puisse offrir pour lui la victime expiatoire ? Il nâest plus temps tout secours divin va ĂȘtre ĂŽtĂ© aux restes de ce peuple ; la nation elle-mĂȘme, leur mĂšre, sera dĂ©truite cf. 2 2. Telle est la sentence de lâĂternel. Mais avec quelle douleur Dieu sâexprime maintenant par la bouche du prophĂšte ! Mon peuple⊠mon peuple », sâĂ©crie-t-il aux v. 6 et 12 Ă la veille de dire Lo-Ammi ! Quelle est leur condition dans ses rapports avec Dieu ? Leur dĂ©fection est gĂ©nĂ©rale ; lâidolĂątrie a tout envahi ; Juda est aussi coupable quâĂphraĂŻm. MĂȘme les dĂ©tails donnĂ©s au v. 13 les sacrifices sur les hauts lieux et sous tout arbre vert, caractĂ©risent Juda plus encore que les dix tribus. Cependant le prophĂšte fait quelque diffĂ©rence entre les deux royaumes Si tu te prostitues, ĂŽ IsraĂ«l, que Juda ne se rende pas coupable ! » En des temps de rĂ©veil, sous ĂzĂ©chias dont OsĂ©e vit le rĂšgne Ă son dĂ©but, et plus tard sous Josias, les abominations de Juda furent dĂ©truites et ses hauts lieux renversĂ©s. Quoi quâil en soit, Dieu dit Mon peuple est dĂ©truit faute de connaissance⊠et je te rejetterai afin que tu nâexerces plus la sacrificature devant moi. Car tu as oubliĂ© la loi de Dieu, et moi jâoublierai tes fils » v. 6. Au dĂ©sert de SinaĂŻ, lâĂternel avait dĂ©clarĂ© Ă IsraĂ«l que, sâil gardait lâalliance de la loi, il Lui serait un royaume de sacrificateurs Ex. 19 5, 6. IsraĂ«l ne lâayant pas gardĂ©e, la sacrificature royale lui Ă©tait ĂŽtĂ©e. Comment aurait-il pu servir et adorer, ĂȘtre maintenu dans des fonctions sacerdotales vis-Ă -vis dâun Dieu quâil ne connaissait point ? Tu as rejetĂ© la connaissance », lui dit lâĂternel ; et câest faute de cette connaissance » que la destruction lâatteint. Bien plus encore, il avait oubliĂ© la loi de son Dieu ». Lâoublier, comme si elle nâavait jamais existĂ©, aprĂšs lâavoir connue, cette loi juste et sainte, nâĂ©tait-ce pas bien pire que de ne lâavoir jamais connue ? Aussi Dieu dit Moi, jâoublierai tes fils » v. 6. Dans quelle misĂšre la dĂ©sobĂ©issance et le pĂ©chĂ© plongent lâhomme ! Quel sort, dâĂȘtre oubliĂ© de Dieu, quand il aurait pu entrer devant lâĂternel qui dĂ©clarait ne vouloir oublier quâune chose, les pĂ©chĂ©s et les iniquitĂ©s de son peuple ! OsĂ©e, avec lâincohĂ©rence voulue qui caractĂ©rise sa prophĂ©tie, passe de la sacrificature du peuple aux sacrificateurs Ă©tablis sur lui v. 8 et 9. Ils mangent le pĂ©chĂ© de mon peuple, et leur Ăąme dĂ©sire son iniquitĂ©. Et comme le peuple, ainsi sera le sacrificateur ». Je pense que le pĂ©chĂ© » signifie ici, comme plus dâune fois dans lâĂcriture, le sacrifice pour le pĂ©chĂ©. Les sacrificateurs dĂ©sirent que les iniquitĂ©s du peuple se multiplient afin de pouvoir dâautant plus largement se nourrir de leurs sacrifices. VoilĂ jusquâoĂč Ă©taient tombĂ©es les fonctions sacerdotales ; elles nâĂ©taient plus quâune affaire de profits matĂ©riels, un gagne-pain ! Aussi Dieu visite sur eux leurs voies » v. 9. Quant Ă lâivresse, conduisant Ă la fornication, et si commune en ĂphraĂŻm, elle leur ĂŽtait le sens et ils avaient cessĂ© de prendre garde Ă lâĂternell v. 11. Les pratiques superstitieuses les plus insensĂ©es avaient remplacĂ© en IsraĂ«l le culte du vrai Dieu. Le peuple interrogeait son bois, et son bĂąton Ă©tait son oracle » v. 12. Ces superstitions sont de tous les temps, Ă mesure que dĂ©croĂźt la religion du vrai Dieu. Il faut Ă lâhomme, tel quâil est constituĂ©, un objet, et si Dieu nâest pas pour lui cet objet, il se dĂ©grade moralement et cherche des conseils auprĂšs de sa table et de son bĂąton. Et câest le jugement de Dieu sur lâimpiĂ©tĂ© de lâhomme Il le livre Ă un esprit rĂ©prouvĂ© ». DĂ©sormais Dieu nâarrĂȘtera plus le jugement. Trois paroles solennelles montrent que Dieu a pris Ă lâĂ©gard dâĂphraĂŻm une dĂ©cision irrĂ©vocable Que nul ne conteste, que nul ne reprenne ! » Je ne punirai pas vos filles ». ĂphraĂŻm sâest attachĂ© aux idoles laisse-le faire » v. 4, 14, 17. Ces paroles sont semblables Ă celles de lâApocalypse Que celui qui est souillĂ© se souille encore ! » Apoc. 22 11. Mais, comme nous lâavons dit, cet arrĂȘt dĂ©finitif ne sâadresse pas Ă Juda. Que Juda ne se rende pas coupable ! » dit lâĂternel v. 15. Combien cette parole est importante, pour ce qui reste encore du peuple de Dieu, dans le jour actuel. DĂ©jĂ le mal qui a envahi la masse du peuple sĂ©vit au milieu de ceux que Dieu conserve encore comme un tĂ©moignage au milieu de lâinfidĂ©litĂ© gĂ©nĂ©rale. BientĂŽt ce qui reste aujourdâhui debout subira le mĂȘme sort que lâensemble de la nation. Comment se prĂ©server de la contagion ? Comment demeurer sur le terrain de la bĂ©nĂ©diction ? Dieu demande-t-il de grandes choses Ă Juda, dĂ©jĂ entamĂ© de toutes parts par lâapostasie finale ? Non, quand il y a si peu de force, il ne demande quâun tĂ©moignage nĂ©gatif pour ainsi dire, comme il dit Ă Philadelphie Tu nâas pas reniĂ© mon nom » Apoc. 3 8. Abstiens-toi, tel est le mot dâordre. Reste Ă©loignĂ© de ce qui, sous des dehors respectables, ou sous des noms augustes et sacrĂ©s, ne couvre plus que lâiniquitĂ© et lâabandon de Dieu. Nâallez pas Ă Guilgal, et ne montez pas Ă BethAven, et ne jurez pas LâĂternel est vivant ! » v. 15. Ces lieux si connus dans lâhistoire du peuple de Dieu avaient passĂ©, par voie de conquĂȘte, aprĂšs la division du royaume, des mains de Benjamin Ă celles dâĂphraĂŻm, et se trouvaient par leur position Ă la portĂ©e immĂ©diate de Juda, comme un piĂšge sur son chemin. Guilgal, mĂ©morial de la victoire remportĂ©e sur la mort par lâArche placĂ©e au milieu du Jourdain ; monument durable de lâentrĂ©e des douze tribus en Canaan ; Guilgal, lieu de la circoncision, du retranchement de la chair, du jugement prononcĂ© sur elle et sans lequel on ne pouvait prendre possession du pays de la promesse ; Guilgal, lieu oĂč IsraĂ«l revenait toujours pour y trouver le secret de la victoire, lieu de rassemblement du peuple fidĂšle, Ă©tait devenu un lieu dâautels et de sacrifices profanes pour ĂphraĂŻm, un lieu oĂč la transgression sâĂ©tait multipliĂ©e OsĂ©e 9 15; 12 12; Amos 4 4; 5 5. BĂ©thel, maison de Dieu », lieu des promesses faites Ă Jacob, lieu oĂč il avait reçu son nom dâIsraĂ«l, et oĂč le Tout-puissant sâĂ©tait comme tout de nouveau fait connaĂźtre Ă lui, â BĂ©thel Ă©tait devenu la maison des veaux dâor, de leur autel et de la fausse sacrificature instituĂ©e par JĂ©roboam 1 Rois 12; Amos 3 14. Comme il mĂ©ritait bien le nom de Beth-Aven, maison dâiniquitĂ© », nom dont OsĂ©e le flĂ©trit trois fois ! 4 15; 5 8; 10 5. Dans ces lieux oĂč jadis Samuel, le prophĂšte de lâĂternel, se rendait dâannĂ©e en annĂ©e, on ne trouvait plus quâidolĂątrie et faux prophĂštes. Tel Ă©tait le culte dâĂphraĂŻm. Juda devait sâen abstenir. Nâavait-il pas le lieu oĂč lâĂternel faisait habiter son nom, Ă JĂ©rusalem ? Et si ce lieu mĂȘme Ă©tait dĂ©shonorĂ©, Ă©tait-ce une raison pour retourner Ă lâidolĂątrie qui avait lâimpudence de se parer du saint nom de lâĂternel ? Cet appel si pressant Ă ne pas se rendre coupable a-t-il atteint le coeur de Juda ? Le chapitre suivant va nous rĂ©pondre. Et que feront aujourdâhui ceux qui, dans la chrĂ©tientĂ©, reçoivent le mĂȘme appel ? Nâallez pas Ă Guilgal et ne montez pas Ă Beth-Aven ! - Chapitres 5 Ă 6 Plus dâespoir pour Juda et Benjamin. Le peuple retrouvera Dieu dans la grande tribulation. Appel pressant Ă se rĂ©veiller. Le chap. 4 15 conjurait Juda de ne pas se rendre coupable. Peut-ĂȘtre y avait-il encore, de ce cĂŽtĂ©-lĂ , quelque espĂ©rance ! Le chap. 5 nous dĂ©trompe. Juda et Benjamin sont associĂ©s dans la mĂȘme apostasie et dans le mĂȘme jugement quâIsraĂ«l. v. 1. â Ici le prophĂšte sâadresse en premier lieu aux sacrificateurs, puis appelle lâattention de toute la nation et spĂ©cialement de la maison du roi qui, je nâen doute pas, est la royautĂ© de Juda, celle dâIsraĂ«l Ă©tant dĂ©jĂ condamnĂ©e dâavance. Câest contre vous, ajoute le prophĂšte, quâest le jugement ; car vous avez Ă©tĂ© un piĂšge Ă Mitspa, et un filet Ă©tendu sur le Thabor ». Le lieu de rassemblement du peuple, Mitspa * et le Thabor, montagne centrale qui domine le territoire des dix tribus, sont devenus des piĂšges pour le peuple, la sacrificature sâĂ©tant prĂȘtĂ©e aux pratiques idolĂątres auxquelles on sâadonnait en ces endroits. CâĂ©tait donc la sacrificature que le jugement devait atteindre en premier lieu. Les plus coupables sont ceux que leur position met le plus directement en rapport avec Dieu ; ils seront battus de plus de coups. Quant Ă ĂphraĂŻm et Ă IsraĂ«l, leur Ă©tat nâest point cachĂ© au Dieu qui les connaĂźt v. 3, mais eux ne connaissent pas lâĂternel ! Quelle parole Ă©crasante ! Ce peuple auquel Dieu sâĂ©tait rĂ©vĂ©lĂ©, quâIl avait mis en rapport avec Lui-mĂȘme, auquel il avait fait connaĂźtre son nom et son caractĂšre de Dieu saint, ce peuple avait prĂ©fĂ©rĂ© la fornication et la souillure Ă lâintimitĂ© des relations avec Dieu lui-mĂȘme. Au milieu de leur dĂ©pravation, lâorgueil remplissait leur coeur ! Lâorgueil dâIsraĂ«l tĂ©moigne en face contre lui ! » v. 5. Quelle image de lâhomme ! DĂ©gradĂ© au suprĂȘme degrĂ© et enflĂ© dâorgueil ! Aussi IsraĂ«l et ĂphraĂŻm tomberont par leur iniquitĂ© », mais Juda, exhortĂ© Ă ne pas se rendre coupable 4 15, tombera aussi avec eux » v. 5. Quand le jugement les atteindra, tous iront chercher lâĂternel avec leurs sacrifices. Ce qui est encore possible aujourdâhui sera inutile alors. Toutes leurs pratiques religieuses seront sans rĂ©sultat Il sâest retirĂ© dâeux ! » v. 6. Parole dâautant plus solennelle, que le mĂȘme sort atteindra la chrĂ©tientĂ© professante quand, au jour du jugement, elle viendra se prĂ©valoir des privilĂšges qui lui avaient Ă©tĂ© octroyĂ©s. Oui, toutes les formes religieuses de la chrĂ©tientĂ© professante ne la mettent pas en relation avec Dieu les formes sont lĂ , Dieu nây est pas. * Je suppose que ce Mitspa est celui qui fait partie du territoire de Benjamin Jos. 18 26 â 1 Rois 15 22; 2 Chron. 16 6 ; NĂ©h. 3 7 et non pas le Mitspa dâau-deIĂ du Jourdain dĂšs longtemps abandonnĂ©. On trouve du reste six Mitspa diffĂ©rents dans lâĂcriture. â Il est remarquable que, sauf le Thabor, tous les noms Guilgal, Bethel, Guibha, Rama, Mitspa citĂ©s dans ces passages sont ou avaient Ă©tĂ© compris autrefois dans le territoire de Benjamin. Maintenant », dit OsĂ©e, un mois les dĂ©vorera avec leurs biens » v. 7 ; peut-ĂȘtre une allusion Ă la fin du rĂšgne de Juda 2 Rois 25 3, 8. Les v. 8-12 prĂ©sentent la ruine commune du peuple tout entier. Peu importe que le jugement soit plus prochain pour les uns que pour les autres, il les atteindra tous, ĂphraĂŻm avec les neuf tribus, Juda avec Benjamin. Sonnez du cor en Guibha, de la trompette Ă Rama. Criez dans Beth-Aven DerriĂšre toi, Benjamin ! » Tous ces lieux faisaient partie ou avaient appartenu au territoire de Benjamin. Le mal allait lâatteindre et sâemparer de lui Ă lâimproviste ; les princes de Juda et ĂphraĂŻm subiront le mĂȘme sort. Devant lâimminence du danger, commun Ă tous, ĂphraĂŻm sâen est allĂ© en Assyrie et a envoyĂ© vers le roi Jareb, mais lui nâa pu vous guĂ©rir et ne vous a pas ĂŽtĂ© votre plaie » v. 13. Ce Jareb nâest pas un nom propre. Il signifie Il contestera ». Câest un vengeur quâIsraĂ«l appelle Ă son aide. Câest Pul 2 Rois 15 19 ; ou Tiglath-PilĂ©ser quand il sâagit de Juda 2 Rois 16 7. Ce Pul conteste contre IsraĂ«l, ou lui est hostile, au temps mĂȘme oĂč IsraĂ«l le prend pour protecteur voyez aussi 1 Chron. 5 26; voyez encore OsĂ©e 5 13; 7 11; 8 9. Mais ce chapitre, comme les trois premiers, se termine par une parole dâespĂ©rance. LâĂternel ne sera pas Ă toujours comme un lion qui dĂ©chire sa proie, Ă lâĂ©gard dâĂphraĂŻm et de Juda. Je mâen irai », dit-il, et je retournerai en mon lieu, jusquâĂ ce quâils se reconnaissent coupables et recherchent ma face » v. 15. Deux choses insĂ©parables sont nĂ©cessaires, quâil sâagisse de trouver Dieu comme pĂ©cheur, ou de le retrouver quand on sâest dĂ©tournĂ© de lui la repentance et la conversion. Autrefois ils avaient cru rencontrer Dieu avec leurs brebis et leurs boeufs v. 6, mais sans repentance et nâavaient trouvĂ© quâun endroit dĂ©sert. Plus tard ils se reconnaĂźtront coupables », et Zacharie nous en offre le touchant tableau Zach. 12 10-14. Alors, dâun coeur contrit, le peuple enfin humiliĂ©, dĂ©pouillĂ© de son orgueil, se convertira et recherchera la face de lâĂternel. Le fils prodigue se lĂšvera et ira vers son pĂšre. Dans leur dĂ©tresse, ils me chercheront dĂšs le matin » v. 15. Par quel moyen Dieu amĂšnera-t-il ce rĂ©sultat bĂ©ni ? Une grande tribulation, la dĂ©tresse de Jacob, viendra sur eux ; ils auront Ă passer Ă travers la longue nuit des terribles jugements de Dieu. RĂ©veillĂ©s par ces jugements, au lieu de dormir comme les autres, ils attendront leur Messie, lâĂternel, plus que les sentinelles nâattendent le matin », et le trouveront Ă lâaube de ce rĂšgne millĂ©naire oĂč IsraĂ«l restaurĂ© sera de nouveau Ammi, le peuple de Dieu. Les trois premiers versets du chap. 6 sont la continuation du dernier verset du chap. 5. Jâai cru longtemps quâils devaient ĂȘtre mis dans la bouche du peuple, mais la structure de tous ces chapitres mâa convaincu depuis quâils sont prononcĂ©s par le prophĂšte, et ne sont pour le moment quâune invitation Ă laquelle le peuple ne rĂ©pond pas. Venez », dit-il, retournons Ă lâĂternel, car lui a dĂ©chirĂ© et il nous guĂ©rira ; il a frappĂ© et il bandera nos plaies ». Ă merveilleux appel de la grĂące, Ă ces Ăąmes courbĂ©es sous la douleur de la tribulation et auxquelles Dieu a enlevĂ© toute ressource. Plus de montagne vers laquelle le pauvre oiseau, menacĂ© des flĂšches de lâoiseleur, puisse sâenvoler. Ce refuge, du moins, aurait offert quelque stabilitĂ© ; il est ĂŽtĂ©. Dieu cache sa face et lâĂąme en est Ă©pouvantĂ©e Ps. 11 1; 30 7. Il ne reste plus de ressource quâen Lui ; retournons Ă Lui ! Comme un lion il a dĂ©chirĂ© le royaume Ă cause de nos pĂ©chĂ©s ; il nous a justement frappĂ©s. Qui pourra recoudre, bander, guĂ©rir les plaies, sinon Celui qui les a faites ? On sent ici la profondeur de lâhumiliation, comme lâhomme de Dieu seul pouvait la sentir, mais avec la foi pour soutien. La foi seule, en de telles circonstances, nous pousse Ă nous approcher de Dieu. Mais quelle rĂ©ponse elle trouve ! Nâest-il pas bon dâavoir Ă©tĂ© affligĂ© pour trouver une telle dĂ©livrance ? Avant que je fusse affligĂ©, jâerrais » Ps. 119 67. La chose nâest exprimĂ©e ici quâĂ lâĂ©tat dâespĂ©rance, mais dâune espĂ©rance rĂ©alisĂ©e par le prophĂšte comme une certitude Dans deux jours, il nous fera vivre ; au troisiĂšme jour, il nous mettra debout, et nous vivrons devant sa face, et nous connaĂźtrons et nous nous attacherons Ă connaĂźtre lâĂternel » v. 2, 3. Aussi certainement que Dieu a ressuscitĂ© leur Messie dâentre les morts, car je ne doute pas que ce passage ne sous-entende la rĂ©surrection de Christ, Dieu ressuscitera aussi son peuple. Il est sans doute question ici de leur rĂ©surrection nationale, telle quâelle nous est dĂ©crite au chap. 37 dâĂzĂ©chiel, ce qui explique les deux jours nĂ©cessaires pour les faire revivre et le troisiĂšme pour les mettre debout. De mĂȘme en ĂzĂ©chiel les ossements ne se tinrent sur leurs pieds » par la puissance du Saint Esprit quâaprĂšs avoir Ă©tĂ© auparavant vivifiĂ©s ĂzĂ©ch. 37 10. Cette rĂ©surrection nationale, comme notre rĂ©surrection corporelle, Ă nous chrĂ©tiens, est donc liĂ©e Ă celle de Christ. Si les vagues et les flots du jugement ont passĂ© sur le Messie, ils passeront aussi sur le RĂ©sidu dâIsraĂ«l, qui en sortira comme Christ en est sorti, en rĂ©surrection. Le troisiĂšme jour est le jour oĂč, selon lâEsprit de saintetĂ©, Dieu intervint en puissance pour ressusciter JĂ©sus dâentre les morts. Câest Ă quoi tout lâAncien Testament rend tĂ©moignage. Christ », dit lâapĂŽtre, a Ă©tĂ© ressuscitĂ© le troisiĂšme jour selon les Ăcritures » 1 Cor. 15 4. En effet, les Ăcritures nous montrent Isaac sous la sentence de mort jusquâau troisiĂšme jour, oĂč il est ressuscitĂ© en figure. Jonas, type de Christ, .mais aussi du RĂ©sidu, jetĂ© Ă la mer tandis que le vaisseau des nations continue sa route, englouti dans le shĂ©ol, est rejetĂ© le troisiĂšme jour sur la terre. Partout la rĂ©surrection de Christ est annoncĂ©e comme Ă©tant la consĂ©quence nĂ©cessaire de sa mort. Au Ps. 16 il ne voit pas la corruption et connaĂźt le chemin de la vie. Au Ps. 110, il monte en rĂ©surrection Ă la droite de Dieu, aprĂšs quâau Ps. 109, le mĂ©chant lâa fait mourir v. 16. Au Ps. 8 il est couronnĂ© de gloire et dâhonneur aprĂšs avoir Ă©tĂ© fait, par la passion de la mort, un peu moindre que les anges. Tout cela, il lâa traversĂ© pour son peuple cĂ©leste, mais aussi pour son peuple terrestre. Quand, au Ps. 42, toutes les vagues et tous les flots de lâĂternel ont passĂ© sur lâĂąme de Christ et sur celle du RĂ©sidu, ce dernier peut dire Il est le salut de ma face et mon Dieu ! » Mais il y a plus encore ici quâune rĂ©surrection nationale. Le prophĂšte dit Nous vivrons devant sa face, et nous connaĂźtrons, et nous nous attacherons Ă connaĂźtre lâĂternel » v. 2, 3. Une rĂ©surrection spirituelle est le fruit de la grĂące, accompagne la nouvelle alliance faite avec IsraĂ«l. Câest lâaube du jour millĂ©naire. Sa sortie est prĂ©parĂ©e comme lâaube du jour ; et il viendra Ă nous comme la pluie, comme la pluie de la derniĂšre saison arrose la terre » v. 3. Ce ne sera plus, comme Ă la PentecĂŽte, la pluie qui accompagne les semailles, mais la pluie qui prĂ©cĂšde lâheureuse moisson du siĂšcle Ă venir. Une nouvelle effusion du Saint Esprit sera la part de ce peuple restaurĂ©. Ce passage, dictĂ© par lâEsprit de Dieu, est propre Ă faire passer dans lâĂąme dâIsraĂ«l, mais aussi dans la nĂŽtre, quelque chose de sa dĂ©licieuse fraĂźcheur ; car il nous occupe de Christ, de sa mort et de sa rĂ©surrection, gages assurĂ©s de lâavenir dâIsraĂ«l et de notre part Ă©ternelle avec le Seigneur ! - Chapitres 6 Ă ch. 7 Le dĂ©bat sâaccentue et se fait plus pressant. Comme au chapitre prĂ©cĂ©dent, ĂphraĂŻm et Juda sont unis ici dans la mĂȘme rĂ©probation Que te ferai-je, ĂphraĂŻm ? Que te ferai-je, Juda ? Votre piĂ©tĂ© est comme la nuĂ©e du matin et comme la rosĂ©e qui sâen va de bonne heure » v. 4. Que te ferai-je ? Comme cela sâadresse Ă la conscience ! RĂ©ponds toi-mĂȘme. Diras-tu Ton jugement est juste ? Leur piĂ©tĂ© nâavait durĂ© quâaux toutes premiĂšres heures de leur existence comme nation, puis sâĂ©tait envolĂ©e et avait disparu comme la rosĂ©e au lever du soleil. AprĂšs sâĂȘtre adressĂ© au peuple dâIsraĂ«l, Dieu Ă©tend son appel Ă tous les hommes Et mon jugement sort comme la lumiĂšre. Car jâai aimĂ© la bontĂ© ou la grĂące, et non le sacrifice, et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes ; mais eux, comme Adam, ont transgressĂ© lâalliance ; lĂ ils ont agi perfidement envers moi » v. 5-7. Si sa grĂące sort comme lâaube du jour » v. 3, son jugement sort comme le soleil quand il luit dans sa force v. 5. Certes ce nâest pas Dieu qui dĂ©sire le jugement ; câest lâiniquitĂ© de son peuple qui lây oblige. Dieu veut chez lâhomme la bontĂ© et non pas les sacrifices. Mais son dĂ©sir resterait stĂ©rile sâil sâagissait de ce que lâhomme peut offrir. OĂč trouver la bontĂ© dans le coeur dâun homme ? Aussi Dieu ne se borne pas Ă cette exigence. Il veut ce qui se trouve dans son propre coeur Ă Lui la bontĂ© sous forme de grĂące et de misĂ©ricorde. La bontĂ© quâIl aime, câest la grĂące envers le pĂ©cheur, la grĂące venue par JĂ©sus Christ. Quand les yeux de Dieu se reposaient sur cet homme, Il pouvait dire Jâai aimĂ© la bontĂ© ». Cette bontĂ© est allĂ©e jusquâau sacrifice, au seul sacrifice que Dieu pĂ»t accepter, car il nâa pris plaisir Ă aucun des sacrifices des hommes Ps. 40 6, 7. Aussi le Seigneur put dire A cause de ceci le PĂšre mâaime, câest que moi je laisse ma vie » Jean 10 17. Le Seigneur cite deux fois ce passage du v. 6 dans lâĂ©vangile de Matthieu 9 13; 12 7 la premiĂšre fois pour montrer que rien ne peut satisfaire le Seigneur que sa propre grĂące ; la seconde fois quâil ne peut aucunement compter sur la bontĂ© dans le coeur de lâhomme. De mĂȘme, tous les holocaustes que lâhomme pouvait offrir ne valaient pas la connaissance de Dieu » v. 6. Dieu sâest fait connaĂźtre Ă nous dans la personne et lâoeuvre de son Fils. Câest la grĂące, le salut, la vie Ă©ternelle. Mais eux, comme Adam, ont transgressĂ© lâalliance ; lĂ ils ont agi perfidement envers moi » v. 7. Au lieu de commencer par la connaissance de la grĂące, Juda et ĂphraĂŻm avaient Ă©tĂ© mis Ă lâĂ©preuve, sous lâalliance de la loi, car il leur fallait apprendre ce quâil y avait dans leur propre coeur. Au commencement Adam, placĂ©, comme IsraĂ«l, sous sa responsabilitĂ©, avait transgressĂ© une alliance qui lui avait Ă©tĂ© imposĂ©e ; IsraĂ«l avait-il mieux agi quand Dieu lui imposait lâalliance du SinaĂź ? Non, dit lâĂternel, lĂ ils ont agi perfidement envers moi ! » Aux v. 8-10, le prophĂšte revient Ă ĂphraĂŻm. Ce va-et-vient, de lâun Ă lâautre, est des plus touchants, montrant lâangoisse, la sollicitude pour IsraĂ«l, lâindignation du fidĂšle prophĂšte qui voit son Dieu mĂ©prisĂ© de la sorte. Galaad est une ville dâouvriers dâiniquitĂ©, couverte de traces de sang. Et comme les troupes de voleurs guettent un homme, la bande des sacrificateurs assassine sur le chemin de Sichem ; car ils commettent des infamies. Jâai vu des choses horribles dans la maison dâIsraĂ«l lĂ est la prostitution dâĂphraĂŻm ! » Chose affreuse ! les villes de refuge elles-mĂȘmes, Galaad ou, je le crois, Ramoth de Galaad au delĂ du Jourdain, et Sichem en ĂphraĂŻm, assignĂ©es aux lĂ©vites, Ă©taient devenues des lieux de brigandage. Les sacrificateurs eux-mĂȘmes assassinaient, sans doute sous prĂ©texte dâĂȘtre des vengeurs du sang, ceux qui se rendaient Ă Sichem. Ils dĂ©pouillaient des innocents en couvrant leurs meurtres du manteau de la loi ! CâĂ©tait dans le domaine dâĂphraĂŻm, chef des dix tribus, que se commettaient les pires infamies ! Mais voici que le prophĂšte, selon son habitude, passe sans aucune transition dâIsraĂ«l Ă Juda, auquel il venait de dire Que te ferai-je, Juda ? » et lui jette un regard de compassion Pour toi aussi, Juda, une moisson tâest assignĂ©e, quand je rĂ©tablirai les captifs de mon peuple » v. 11. Ne semble-t-il pas que lâĂternel devrait dire Pour toi aussi, Juda, le jugement aura lieu ? Non ! Dieu aime la bontĂ© » ; et se dĂ©tourne du jugement pour considĂ©rer ce qui le suivra. Sans doute, Juda ira en captivitĂ© comme ĂphraĂŻm, mais cette captivitĂ© prendra fin. Nous trouvons ici le terme si souvent employĂ© dans les prophĂštes, traduit littĂ©ralement Je tournerai la captivitĂ© », câest-Ă -dire jây mettrai fin pour amener la restauration de mon peuple. Câest comme un avant-goĂ»t de lâEvangile Dieu annonce sa grĂące Ă Juda coupable. Une moisson tâest assignĂ©e », non point cette moisson terrible oĂč le Fils de lâhomme mettra sa faucille tranchante sur la terre pour la moissonner Apoc. 14 16, mais une heureuse moisson, appartenant Ă Juda, aux captifs de Sion, quand ils diront Ă Ăternel, rĂ©tablis nos captifs comme les ruisseaux dans le midi », et quâil leur sera rĂ©pondu Ceux qui sĂšment avec larmes, moissonneront avec chants de joie » Ps. 126 4, 5. Quel coeur, que celui de notre Dieu ! Jamais il ne trouve son repos dans ses jugements. Ă peine a-t-il annoncĂ© les calamitĂ©s qui atteindront le peuple pervers et les hommes qui habitent sur la terre, quâil sâarrĂȘte et vient trouver son repos dans le dĂ©ploiement de sa grĂące ! Laissant le corbeau du dĂ©luge se repaĂźtre de quelque cadavre ballottĂ© par les flots, la colombe vole Ă son arche, Ă son lieu de repos, portant dans son bec lâemblĂšme de la paix qui va succĂ©der au naufrage ! Au chap. 7, les images du prophĂšte vengeur deviennent de plus en plus tumultueuses dans leur intermittence, comme un jet pressĂ© de quitter le tuyau trop Ă©troit dâune fontaine. Il sâagit de nouveau dâĂphraĂŻm. Câest que le jugement est Ă la porte. Pas un instant Ă perdre si lâon veut y Ă©chapper ! Quand jâai voulu guĂ©rir IsraĂ«l, lâiniquitĂ© dâĂphraĂŻm sâest dĂ©couverte, et les mĂ©chancetĂ©s de Samarie ; car ils ont pratiquĂ© la faussetĂ©, et le voleur entre, et la troupe des brigands assaille dehors. Et ils ne se sont pas dit dans leur coeur que je me souviens de toute leur mĂ©chancetĂ©. Maintenant leurs mĂ©faits les environnent, ils sont devant ma face » v. 1, 2. ĂphraĂŻm avait Ă©tĂ© une bande de voleurs et de brigands 6 9, maintenant le voleur entrait dans sa maison et les brigands lâassaillaient du dehors. La Syrie, lâĂgypte, lâAssyrie allaient tomber, tombaient dĂ©jĂ , sur la nation coupable. Elle Ă©tait avec ses mĂ©faits devant la face de Dieu, et penser quâelle aurait pu sây trouver avec sa repentance 6 2 pour obtenir la dĂ©livrance et le salut ! Comme nous lâavons dit, les images se pressent, se confondent ; câest lâindignation contre le mal, mais aussi câest un dernier appel Ă ĂphraĂŻm. Tous, ils commettent lâadultĂšre, comme un four allumĂ© par le boulanger, qui cesse de lâattiser depuis quâil sâest mis Ă pĂ©trir la pĂąte jusquâĂ ce quâelle ait levĂ© » v. 4. Il parle ici de la religion des dix tribus, du mĂ©lange de lâidolĂątrie avec le culte de lâĂternel. Ceux qui les conduisent ont conscience de ce quâils font et le font avec soin. Ils mettent le levain dans la pĂąte, la pĂ©trissent jusquâĂ ce quâelle ait levĂ©. Câest une image semblable Ă celle de Matt. 13 33, oĂč le Seigneur caractĂ©rise le mal doctrinal introduit dans le christianisme. Ensuite il faut cuire Ă point ce pain levĂ© pour quâil devienne une nourriture acceptable. Ceux qui sâappliquent Ă cette tĂąche Ă©vitent soigneusement le four surchauffĂ© ; ils pensent Ă©chapper au jugement en gardant encore la forme de la piĂ©tĂ© » ; comme le boulanger, ils cessent dâattiser le feu pour que leur pain sorte du four et trouve de nombreux consommateurs. Mais la corruption religieuse engendre la corruption morale, conduit Ă se moquer des choses sacrĂ©es, et aboutit Ă la violence. Au jour de notre roi, les princes se sont rendus malades par lâardeur du vin ; il a tendu sa main aux moqueurs. Car ils ont appliquĂ© leurs coeurs comme un four Ă leurs embĂ»ches toute la nuit, leur boulanger dort ; le matin, il brĂ»le comme un feu de flammes » v. 5, 6. Ici le four est lâimage de leur propre coeur. Leur boulanger, leur conscience a dormi toute la nuit. Au matin, quand ils touchent au but de leurs dĂ©sirs et de leurs convoitises, le feu, dont les flammes ont grandi pendant leur sommeil, les dĂ©vore sans quâils puissent Ă©chapper. Ils sont tous ardents comme un four, et ils dĂ©vorent leurs juges tous leurs rois sont tombĂ©s ; nul dâentre eux ne mâinvoque » v. 7. Ici ce sont eux-mĂȘmes qui, comme un four, dĂ©vorent leurs juges et leurs rois. Cela est arrivĂ© littĂ©ralement Ă ĂphraĂŻm et marque la date de cette prophĂ©tie contre les rois qui, depuis Zacharie, le dernier de la race de JĂ©hu, se sont succĂ©dĂ© jusquâau roi OsĂ©e sur le trĂŽne dâIsraĂ«l. Nous lisons les dĂ©tails de cette pĂ©riode en 2 Rois 15 10, 14, 25, 30; 17 1. ĂphraĂŻm sâest mĂȘlĂ© avec les peuples ; ĂphraĂŻm est un gĂąteau quâon nâa pas retournĂ©. Des Ă©trangers ont consumĂ© sa force, et il ne le sait pas » v. 8, 9. Ici lâimage de la pĂąte levĂ©e continue Ă hanter le prophĂšte. ĂphraĂŻm aurait dĂ» ĂȘtre un gĂąteau sans levain pour lâĂternel ; mĂȘlĂ© au levain des nations, il sâest alliĂ© Ă lâĂgypte et Ă lâAssyrie. Mais ces nations sont devenues le four qui a consumĂ© ĂphraĂŻm, ce gĂąteau qui nâa pas Ă©tĂ© retournĂ© », qui ne sâest pas repenti, dont la face nâa pas changĂ© vis-Ă -vis de Dieu. Aussi toute sa force a disparu, a Ă©tĂ© consumĂ©e, et il ne le sait pas ! SĂ©rieuse parole ! Comme ĂphraĂŻm, la chrĂ©tientĂ© dâaujourdâhui, mĂ©langĂ©e avec le levain du monde qui a fait lever toute la pĂąte, le sait-elle davantage ? Est-elle retournĂ©e vers Dieu ? Elle pense amĂ©liorer le monde, proclame que les bonnes compagnies amĂ©lioreront les mauvaises moeurs et ne sait pas que câest le monde qui la dĂ©vore. Que lâon se vante dâĂȘtre protestant ou catholique, dâappartenir Ă une des innombrables sectes de la chrĂ©tientĂ©, cette pensĂ©e dĂ©note lâignorance absolue de la faiblesse dans laquelle nous plonge lâalliance avec le monde Il ne le sait pas », dit le prophĂšte. Des cheveux gris sont aussi parsemĂ©s sur lui, et il ne le sait pas ! » v. 9. Le dĂ©clin est arrivĂ©, les cheveux gris parsemĂ©s sur ĂphraĂŻm le sont aussi sur la chrĂ©tientĂ© de nos jours. Sa vieillesse penche dĂ©jĂ vers le sĂ©pulcre et elle ne le sait pas ! Cette ignorance de leur propre Ă©tat devrait convaincre la conscience de ceux auxquels Dieu sâest rĂ©vĂ©lĂ© ! Sommes-nous pareils au prophĂšte dont cette ignorance accablait le coeur ? Et ce qui est pire encore, câest quâelle est mĂ©langĂ©e dâorgueil. Lâorgueil dâIsraĂ«l tĂ©moigne en face contre lui, et ils ne se retournent pas vers lâĂternel, leur Dieu, et ils ne le recherchent pas malgrĂ© tout cela » v. 10. On pense si peu Ă Dieu, quâon garde une haute idĂ©e de sa religion quand dĂ©jĂ le feu du jugement est prĂ©parĂ©. Si le coeur se tourne vers Dieu il abandonne bien vite son orgueil religieux pour sâapprocher de Lui, humble et repentant, seule attitude convenable Ă celui qui est convaincu de pĂ©chĂ©. Mais lâorgueil va de pair avec lâinintelligence. ĂphraĂŻm est devenu comme une colombe niaise, sans intelligence ; ils appellent lâĂgypte, ils vont vers lâAssyrie ». Les rois dâĂphraĂŻm sâimaginaient ĂȘtre dâhabiles politiques en sâappuyant alternativement sur lâune et lâautre de ces nations ennemies. Le filet est tombĂ© sur eux ». Cela sâest rĂ©alisĂ© littĂ©ralement sous OsĂ©e, dernier roi dâIsraĂ«l et sous ses prĂ©dĂ©cesseurs 2 Rois 17 4 ; 15 19, 20. On voit, aux v. 13 Ă 16, quels avaient Ă©tĂ© les soins de Dieu envers IsraĂ«l et son but Ă leur Ă©gard. Et moi, je voulais les racheter ». Telle est toujours, en tout temps, Sa premiĂšre pensĂ©e envers lâhomme, devenu par le pĂ©chĂ© esclave de Satan. Puis, Ă cause de leur mĂ©chancetĂ©, il avait Ă©tĂ© obligĂ© de les chĂątier ; ensuite, ralentissant le cours de ses jugements, il avait fortifiĂ© leur bras », et eux sâĂ©taient servis de sa faveur pour mĂ©diter du mal contre Lui » v. 15. Voici, en quelques mots, lâĂ©numĂ©ration de ce que Dieu avait rencontrĂ© chez ce peuple obstinĂ© Ils sâĂ©taient enfuis loin de Lui, sâĂ©taient rebellĂ©s, avaient profĂ©rĂ© des mensonges contre Lui ; ils hurlaient de douleur sur leurs lits et ne songeaient pas Ă crier Ă Dieu et Ă lâimplorer ; leurs intĂ©rĂȘts matĂ©riels les rĂ©unissaient caractĂšre de toute association humaine, mais ils ne sentaient nullement le besoin de se rapprocher de Lui Ils se sont retirĂ©s de moi ». Au lieu de retourner au TrĂšs-Haut, ils se retournaient comme un arc trompeur, pour combattre contre Lui. Dieu avait beau sonder leur coeur pour y chercher ou y produire par sa grĂące quelque fruit, il se heurtait de toute part Ă lâindiffĂ©rence, au mensonge, Ă la rĂ©bellion, Ă la guerre ouverte. Aussi v. 16 leur ruine et celle de leurs princes insolents Ă©tait inĂ©vitable. Ils sâĂ©taient tournĂ©s vers lâĂgypte et devenaient pour elle un objet de risĂ©e ». Ceux qui ont autrefois connu Dieu et marchĂ©, longtemps peut-ĂȘtre, dans son chemin et sous sa loi, rencontrent toujours le mĂ©pris du monde, quand, devenus infidĂšles Ă leurs croyances premiĂšres, ils ont cherchĂ© son amitiĂ©. Le monde, au lieu de les accueillir avec faveur, se moque dâeux, selon la mesure oĂč leur tĂ©moignage avait Ă©tĂ© plus remarquable auparavant. Ils ont abandonnĂ© Dieu et son peuple, comme le fit ĂphraĂŻm, mais sans trouver lâestime du monde qui les tourne en dĂ©rision. Un arc qui trompe est jetĂ© au rebut ; le monde nâen veut pas, et Dieu peut-il en vouloir ? - Chapitres 8 Ă ch. 10 Ils ont semĂ© le vent, ils rĂ©coltent la tempĂȘte. - Chapitre 8 Au chap. 8, IsraĂ«l, ou les dix tribus, est considĂ©rĂ© comme agissant Ă la maniĂšre des nations Ils ont fait des rois, mais non de par moi ; ils ont fait des princes et je ne le savais pas » v. 4. Câest, en effet, ce qui arriva, et ce que confirme, comme nous lâavons vu, le premier verset du chap. 1. Depuis JĂ©roboam II, roi dâIsraĂ«l, OsĂ©e ignore Ă dessein tous les rois qui lui ont succĂ©dĂ©. Leur histoire 2 Rois 15-17 montre que lâĂternel ne les reconnaĂźt plus, et comment le prophĂšte les reconnaĂźtrait-il ? Ces rois nâĂ©taient Ă©tablis, ni par descendance royale, comme en Juda, ni par ordre positif de Dieu, comme pour la postĂ©ritĂ© de JĂ©hu la rĂ©volte, le meurtre, les faisaient paraĂźtre ou disparaĂźtre. Bien plus, IsraĂ«l, avec son argent et son or, avait fait des idoles, et cet acte appelait le retranchement et la vengeance Ma colĂšre sâest enflammĂ©e contre eux » v. 5. Aussi lâAssyrien allait fondre sur les dix tribus comme un vautour. Entre ses serres elles sâĂ©crieront Mon Dieu, nous te connaissons, nous, IsraĂ«l ! » Cette connaissance qui sâaccommodait aux veaux de BĂ©thel et de Dan ne leur servira de rien v. 1, 2. Il en sera de mĂȘme en la tribulation future du peuple. Il dira Nous avons mangĂ© et bu en ta prĂ©sence et tu as enseignĂ© dans nos rues. Et lui, dira Je vous dis, je ne vous connais pas, ni ne sais dâoĂč vous ĂȘtes ; retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers dâiniquitĂ© » Luc 13 26, 27. Il en sera de mĂȘme aussi quand les chrĂ©tiens professants, sans vie et sans lâEsprit, viendront frapper Ă la porte et diront Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! Mais rĂ©pondant, il dira En vĂ©ritĂ©, je ne vous connais pas » Matt. 25 11, 12. â De fait, malgrĂ© son cri Nous te connaissons », IsraĂ«l Ă©tait sans Dieu. Eh bien ! mĂȘme son idole le rejetait Ton veau tâa rejetĂ©, Samarie », puisque lâAssyrien fondait victorieusement sur lui ; et, Ă son tour, cette idole elle-mĂȘme serait mise en piĂšces v. 6. Combien il est sĂ©rieux, quand on a reçu la rĂ©vĂ©lation du vrai Dieu, de se dĂ©tourner de Lui ! Ceux qui sĂšment le vent, moissonnent la tempĂȘte ». Tel fut le sort de ce pauvre peuple sous le prophĂšte OsĂ©e, mais cela reste vrai en tout temps. La chrĂ©tientĂ© a dâimmenses privilĂšges. Comme jadis Ă IsraĂ«l, les oracles de Dieu lui ont Ă©tĂ© confiĂ©s, et lâEsprit de Dieu les interprĂšte au milieu dâelle. Elle fait bien pis que de transgresser lâalliance et dâĂȘtre rebelle Ă la loi » v. 1, car elle rejette les promesses de Dieu et mĂ©prise sa grĂące. Que rĂ©coltera-t-elle, sinon un jugement sans rĂ©mission, Ă moins quâelle ne se repente ? Le jugement par lâAssyrien tombe sur la maison de lâĂternel » v. 1. Câest ainsi que le prophĂšte appelle les dix tribus, et lâon voit ce que cette maison Ă©tait devenue. Comme aujourdâhui la chrĂ©tientĂ©, IsraĂ«l Ă©tait une grande maison ou toute sorte dâiniquitĂ©s avaient Ă©lu domicile. Comme nous lâavons vu, chez le prophĂšte OsĂ©e, une image en fait naĂźtre une autre. Ce nâest pas le fleuve large et majestueux dâĂsaĂŻe qui prophĂ©tisait au mĂȘme temps que lui, mais un torrent impĂ©tueux qui sâĂ©lance en bouillonnant sous lâimpulsion de lâEsprit prophĂ©tique. Au moment oĂč il parle de semer le vent et de moissonner le tourbillon, lâimage seule de la moisson le force Ă demander sâil y a, en ĂphraĂŻm, du fruit pour Dieu Il nâa pas une tige de blĂ© ; elle germerait, quâelle ne produirait pas de farine ; et, en produisĂźt-elle, des Ă©trangers la dĂ©voreraient » v. 7. Point de fruit ! Rien qui germe, donnant quelque espĂ©rance pour lâavenir ! Rien qui puisse servir de nourriture ! Ce quâIsraĂ«l pourrait produire est dĂ©vorĂ© par les nations auxquelles il se confie. Maintenant, la nourriture Ă©puisĂ©e, il reste parmi les nations comme un vase vide dont on nâa que faire ! v. 9, 10. â ĂphraĂŻm nâayant aucune confiance en Dieu, son pĂ©chĂ© spĂ©cial est dâavoir recherchĂ© lâappui de lâAssyrien. Plus tard, ĂzĂ©chias montra que Juda ne se rendait pas coupable du pĂ©chĂ© dâĂphraĂŻm. OsĂ©e fait allusion Ă Menahem, roi dâIsraĂ«l, lequel, au temps dâAzaria, avait donnĂ© mille talents dâargent Ă Pul, roi dâAssyrie, afin que sa main fĂ»t avec lui, pour affermir le royaume dans sa main » 2 Rois 15 19 ; mais, dit le prophĂšte, maintenant je les assemblerai, et ils commenceront Ă ĂȘtre amoindris sous le fardeau du roi des princes » v. 10. Cependant lâidolĂątrie v. 11-14 Ă©tait le pĂ©chĂ© principal dâĂphraĂŻm, en punition duquel ils retourneraient en Ăgypte » v. 13. Remarquons ici que retourner en Ăgypte » est prĂ©sentĂ© comme une affaire morale et non comme un retour matĂ©riel en Ăgypte. IsraĂ«l avait recherchĂ© lâappui de ce pays, il retomberait dans la servitude dont le peuple avait jadis Ă©tĂ© dĂ©livrĂ©. Il en est de mĂȘme au chap. 9 3 ĂphraĂŻm retournera en Ăgypte, et mangera en Assyrie ce qui est impur ». Le retour en Ăgypte nâest pas autre chose que la captivitĂ© sous le joug de lâAssyrien amenĂ© par la recherche du secours de lâĂgypte. OsĂ©e est, comme nous lâavons vu, coutumier de ces images heurtĂ©es et de ces brusques transitions. Lâimage conduit Ă un fait nouveau en rapport avec elle. Ainsi au chap. 9 6, il nous est dit que lâĂgypte les rassemblera, que Moph les enterrera ». Ce fut le cas de Juda, comme nous le voyons dans le prophĂšte JĂ©rĂ©mie Ă 44, tandis quâOsĂ©e nous dit positivement, au chap. 11 5, quâĂphraĂŻm ne retournera pas dans le pays dâĂgypte, mais que lâAssyrien sera son roi ». â La distinction entre le sort dâIsraĂ«l et celui de Juda est introduite au v. 14 du chap. 8 Mais IsraĂ«l a oubliĂ© celui qui lâa fait ; et il bĂątit des palais, et Juda multiplie les villes fortes ; mais jâenverrai un feu dans leurs villes, et il dĂ©vorera leurs palais ». Cela explique la confusion apparente que nous trouvons au chap. 9. Tout en les distinguant sans cesse lâun de lâautre, le prophĂšte assimile parfois en certaines choses les deux royaumes, comme attirant sur eux le jugement de Dieu. - Chapitre 9 Les v. 1 Ă 4 du chap. 9 se relient aux v. 11 Ă 14 du chapitre prĂ©cĂ©dent. Tout ce quâIsraĂ«l, les dix tribus, et ĂphraĂŻm, leur reprĂ©sentant et leur conducteur, avaient, soi-disant, sacrifiĂ© Ă Dieu, ils lâavaient offert Ă eux-mĂȘmes Leur pain est pour eux-mĂȘmes » v. 4. Quand ils offraient un sacrifice 8 13, ils offraient seulement de la chair pour en manger. Le froment et le vin quâils cultivaient pour eux-mĂȘmes leur seraient ĂŽtĂ©s v. 2 ; ils mangeraient Ă la place les choses impures de lâAssyrie, du pays de leur captivitĂ© v. 3. Tout ce quâils offriront Ă lâĂternel sera souillĂ© ; Dieu ne lâacceptera pas, et eux se souilleront du produit mĂȘme de leur souillure. CâĂ©tait un cercle vicieux, partant dâeux-mĂȘmes et retournant Ă eux-mĂȘmes ; rien que souillure, rien pour Dieu. Leur pain nâentrerait pas » comme pain de proposition dans la maison de lâĂternel » v. 4. Ce principe est de tous les temps. Quelque belle apparence quâaient les oeuvres religieuses des hommes pĂ©cheurs, ils les font pour ĂȘtre satisfaits dâeux-mĂȘmes et non pour plaire Ă un Dieu quâils ne connaissent pas. Câest un pain souillĂ© qui nâa pas accĂšs dans la maison de Dieu. DâĂphraĂŻm, le prophĂšte passe sans transition Ă Juda v. 5-10. Ce fut lui, en effet, qui sâenfuit en Ăgypte et trouva son tombeau Ă Noph Moph, Memphis, Ă part quelques rĂ©chappĂ©s. Le reste des biens que les Juifs avaient emportĂ©s avec eux fut englouti dans ce dĂ©sastre. OsĂ©e annonce, au sujet de la dĂ©portation dâIsraĂ«l qui eut lieu peu de temps aprĂšs, la destruction des restes de Juda arrivĂ©e environ un siĂšcle et demi plus tard. Le mal Ă©tait tel que le prophĂšte Ă©tait comme saisi de folie quand il dĂ©taillait la grandeur de lâiniquitĂ© du peuple de Dieu Le prophĂšte est insensĂ©, lâhomme inspirĂ© est fou, Ă cause de la grandeur de ton iniquitĂ© et de la grandeur de ton hostilitĂ© » v. 7, parole Ă retenir pour expliquer lâincohĂ©rence apparente du prophĂšte OsĂ©e. â En effet, le mal Ă©tait si grand quâil le compare aux jours de Guibha » car il est dans ces versets sur le terrain des deux tribus, faisant allusion au crime de Benjamin Juges 19, qui avait jadis nĂ©cessitĂ© son extermination presque complĂšte. Aux v. 10-17, Dieu parle de lâensemble de son peuple, tel que Dieu lâavait contemplĂ© dans le dĂ©sert quelle beautĂ© alors dans cet IsraĂ«l ; quel rafraĂźchissement pour le coeur de Dieu qui trouvait en lui sa joie et ses dĂ©lices, comme des raisins dans le dĂ©sert ! » Nous trouvons, dâautre part, en JĂ©r. 2 1-3, quels Ă©taient les sentiments dâIsraĂ«l lui-mĂȘme, attirĂ© par le premier amour sur les pas de son Ă©poux et de son berger. HĂ©las ! bientĂŽt le peuple Ă©tait allĂ© aprĂšs Baal-PĂ©or, le dieu des filles de Moab v. 10; Nomb. 21. Avec quelle douleur le prophĂšte revient maintenant Ă ĂphraĂŻm, sa prĂ©occupation constante. Dieu lâavait vu comme une ville riche et florissante, une Tyr, entourĂ©e dâune campagne merveilleuse. QuâĂ©tait-il devenu ? Avait-il mieux valu que lâensemble du peuple en Sittim ? Non ; il nâavait rĂ©pondu en rien Ă lâattente de son Ă©poux. Comme une femme stĂ©rile il nâavait jamais conçu, jamais portĂ© de fruit, jamais produit aucun rejeton sur lequel pĂ»t reposer lâamour de son Ă©poux ; point dâenfantement » pour Dieu ! Car ĂphraĂŻm avait des fils de sa prostitution et, sous le jugement de Dieu, il serait obligĂ© de les mener dehors au meurtrier », Ă ce Jareb exterminateur dâIsraĂ«l. Et de nouveau v. 14-17, le prophĂšte se prend Ă apostropher lâensemble des neuf tribus dâune part, ĂphraĂŻm de lâautre. IsraĂ«l, pas plus quâĂphraĂŻm, nâavait rien produit pour Dieu. Celui-ci leur donne un sein qui avorte et des mamelles dessĂ©chĂ©es » ; il les frappe de stĂ©rilitĂ© â son jugement sur eux. Toute leur mĂ©chancetĂ© », dit-il, est Ă Guilgal », au lieu mĂȘme oĂč la chair avait Ă©tĂ© retranchĂ©e et oĂč lâopprobre dâĂgypte avait Ă©tĂ© roulĂ© de dessus le peuple. La chair se montre lĂ dans toute sa laideur, bravant la saintetĂ© de Dieu, aussi seront-ils chassĂ©s de sa maison ; Il ne les aimera plus ! » Tous leurs princes sont des rebelles. ĂphraĂŻm a Ă©tĂ© frappĂ© ; leur racine a sĂ©chĂ© ; ils ne produiront pas de fruit » v. 16 ; malĂ©diction finale prononcĂ©e plus tard par le Seigneur sur Juda, puis sur lâhomme, sur le figuier sans fruit. Que dĂ©sormais personne ne mange jamais du fruit de toi⊠Et ils virent le figuier sĂ©chĂ© depuis les racines » Marc 11 14, 20. Le seul miracle du Seigneur qui ne soit pas un miracle dâamour est mentionnĂ© dans ces pages vengeresses. En ĂphraĂŻm, dans lâhomme, il nây avait point dâenfantement v. 11, mais, si mĂȘme ils enfantent, Dieu fera mourir le fruit prĂ©cieux de leur sein » v. 16. Les dix tribus ne se multiplieront pas, et il en est ainsi jusquâĂ aujourdâhui, elles ont disparu sans trace, tandis que ceux de Juda car ce chapitre traite alternativement de lâun et de lâautre seront errants parmi les nations » v. 17, et tels ils sont encore. - Chapitre 10 Le chap. 10 continue, sans interruption, le mĂȘme sujet. Les v. 1-3 prĂ©sentent ce quâIsraĂ«l Ă©tait maintenant, en contraste avec ce quâil avait Ă©tĂ© au commencement 9 10. IsraĂ«l est une vigne branchue ; il porte du fruit pour lui-mĂȘme ». Dieu avait autrefois trouvĂ© ses dĂ©lices en IsraĂ«l comme des raisins dans le dĂ©sert, quoiquâils eussent, sans doute, bien vite abandonnĂ© le Dieu vivant pour Baal-PĂ©or 9 10 ; mais ici IsraĂ«l câest en particulier des dix tribus quâil parle Ă©tait devenu une vigne branchue, belle dans son dĂ©veloppement, ayant toute lâapparence de force, de puissance et de vitalitĂ©, mais sans porter aucun fruit pour Dieu. Tous ses fruits, il les avait portĂ©s pour lui-mĂȘme cf. 9 4. La chrĂ©tientĂ© offre le mĂȘme spectacle que cette vigne branchue. Elle nous est montrĂ©e sous la figure dâun grand arbre issu dâune petite semence, assez puissant pour offrir un abri aux oiseaux des cieux et de lâombre aux bĂȘtes des champs, mais oĂč est son fruit pour Dieu ? Matthieu 13 32. ĂphraĂŻm avait employĂ© toute sa prospĂ©ritĂ© matĂ©rielle Ă multiplier ses autels. PlantĂ© dans une campagne agrĂ©able 9 13, Ă quoi a-t-il fait servir la beautĂ© de son pays ? Ă rendre belles ses statues ! » v. 1. Aussi Dieu, dans son indignation, abattra tout cet appareil de lâidolĂątrie, et maintenant », au moment oĂč le prophĂšte parle, ils diront nous nâavons pas de roi ». Nous savons, en effet, quâavant lâavĂšnement dâOsĂ©e, leur dernier roi, une pĂ©riode dâanarchie eut lieu, pendant laquelle le peuple coupable, se voyant abandonnĂ© de Dieu, disait Un roi, que ferait-il pour nous ? » v. 3. v. 4-6. â Ils prononcent des paroles, ils jurent faussement, et ils concluent une alliance ». Cela arriva littĂ©ralement Ă leur dernier roi, OsĂ©e. Tout en concluant une alliance avec ShalmanĂ©ser, roi dâAssyrie, auquel il prĂȘtait un faux serment, il recherchait traĂźtreusement lâappui de SĂŽ, roi dâĂgypte 2 Rois 17 4-6. Une scĂšne semblable se renouvela beaucoup plus tard sous SĂ©dĂ©cias, roi de Juda, Ă lâĂ©gard du roi de Babylone 2 Chron. 36 13. â Aussi le jugement, comme une plante vĂ©nĂ©neuse », croĂźtra dans les sillons de ses champs, dĂ©truisant tout espoir de moisson. ShalmanĂ©ser se vengea de la trahison dâOsĂ©e, monta contre les dix tribus et assiĂ©gea Samarie, leur capitale. Que fait le peuple de Samarie en prĂ©sence du jugement qui fond sur lui ? Il tremble pour son veau », pour lâidole de BĂ©thel, lieu que dans son indignation le prophĂšte appelle Beth-Aven comme en 4 15; 5 8; 10 8, maison de vanitĂ© ou dâiniquitĂ©. Un Beth-Aven existait, de fait, du temps de JosuĂ©. Dans la dĂ©limitation des frontiĂšres assez restreintes de Benjamin, il est mentionnĂ© comme un lieu dĂ©sert peu Ă©loignĂ© de BĂ©thel JosuĂ© 18 12, 13. Mais le prophĂšte emploie ce terme que lâon peut aussi traduire maison dâidoles » pour caractĂ©riser ce que BĂ©thel, la maison de Dieu, Ă©tait devenue. CâĂ©tait Ă Dan et Ă BĂ©thel que JĂ©roboam I avait Ă©tabli les veaux dâor 1 Rois 12 29. BĂ©thel Ă©tait dĂ©sormais un vĂ©ritable dĂ©sert, une maison dâidoles, une vanitĂ©, une abomination pour le Dieu qui en avait fait sa maison et y avait confirmĂ© solennellement ses promesses de grĂące Ă Jacob Gen. 28 19; 35 15. Le veau dâor avait ses Camarim, ses sacrificateurs qui tremblaient pour lui. Comme plus tard, lors de lâĂ©meute au sujet de la grande Diane des EphĂ©siens, si le veau dâor disparaissait, tout lâespoir de leur gain Ă©tait anĂ©anti. La valeur monĂ©taire de lâidole jouait aussi un rĂŽle dans le deuil du peuple. Son trĂ©sor, le tĂ©moin de sa prospĂ©ritĂ© matĂ©rielle, en mĂȘme temps que son dieu, lui Ă©tait enlevĂ© pour ĂȘtre portĂ© Ă ShalmanĂ©ser, le roi Jareb de ce jour-lĂ , lâennemi dâĂphraĂŻm. Samarie est dĂ©truite, son roi a pĂ©ri, comme un fĂ©tu sur la face des eaux ; et les hauts lieux dâAven, le pĂ©chĂ© dâIsraĂ«l, seront dĂ©truits. LâĂ©pine et la ronce monteront sur leurs autels ; et ils diront aux montagnes Couvrez-nous ! et aux collines Tombez sur nous » v. 7, 8. Ces versets correspondent Ă 2 Rois 17 4-6. Le prophĂšte nous apprend quâOsĂ©e devait pĂ©rir aprĂšs avoir Ă©tĂ© mis en prison et liĂ© de chaĂźnes par ShalmanĂ©ser. Tout cela Ă©tait proche, mais encore Ă venir au temps du prophĂšte. LâidolĂątrie dâĂphraĂŻm devait disparaĂźtre de dessous la face des cieux ; lâĂ©pine et la ronce devaient recouvrir ses autels, BĂ©thel redevenir le dĂ©sert de Beth-Aven. Il en est encore ainsi aujourdâhui. Cependant, comme toujours, la prophĂ©tie ne sâarrĂȘte pas Ă une interprĂ©tation prochaine, mais nous reporte vers un temps futur, oĂč, non plus Ă la suite de lâidolĂątrie, mais aprĂšs le rejet du Christ, le jugement atteindra ce peuple coupable. Câest ce quâannonçait le Seigneur aux filles de JĂ©rusalem, quand il se rendait au Calvaire Filles de JĂ©rusalem, ne pleurez pas sur moi ; mais pleurez sur vous-mĂȘmes et sur vos enfants ; car voici, des jours viennent, dans lesquels on dira Bienheureuses les stĂ©riles, et les ventres qui nâont pas enfantĂ©, et les mamelles qui nâont pas nourri cf. OsĂ©e 9 11, 14. Alors ils se mettront Ă dire aux montagnes Tombez sur nous ; et aux coteaux Couvrez-nous ; car sâils font ces choses au bois vert, que sera-t-il fait au bois sec ? » Luc 23 28-31. Tel sera aussi le cri des hommes, depuis les rois jusquâaux esclaves, sous le sixiĂšme sceau de lâApocalypse, quand ils se cacheront devant la colĂšre de lâAgneau Apoc. 6 16, 17. Dans les v. 9 Ă 15 le prophĂšte enveloppe de nouveau Juda avec IsraĂ«l dans le mĂȘme jugement. Guibha, comme nous lâavons vu plus haut 9 9, parle du pĂ©chĂ© de Benjamin, mais le prophĂšte fait ressortir que la guerre contre les fils dâiniquitĂ© » nâavait pas atteint Ă Guibha ceux dâIsraĂ«l qui se posaient en champions de la justice v. 9. Aussi arriverait-il un temps oĂč Dieu chĂątierait ceux qui avaient Ă©tĂ© les instruments du chĂątiment de Benjamin. Juda et les dix tribus seraient liĂ©s pour leurs deux iniquitĂ©s ». Tous deux, nous dit le prophĂšte, seront asservis au joug des nations ĂphraĂŻm est une gĂ©nisse dressĂ©e, qui aime Ă fouler le blĂ© ; et jâai passĂ© sur son beau cou je ferai tirer le chariot Ă ĂphraĂŻm ; Juda labourera, et Jacob hersera ». Ils seront esclaves, chacun dâeux dans des circonstances et Ă des Ă©poques diverses, pour faire lever et prospĂ©rer les moissons des Ă©trangers ! Ah ! nâĂ©tait-il pas temps encore de semer en justice pour moissonner selon la piĂ©tĂ©, de dĂ©fricher un terrain neuf, de recommencer une vie, produit dâune nouvelle naissance, et de chercher lâĂternel ? v. 12. DĂšs quâIsraĂ«l suivra cette voie le Seigneur viendra, comme la pluie, apporter la justice au terrain ainsi prĂ©parĂ© cf. 6 3. Mais il est impossible quâune telle bĂ©nĂ©diction se produise sans la repentance et la conversion qui cherche lâĂternel ». Pourquoi et pour qui ĂphraĂŻm et Juda avaient-ils travaillĂ© jusque-lĂ ? Vous avez labourĂ© la mĂ©chancetĂ©, moissonnĂ© lâiniquitĂ©, mangĂ© le fruit du mensonge » v. 13. Ainsi, comme toujours en OsĂ©e, les images produisent pour ainsi dire les pensĂ©es, et nous voyons le labourage signifier Ă la fois le joug des nations, lâiniquitĂ© du peuple et le retour du coeur Ă lâĂternel. Mais bientĂŽt toutes les forteresses dâĂphraĂŻm seront dĂ©truites comme Shalman dĂ©truisit Beth-Arbel au jour de la guerre », câest-Ă -dire comme ShalmanĂ©ser, dont lâarmĂ©e fit le siĂšge de Samarie, dĂ©truisit sans doute, dâune maniĂšre terrible, Beth-Arbel, une de ces forteresses qui nâest nommĂ©e que dans ce passage. Enfin ce chapitre se termine par ces mots prophĂ©tiques A lâaube du jour, le roi dâIsraĂ«l aura entiĂšrement cessĂ© dâĂȘtre » v. 15. Avec le roi OsĂ©e, la royautĂ© sur les dix tribus va prendre fin, rentrer dans le nĂ©ant, et il nâen sera plus jamais question. 4 - TROISIĂME PARTIE CHAPITRES 11-13 Jugements mĂ©langĂ©s dâespĂ©rances. - Chapitre 11 Le nouvel IsraĂ«l et la misĂ©ricorde aprĂšs les jugements. Les chap. 11 Ă 13 ont ceci de particulier que, semblables aux trois premiers chapitres, ils ajoutent au dĂ©bat des chap. 4 Ă 10 des paroles dâapaisement, des lueurs dâespĂ©rance, des allusions Ă un LibĂ©rateur futur, le souvenir des grĂąces premiĂšres et lâespoir de dĂ©livrances futures. Ces chapitres prĂ©parent le chapitre final, la pleine restauration dâIsraĂ«l sur le chemin de la repentance. Dans tous les chapitres qui prĂ©cĂšdent, un seul passage, et encore est-il mis comme une exhortation dans la bouche du prophĂšte 6 1-3, pourrait se rapprocher de ceux que nous allons rencontrer. Ici, nous en avons fini en grande partie avec les scĂšnes dâindignation si fougueuses, avec les images si imprĂ©vues dont nous avons Ă©tĂ© souvent obligĂ©s de paraphraser le texte, verset aprĂšs verset, pour en faire comprendre le sens. Au chap. 11 lâorage sâĂ©loigne dĂ©jĂ , mais nâa pas cessĂ© complĂštement. Ici et lĂ un grondement de tonnerre, un Ă©clair qui tombe, montrent que tout nâest pas fini. Mais dĂ©jĂ , de temps Ă autre, un rayon de soleil perce les sombres nuĂ©es, le vent ne mugit plus en rafales inattendues ; une haleine plus douce annonce que la saison nouvelle nâest pas loin de paraĂźtre. v. 1-7. â AprĂšs avoir mentionnĂ© la destruction totale dâĂphraĂŻm et de son roi, le prophĂšte revient Ă lâhistoire passĂ©e dâIsraĂ«l et nous dit comment, dans sa jeunesse, Dieu avait pris plaisir en lui. Il lâavait adoptĂ©, lâavait appelĂ© hors dâĂgypte pour le conduire en Canaan, comme il avait appelĂ© Abraham hors dâUr des ChaldĂ©ens. Dieu avait fait tout cela ; IsraĂ«l, en lui-mĂȘme, nâavait dâautre attrait pour Lui que sa jeunesse sans dĂ©fense et le joug dâesclavage qui pesait sur lui. De son libre choix Dieu lâavait aimĂ© et placĂ© en relation intime avec Lui. Pouvait-il y avoir intimitĂ© plus grande que celle dâun fils avec son pĂšre ? Le prophĂšte a dĂ©jĂ fait allusion, au chap. 9 10, au prix que lâĂternel attachait Ă la possession dâIsraĂ«l. Quâest-ce que le peuple avait fait de tous ces privilĂšges ? Ils se dĂ©tournaient quand les prophĂštes venaient leur parler ; et, chose affreuse, ils sacrifiaient aux Baals et brĂ»laient de lâencens aux images taillĂ©es » v. 2. Cette conduite nâavait pas lassĂ© la patience de Dieu. Tenant compte de lâextrĂȘme jeunesse de son peuple, comme un tendre pĂšre le ferait Ă lâĂ©gard dâun petit enfant, il lui avait appris Ă marcher ici nous retrouvons ĂphraĂŻm seul, lâavait pris sur ses bras, comme un enfant fatiguĂ© â quel amour, quels tendres soins ! â mais ĂphraĂŻm nâavait eu aucune conscience de toute la sollicitude de Dieu Ă son Ă©gard ils ne savaient pas que je les guĂ©rissais ». Dieu les excusait encore. Ă mesure quâils grandissaient, ses soins pour eux grandissaient aussi, et sâadaptaient Ă leur Ăąge. Comme un guide attentif Ă lâĂ©gard dâun voyageur, Dieu les liait par des cordeaux dâamour pour les attirer aprĂšs Lui. Ils Ă©taient empĂȘchĂ©s de se nourrir librement, par le joug qui pesait sur leurs mĂąchoires ; que de fois Dieu avait desserrĂ© le joug pour leur donner doucement Ă manger ! Tout ce tableau de la tendresse de Dieu Ă leur Ă©gard est propre Ă toucher le coeur et Ă atteindre la conscience de son peuple. Mais tout a Ă©tĂ© en pure perte. Combien de fois pendant la marche du dĂ©sert leur coeur Ă©tait retournĂ© en Ăgypte, combien de fois, depuis leur entrĂ©e en Canaan, ils sâĂ©taient orientĂ©s du cĂŽtĂ© de ce pays dâesclavage, quand surgissaient les difficultĂ©s, fruit de leur infidĂ©litĂ©. En ces jours de dĂ©clin, ĂphraĂŻm sâĂ©tait particuliĂšrement caractĂ©risĂ© par la recherche des secours de lâĂgypte, comme nous lâavons vu dans les chapitres prĂ©cĂ©dents, et dans son histoire. DĂ©sormais, dit lâĂternel, il ne retournera pas dans le pays dâĂgypte, mais lâAssyrien sera son roi ». Tous ses instincts et ses dĂ©sirs lây portaient ; il ne tenait aucun compte de ce que Dieu lâavait appelĂ© hors dâĂgypte, â mais, dit le prophĂšte, il nâeffectuera pas ce retour et sera transportĂ© dans des contrĂ©es lointaines par lâAssyrien qui dominera sur lui. Autre fut le sort de Juda ; rebelle Ă la parole de JĂ©rĂ©mie, il persista Ă se rĂ©fugier en Ăgypte pour fuir le joug de Babylone, et ne put Ă©chapper Ă sa destruction. Telle est la fin de lâhistoire dâĂphraĂŻm, mais, grĂące infinie, ce nâest pas la fin de lâhistoire de Dieu. Il nous est dit, en Matt. 2 15, que Joseph prit le petit enfant JĂ©sus et se retira en Ăgypte, afin que fĂ»t accompli ce que le Seigneur avait dit par le prophĂšte, disant Jâai appelĂ© mon fils hors dâĂgypte ». Tel Ă©tait lâaurait-on cru ? le but de la prophĂ©tie dâOsĂ©e ; elle sâaccomplissait dans cet Ă©vĂ©nement. Dieu avait un autre, un second IsraĂ«l, objet de ses conseils dâĂ©ternitĂ© ; celui-lĂ devait le glorifier et rĂ©pondre Ă toutes les exigences de sa saintetĂ©, de sa justice et de son amour. La vigne dâIsraĂ«l que lâĂternel avait plantĂ©e nâavait produit pour Dieu que des grappes sauvages Ăs. 5 ; la vigne branchue » avait portĂ© du fruit pour elle-mĂȘme 10 1. Aussi ses clĂŽtures ont Ă©tĂ© rompues et les bĂȘtes des champs lâont broutĂ©e. Mais le Seigneur regardera des cieux et Ă un certain moment visitera ce cep que sa droite avait plantĂ© et ce provin quâil avait fortifiĂ© pour Lui, câest-Ă -dire quâil rĂ©tablira IsraĂ«l. Mais comment ? En mettant sa main sur lâhomme de sa droite, sur le fils de lâhomme quâil a fortifiĂ© pour lui ». IsraĂ«l ressuscitera et sera de nouveau introduit dans la bĂ©nĂ©diction par le vrai fils de la droite de Dieu Ps. 80, par le vrai cep Jean 15 qui seul peut porter pour lâĂternel les sarments dâIsraĂ«l. Seulement le vrai cep nâattend pas sa gloire future de Messie, pour porter du fruit pour Dieu. Il en porte maintenant sur la terre et tous les sarments dâentre les nations qui sont aujourdâhui en relation vivante avec lui icibas, formeront dans la gloire son Ăpouse cĂ©leste, tandis quâIsraĂ«l, uni Ă son Messie, reparaĂźtra dans le royaume millĂ©naire comme la vigne de lâĂternel. v. 8-11. â Au chap. 6 4, Dieu avait demandĂ© Que te ferai-je, ĂphraĂŻm ? » montrant quâil nây avait plus de jugement assez sĂ©vĂšre pour lui et pour Juda. Ici il sâĂ©crie Que ferai-je de toi, ĂphraĂŻm ? Comment te livrerais-je, IsraĂ«l ? » Christ, le vrai IsraĂ«l, ayant Ă©tĂ© appelĂ© hors dâĂgypte, un moyen Ă©tait trouvĂ© pour faire intervenir la grĂące. Dieu ferait-il dâIsraĂ«l ce quâil avait fait des rois de Canaan, des rois dâAdma et de TseboĂŻm, aux jours dâAbraham ? Gen. 14 2. Non, dit-il, mon coeur est changĂ© en moi ; toutes ensemble mes compassions se sont Ă©mues. Je ne donnerai pas cours Ă lâardeur de ma colĂšre, je ne dĂ©truirai pas de nouveau ĂphraĂŻm ; car je suis Dieu, et non pas un homme, â le Saint au milieu de toi ; et je ne viendrai pas avec colĂšre » v. 8, 9. Un jour arrivera oĂč ses voies changeront envers son peuple, oĂč il donnera libre cours Ă ses compassions ; il est Dieu, et la colĂšre ne fait pas partie de son Etre, quoiquâil ait Ă©tĂ© obligĂ© de manifester sa justice en jugement â mais il est amour. Il est Saint, sans doute, au milieu de son peuple, et il faut que ce dernier le sache et en fasse lâexpĂ©rience, mais il est avant tout un Dieu Ă©mu de compassion. JĂ©sus nâa-t-il pas Ă©tĂ© cela, lui le Fils de Dieu appelĂ© hors dâĂgypte ? Venu comme Dieu, comme Emmanuel, Ă IsraĂ«l, Ă©tait-ce pour le juger ? Sa vie nâa-t-elle pas Ă©tĂ©, dâun bout Ă lâautre, une vie de compassion ? Lisez Matt. 9 36 ; 14 14 18, 27 ; 20 34 ; Marc 6 34 ; 9 22 ; Luc 10 33 ; 15 20. Il est venu manifester Ă ce misĂ©rable peuple et Ă tous les hommes ce quâil y avait dans son coeur, dans le coeur de Dieu pour eux. Aussi lâapĂŽtre Paul, rĂ©sumant tout ce quâil venait de rĂ©vĂ©ler au sujet des pensĂ©es de Dieu envers lâhomme, pouvait dire Je vous exhorte, frĂšres, par les compassions de Dieu » Rom. 12 1. Câest la venue du Fils de sa droite, du vrai Benjamin, premier-nĂ© quoique dernier-nĂ©, qui a ouvert lâĂ©cluse des compassions de Dieu, alors que le Dieu saint, dans le gouvernement de son peuple, aprĂšs avoir ouvert lâĂ©cluse de ses jugements, aurait dĂ» leur donner cours jusquâĂ Ă©puisement. Quel changement sâest opĂ©rĂ© avec la venue de Christ ! Lâhistoire dâIsraĂ«l a recommencĂ© avec Lui, Ă la gloire de Dieu, que son ancien peuple avait livrĂ©e Ă lâopprobre. Ce nouvel IsraĂ«l, jeune enfant, Ă©tait Celui dont Dieu avait dit Tu es mon Fils ; aujourdâhui je tâai engendrĂ© » Ps. 2. Il lâa appelĂ© hors dâĂgypte, pour lâintroduire comme Roi en Canaan sur son peuple terrestre ; il lâa aussi appelĂ© hors dâĂgypte, hors du monde, pour lâintroduire, et tous ses rachetĂ©s avec Lui, dans les dĂ©lices de la Canaan cĂ©leste ! Alors, dit le prophĂšte, ils marcheront aprĂšs lâĂternel » v. 10. Le lion de Juda nâaura quâĂ faire entendre son rugissement, pour que les fils » accourent de toute part vers lui. Il ne rugira plus contre eux, mais contre les nations qui les ont asservis ; eux auront confiance dans ce rugissement. Ils arriveront de lâOccident Juda, de lâAssyrie IsraĂ«l. Ă tire-dâaile ils fuiront lâĂgypte, comme jadis quand le Seigneur les appelait Ă en sortir. Nâavons-nous pas raison de dire quâun tel chapitre respire la compassion plus encore que les jugements, lâespĂ©rance dâIsraĂ«l plus que sa destruction ? Câest que le petit enfant, le second Adam, va paraĂźtre, et que dĂ©jĂ le prophĂšte lâannonce en paroles mystĂ©rieuses ! Le retour des dix tribus nâaura lieu quâ aprĂšs la gloire » ; le retour national de Juda aura lieu auparavant, dans lâincrĂ©dulitĂ©, quand les vaisseaux rapides » ramĂšneront ce peuple en Palestine, mais quand leur nombre 1 serait comme le sable de la mer, le rĂ©sidu seul sera sauvĂ© » Rom. 9 27. Dieu ne reconnaĂźtra comme son peuple que ceux quâil aura scellĂ©s, Juda en tĂȘte, la tribu du grand Roi, Benjamin Ă lâarriĂšre-garde, la tribu du Fils de sa droite Apoc. 7 5-8. - Chapitre 12 Menaces et promesses. Le chapitre 11 avait pour sujet principal la misĂ©ricorde envers les dix tribus et lâintroduction du nouvel IsraĂ«l ; le chapitre 12 traite Ă©ventuellement de Juda et parle du relĂšvement, aux derniers jours, de lâensemble du peuple. Le prophĂšte commence par mettre en regard la condition dâĂphraĂŻm et celle de Juda au moment mĂȘme oĂč sa prophĂ©tie est Ă©mise. ĂphraĂŻm mâentoure de mensonge, et la maison dâIsraĂ«l de fraude ; mais Juda marche encore avec Dieu et avec les vrais saints » v. 1. Cette phrase est importante pour lâintelligence de toute la prophĂ©tie dâOsĂ©e. Elle a souvent Ă©tĂ© traduite ainsi Juda est encore sans frein Ă lâĂ©gard de Dieu et du vrai Saint ». Affaire non de grammaire, mais dâintelligence spirituelle et, pour notre part, nous sommes persuadĂ©s que la seconde version ĂŽterait Ă ce chapitre son vrai caractĂšre. La pensĂ©e que Juda marche encore avec Dieu » correspond dâune maniĂšre frappante Ă ce qui nous est dit en 2 Chron. 12 12 et 19 3. Tandis quâĂphraĂŻm, qui avait semĂ© le vent 8 6, sâen repaissait, se nourrissait de vaines espĂ©rances, et agissait avec fourberie, cherchant Ă se concilier ces deux ennemis irrĂ©conciliables, lâAssyrie et lâĂgypte v. 2, Juda marchait encore avec son Dieu. Combien de temps cela dura-t-il ? Un peu plus dâun siĂšcle, jusquâĂ la captivitĂ© de Babylone, mais Dieu faisait encore trĂȘve au jugement dans les jours dâOsĂ©e. Il y avait encore de vrais saints et la crainte de Dieu au milieu du dĂ©clin si manifeste de Juda. Les yeux de Dieu se reposaient avec complaisance sur un Ozias, sur un Jotham, sur un ĂzĂ©chias et, plus tard, sur Josias, dont le rĂšgne fleurit aprĂšs la transportation des dix tribus. Mais Juda allait-il persister ? QuâĂ©tait, mĂȘme sous ces rĂšgnes bĂ©nis, lâensemble du peuple ? Le prophĂšte, ainsi que lâhistoire, nous lâapprennent. LâĂternel », nous est-il dit, a aussi un dĂ©bat avec Juda, et il punira Jacob selon ses voies, et il lui rendra selon ses actions » v. 3 *. * Comme nous lâavons dit dans lâIntroduction, Jacob est ici lâensemble du peuple en rapport avec Juda son chef, comme IsraĂ«l est lâensemble des dix tribus en rapport avec son chef ĂphraĂŻm. Mais Jacob retournera-t-il Ă Dieu ? Oui, car si, dĂšs le dĂ©but, il a, par ruse, supplantĂ© son frĂšre, il arrivera un moment oĂč il rencontrera Dieu et aura Ă lutter avec Lui. Dans le ventre il prit son frĂšre par le talon, et par sa force il lutta avec Dieu ; oui, il lutta avec lâange et prĂ©valut il pleura et le supplia » v. 4, 5. Il lutta avec Dieu par sa force ; alors lâange toucha lâemboĂźture de sa hanche et il dut faire lâexpĂ©rience de sa faiblesse. Cependant il prĂ©valut. Quel est donc le moyen de prĂ©valoir dans la lutte avec Dieu ? Le voici Il pleura et supplia. Il faut que Jacob soit vainqueur pour pouvoir hĂ©riter de la bĂ©nĂ©diction, et le moyen de vaincre et de lâobtenir, câest la repentance et la priĂšre. Cependant Jacob, quoiquâil pĂ»t dire Mon Ăąme a Ă©tĂ© dĂ©livrĂ©e » Gen. 32 30, nâavait pas encore retrouvĂ© la communion avec Dieu. Lâange refuse de lui dire son nom et le patriarche ne rencontre Dieu quâĂ BĂ©thel Ă BĂ©thel il le trouva » v. 5. Une premiĂšre fois, fuyant la maison paternelle, il avait rencontrĂ© lâĂternel Ă BĂ©thel, mais dans un songe Gen. 28 13-22. Une seconde fois, Ă MahanaĂŻm Gen. 32 24-32, il le rencontre face Ă face », mais sans que lâange lui dĂ©clare son nom. Une troisiĂšme fois, enfin, Ă BĂ©thel, il le trouve rĂ©ellement, aprĂšs sâĂȘtre purifiĂ© et avoir enterrĂ© ses idoles Gen. 35 11. â LĂ il parla avec nous » v. 5. Quand il a retrouvĂ© la prĂ©sence de lâĂternel dans sa maison de BĂ©thel, Jacob entre en communion avec Lui, entend, comprend, jouit de sa parole. Et lâĂternel, le Dieu des armĂ©es â lâĂternel est son mĂ©morial » v. 6. Son mĂ©morial est son nom mĂȘme dâĂternel, tel quâil lâa rĂ©vĂ©lĂ© Ă IsraĂ«l Exode 3 15. Auparavant Exode 6 3, il sâĂ©tait rĂ©vĂ©lĂ© comme le Tout-puissant Ă Abraham, Ă Isaac et Ă Jacob, mais quand il se rĂ©vĂšle Ă IsraĂ«l par la bouche de MoĂŻse, son nom Ăternel est son nom Ă©ternellement, et câest lĂ son mĂ©morial de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration ». Or, pour retrouver cette relation bĂ©nie avec Dieu, il faut quâIsraĂ«l se convertisse comme le patriarche Et toi, retourne Ă ton Dieu, garde la piĂ©tĂ© et le jugement, et attends-toi Ă ton Dieu continuellement » v. 7. En rĂ©sumĂ©, la portĂ©e de tout ce passage, en apparence si Ă©nigmatique, est celle-ci IsraĂ«l ne peut retrouver ses relations avec son Dieu et la communion avec lui, que dans le sentiment de sa propre impuissance, par lâhumiliation et la repentance, en abandonnant ses idoles pour rechercher la face de son Dieu. Câest par une vraie conversion quâil sera capable de garder la piĂ©tĂ© », de conserver ces heureux rapports avec Dieu, â le jugement », â le discernement nĂ©cessaire pour se sĂ©parer du mal, â enfin lâattente continuelle de son Dieu », câest-Ă -dire, la dĂ©pendance. v. 8-15. â AprĂšs avoir traitĂ© du retour, de lâhumiliation, de la repentance de Juda, et de tout le peuple, le prophĂšte revient Ă ĂphraĂŻm et ne le quitte plus jusquâĂ la fin de sa prophĂ©tie. Dans le mĂȘme style abrupt et sans transitions, comme toujours, il exprime la pensĂ©e de Dieu Ă lâĂ©gard des dix tribus Câest un marchand ; la fausse balance est dans sa main ; il aime Ă extorquer » v. 8. Mais cette accusation nâatteint pas la conscience dâĂphraĂŻm ; il dit Toutefois je me suis enrichi, je me suis procurĂ© des biens. Dans tout mon travail on nâa trouvĂ© contre moi aucune iniquitĂ© qui soit pĂ©chĂ© ». Quelle satisfaction de soi-mĂȘme et de son travail ! Quelle ignorance de son propre coeur ! Involontairement on pense Ă LaodicĂ©e, disant les mĂȘmes paroles Ă la veille dâĂȘtre vomie de la bouche du Seigneur Tu dis Je suis riche, et je me suis enrichi, et je nâai besoin de rien ; et tu ne connais pas que toi tu es le malheureux, et le misĂ©rable, et pauvre, et aveugle, et nu â Apoc. 3 17. Ainsi la fin de la chrĂ©tientĂ© sera caractĂ©risĂ©e par le mĂȘme aveuglement que celui dâIsraĂ«l. Il suffit Ă ĂphraĂŻm quâune enquĂȘte humaine nâait pas trouvĂ© chez lui dâactes rĂ©prĂ©hensibles qui le fassent tomber sous la sentence de la loi. Sans parler des idoles dont, chose stupĂ©fiante, il ignore ici lâexistence. Mais le monde dâaujourdâhui connaĂźt-il ses idoles ? Maintenant, comme alors, la pensĂ©e dâun Dieu qui sonde lâhomme et le connaĂźt, est complĂštement ignorĂ©e. Et, quant Ă IsraĂ«l, la fraude coutumiĂšre de Jacob le caractĂ©rise encore. En prĂ©sence dâun tel endurcissement de conscience, lâĂternel va, sans doute, tourner dĂ©finitivement le dos Ă ce triste peuple ! Câest parce que lâon sây attend quâon est confondu dâentendre lâĂternel sâexprimer ainsi au v. 10 Et moi, lâĂternel ton Dieu dĂšs le pays dâĂgypte, je te ferai encore habiter sous des tentes, comme aux jours de la fĂȘte solennelle ». Quelle grĂące inattendue ! Il y aura pour toi, misĂ©rable ĂphraĂŻm, un repos glorieux aprĂšs la traversĂ©e du dĂ©sert dans lequel je te chasserai de nouveau. Il y aura pour toi une fĂȘte des tabernacles qui suivra la moisson et la vendange. Si tu mâas oubliĂ©, moi, je nâai pas oubliĂ© que, dĂšs la rĂ©demption opĂ©rĂ©e en ta faveur quand je te fis sortir dâĂgypte, jâavais la pensĂ©e de te faire cĂ©lĂ©brer ce repos final. ImmĂ©diatement Dieu reprend le cours des amers reproches v. 11-15. ĂphraĂŻm avait-il jamais Ă©coutĂ© Celui qui lui parlait par lâinspiration des prophĂštes, par leurs visions et leurs similitudes ? Non, il avait offert des sacrifices que Dieu ne pouvait accepter, aussi leurs autels seraient comme des tas de pierres dans les sillons des champs ! DĂ©jĂ le jugement Ă©tait tombĂ© sur Galaad, les deux tribus et demie au delĂ du Jourdain 2 Rois 15 29 ; 1 Chron. 5 26, mais que serait-ce quand il tomberait sur ĂphraĂŻm ? v. 12. Veuille repasser, ĂŽ ĂphraĂŻm, lâhistoire de Jacob, lâhistoire dâIsraĂ«l ! Nâest-elle pas une vision et une similitude prophĂ©tique qui sâadresse Ă toi ? Jacob nâa-t-il pas dĂ» fuir dans la plaine de Syrie, parce quâil avait subornĂ© son frĂšre ? Jacob nâa-t-il pas Ă©tĂ© gardĂ© en esclavage, et cette servitude ne sâest-elle pas prolongĂ©e jusquâĂ son union avec la femme quâil aimait ? Cependant IsraĂ«l fut dĂ©livrĂ© Ă la fin de sa longue captivitĂ© Par un prophĂšte MoĂŻse, lâĂternel fit monter IsraĂ«l dâĂgypte » ; par ce mĂȘme prophĂšte il fut gardĂ© » jusquâĂ la fin des jours du dĂ©sert. Il en sera de mĂȘme pour IsraĂ«l La parole de Dieu lâesprit de prophĂ©tie, le tĂ©moignage de JĂ©sus, Apoc. 19 10; 22 7, parole quâils ont mĂ©prisĂ©e quand le Seigneur multipliait pour eux ses prophĂštes, cette parole les ramĂšnera Ă la fin. Mais, quant Ă ĂphraĂŻm v. 15, pour le moment la colĂšre de Dieu demeure sur lui. Câest ainsi que sâentremĂȘlent les menaces, les supplications, les jugements, les espĂ©rances et les promesses, dans cette merveilleuse prophĂ©tie. Ah ! si, aujourdâhui, la chrĂ©tientĂ© voulait entendre ! Son sort sera bien plus terrible que celui dâIsraĂ«l, car IsraĂ«l sera restaurĂ©, et la chrĂ©tientĂ©, devenue la grande Babylone, sera dĂ©truite pour toujours ! - Chapitre 13 Derniers Ă©clats. Aube de la dĂ©livrance. Au chap. 13, lâorage soulevĂ© contre ĂphraĂŻm infidĂšle fait entendre de nouveau sa grande voix. Un dernier tourbillon de colĂšre semble tout briser sur son passage. Puis il se fait un grand silence, le silence de la mort. Alors, du sein de la mort mĂȘme sâĂ©lĂšve une voix libĂ©ratrice v. 14. Encore un dernier coup de vent dâOrient, un fracas de terreur et de carnage. La destruction dâĂphraĂŻm est consommĂ©e v. 15, 16. Alors enfin sonne lâheure du rĂ©veil sous le rĂšgne glorieux du Messie chap. 14. v. 1. â Quand ĂphraĂŻm parlait, câĂ©tait une terreur ; il sâĂ©leva en IsraĂ«l mais il se rendit coupable par Baal, et mourut. » Le prophĂšte continue Ă exposer la condition dâĂphraĂŻm. Cette tribu avait une autoritĂ© de par Dieu, une place Ă©minente en IsraĂ«l. Elle avait tout perdu par lâidolĂątrie de Baal et par les veaux de BĂ©thel. Quel sera son sort ? Que restera-t-il dâelle ? Ils seront comme la nuĂ©e du matin et comme la rosĂ©e qui sâen va de bonne heure, comme la balle chassĂ©e par le tourbillon hors de lâaire, et comme la fumĂ©e qui sort par le treillis » v. 3. Cherchez ĂphraĂŻm ; oĂč le trouverez-vous ? Autant chercher Ă retrouver la nuĂ©e, la rosĂ©e et la fumĂ©e. Il en est ainsi des dix tribus jusquâĂ ce jour ! Au v. 4, lâĂternel revient aux tĂ©moignages passĂ©s de sa grĂące remarquez combien de fois depuis quâil a appelĂ© son Fils hors dâĂgypte » au chap. 11 1 ; il revient, dis-je, Ă ce quâil fut pour IsraĂ«l dĂšs le pays dâĂgypte. Et moi, je suis lâĂternel, ton Dieu, dĂšs le pays dâĂgypte ; et tu nâas pas connu dâautre Dieu que moi, et il nây a pas de Sauveur hors moi. Moi, je tâai connu dans le dĂ©sert, dans une terre aride » v. 4, 5. Ah ! comme les jours Ă©taient loin oĂč lâĂ©pouse suivait son Ă©poux au dĂ©sert, oĂč le Berger dâIsraĂ«l y nourrissait et y abreuvait ses brebis, en sorte que chacune pĂ»t dire Je ne manquerai de rien » ! Mais ĂphraĂŻm sâĂ©tait Ă©levĂ©, en sorte que lâĂternel avait dĂ» rugir contre lui comme un lion dĂ©vorant, au lieu de rugir en sa faveur cf. 11 10, comme il le fera Ă la fin. Terrible sort ! ĂphraĂŻm allait ĂȘtre attaquĂ©, dĂ©vorĂ© par toutes les bĂȘtes sauvages, images des nations hostiles et sans pitiĂ© qui montĂšrent Ă lâassaut de ce peuple. Je leur serai comme un lion ; comme un lĂ©opard, je les guetterai sur le chemin. Je les attaquerai comme une ourse privĂ©e de ses petits ; je dĂ©chirerai lâenveloppe de leur coeur, et je les dĂ©vorerai lĂ , comme une lionne ; les bĂȘtes des champs les dĂ©pĂšceront ! » v. 7, 8. Quelle folie dâĂȘtre ennemi de Dieu, du seul qui puisse nous secourir ! Nâest-ce pas la condition des hommes dâaujourdâhui, aussi bien que des hommes dâalors ? On prĂ©fĂšre ĂȘtre rassasiĂ© des biens de ce monde, comme il est dit ici v. 6, plutĂŽt que de se tourner vers le Sauveur. Mais on a beau chercher Ă se faire illusion ; si lâon nâest pas pour Lui, on est contre Lui. Si lâon est pour le monde et pour les choses qui sont dans le monde, on est ennemi de Dieu. Nâest-ce pas la mortelle illusion du chrĂ©tien professant, de penser pouvoir en mĂȘme temps ĂȘtre ami du monde et de Dieu ? Puissent les Ăąmes y prendre garde, afin de ne pas trouver Dieu, comme un lion sur leur chemin ! Il nây a pas dâautre Sauveur que Lui, et IsraĂ«l avait Ă©tĂ© contre lui, contre son secours » v. 9. Et quand enfin le jugement sâĂ©tait approchĂ©, il avait cherchĂ© le salut en sâappuyant sur le bras de la chair. OĂč donc est ton roi. pour quâil te sauve dans toutes tes villes. OĂč sont tes juges, dont tu as dit Donne-moi un roi et des princes ? » LâĂternel rappelle aux dix tribus ce quâavaient Ă©tĂ© les rois et les princes quâelles avaient demandĂ©s, car il ne sâagit pas ici de SaĂŒl, comme je le pensais autrefois, encore moins de David et de Salomon, pas mĂȘme de JĂ©roboam I, suscitĂ© par Dieu en jugement contre Juda. Je tâai donnĂ© un roi dans ma colĂšre », dit Dieu Ă ĂphraĂŻm, et je lâai ĂŽtĂ© dans ma fureur » v. 11. Toute la prophĂ©tie dâOsĂ©e reporte la pensĂ©e vers JĂ©hu, exĂ©cuteur de la colĂšre de Dieu contre la maison dâAchab, et vers son dernier successeur, Zacharie, qui pĂ©rit de mort violente aprĂšs six mois de rĂšgne. Comme nous lâavons vu au premier chapitre, Dieu ne tient pas compte des successeurs de Zacharie et, cependant, cette parole Je lâai ĂŽtĂ© dans ma fureur » sâapplique Ă la presque totalitĂ© dâentre eux, car jusquâau dernier, OsĂ©e, ils meurent de mort violente. v. 12, 13. â LâiniquitĂ© dâĂphraĂŻm est liĂ©e ensemble ; son pĂ©chĂ© est tenu en rĂ©serve. Les douleurs de celle qui enfante viendront sur lui. Câest un fils qui nâest pas sensĂ©, car au temps de la sortie des enfants, il ne se tint pas là ». Quand lâAssyrien sâĂ©tait prĂ©sentĂ© devant JĂ©rusalem, le pieux ĂzĂ©chias avait eu recours au prophĂšte ĂsaĂŻe, en lui disant Ce jour est un jour dâangoisse, et de chĂątiment, et dâopprobre ; car les enfants sont venus jusquâĂ la naissance, et il nây a point de force pour enfanter⊠Fais donc monter une priĂšre pour le RĂ©sidu qui se trouve encore » Ăs. 37 3, 4, et Dieu avait rĂ©pondu au roi de Juda â tandis que le pĂ©chĂ© dâĂphraĂŻm Ă©tait tenu en rĂ©serve. Mais voici que, malgrĂ© tout ce que lâĂternel allait faire contre ĂphraĂŻm, il annonce, sans aucune transition comme toujours Je les dĂ©livrerai de la main du shĂ©ol, je les rachĂšterai de la mort. Ă mort, oĂč sont tes pestes ? Ă shĂ©ol, oĂč est ta destruction ? Le repentir est cachĂ© Ă mes yeux » v. 14. Oui, quoique ĂphraĂŻm ne se repentĂźt pas, le Seigneur voulait accomplir envers lui son oeuvre de dĂ©livrance. Nouvelle allusion Ă lâoeuvre libĂ©ratrice de Christ, comme nous lâavons dĂ©jĂ vu au chap. 6 2. Cette oeuvre, Dieu lâaccomplira pour la dĂ©livrance terrestre dâIsraĂ«l, en vertu de la mort et de la rĂ©surrection du Sauveur. Alors aura lieu ce qui est annoncĂ© en ĂsaĂŻe 25 8 Il engloutira la mort en victoire⊠et ĂŽtera lâopprobre de son peuple de dessus toute la terre ». Mais cette oeuvre, accomplie pour la dĂ©livrance terrestre dâIsraĂ«l, le sera pour nous, chrĂ©tiens, sur une bien plus vaste Ă©chelle. La rĂ©surrection de Christ est le prĂ©lude de la rĂ©surrection des saints endormis et de la transmutation des saints vivants. Cette dĂ©livrance des saints et de lâĂglise a le ciel en vue, et non pas la terre. Alors aussi sâaccomplira pour nous, dâune maniĂšre absolue et dĂ©finitive, cette merveilleuse promesse â La mort sera engloutie en victoire ». Elle le sera Ă tout jamais, avant dâĂȘtre abolie pour toujours. JusquâĂ ce moment la mort a sur les rachetĂ©s une victoire apparente, puisque, quant Ă leur corps, ils peuvent mourir et ĂȘtre couchĂ©s dans le sĂ©pulcre. Un seul homme, Christ, est aujourdâhui pour toujours hors de son pouvoir, car il lâa vaincue par sa rĂ©surrection. Et nous avons dĂ©jĂ la victoire par notre Seigneur JĂ©sus Christ. Elle nous est donnĂ©e et nous appartient, ayant Ă©tĂ© donnĂ©e au second Adam, chef de la famille de Dieu, et par consĂ©quent Ă tous ceux qui font partie de cette famille l Cor. 15 54-57. Dans ce passage la mort est assimilĂ©e au scorpion dont lâaiguillon, le pĂ©chĂ©, introduit son principe destructif dans lâhomme. La puissance de lâaiguillon, du pĂ©chĂ©, câest la loi, son venin, qui fait de la mort un tourment pour lâhomme, en lui montrant le sort quâil mĂ©rite et lâimpossibilitĂ© dây Ă©chapper. Cette dĂ©livrance de la mort et de tout ce qui lâaccompagne, nous la possĂ©dons en Christ. Ainsi la dĂ©livrance future dâIsraĂ«l a, comme la nĂŽtre, une mĂȘme origine, un Christ ressuscitĂ©. Elle introduira ce peuple dans une terre purifiĂ©e du pĂ©chĂ© ; mais nous, chrĂ©tiens, dans le ciel, dĂ©livrĂ©s Ă toujours de la prĂ©sence du pĂ©chĂ© et de la mort. Aux v. 15, 16, le prophĂšte revient au jugement actuel dâĂphraĂŻm. Câest le dernier grondement du tonnerre. Juda, qui nâest pas mentionnĂ© ici, subira le mĂȘme sort par la main de Babylone, quâĂphraĂŻm par celle de lâAssyrien. Mais lâennemi qui, dans sa haine atroce, a fait tomber les hommes par lâĂ©pĂ©e, Ă©crasĂ© les petits enfants, fendu le ventre aux femmes enceintes, trouvera sa rĂ©tribution aprĂšs avoir Ă©tĂ© la verge de Dieu contre IsraĂ«l et contre Juda. On peut rapprocher ce passage de la parole prophĂ©tique sur Ădom, mise dans la bouche du RĂ©sidu de Juda qui a suspendu ses harpes aux saules de Babylone Fille de Babylone, qui vas ĂȘtre dĂ©truite, bienheureux qui te rendra la pareille de ce que tu nous as fait ! Bienheureux qui saisira tes petits enfants, et les Ă©crasera contre le roc ! » Ps. 137 8,9. 5 - QUATRIĂME PARTIE Chapitre 14 Repentance et Restauration dâIsraĂ«l. Dans ce chapitre nous assistons Ă lâheureux dĂ©nouement de toutes les voies de Dieu envers son peuple. Le torrent des reproches est tari, la voix des jugements sâest tue ; lâappel Ă la repentance trouve enfin un Ă©cho dans le coeur dâIsraĂ«l. Au jour oĂč le prophĂšte les exhortait Ă la repentance et Ă la conversion et leur annonçait les bĂ©nĂ©dictions qui en seraient le rĂ©sultat 6 1-3, ils nây avaient pas pris garde. Maintenant que la dĂ©tresse Ă©tait venue Ă son comble cf. 5 15, leur oreille Ă©tait enfin ouverte pour Ă©couter la voix de lâĂternel IsraĂ«l, reviens Ă lâĂternel, ton Dieu, car tu es tombĂ© par ton iniquitĂ©. Prenez avec vous des paroles, et revenez Ă lâĂternel ; dites-lui Pardonne toute iniquitĂ©, et accepte ce qui est bon, et nous te rendrons les sacrifices de nos lĂšvres » v. 1, 2. IsraĂ«l revient ; il apporte des paroles dont nous trouvons si souvent lâexpression dans les Psaumes Ps. 103 2; 130 3; Ps. 51 1-17; 69 30, etc., et qui maintenant sortent de bouches sans fraude. Le pardon complet, le pardon de toute iniquitĂ©, voilĂ ce que demande le coeur convaincu de pĂ©chĂ© et attirĂ© par la grĂące. Dieu peut accepter ce qui est bon », ce qui est selon lui et selon ses pensĂ©es, la repentance dâun peuple qui vient Ă Lui confessant ses pĂ©chĂ©s. Ainsi le Seigneur sâassociait avec les excellents de la terre » qui venaient au baptĂȘme de la repentance. Mais en les recevant ainsi, Dieu acceptait ce qui Ă©tait bon, un Ă©tat dans lequel le pĂ©chĂ© nâentrait plus pour rien, fruit de lâoeuvre expiatoire de Christ, accomplie Ă la croix, et que Dieu accepte comme nous justifiant pleinement. Sâil en est ainsi, son peuple peut entonner la louange. Il ne sâagit plus pour IsraĂ«l, du sang de taureaux et de boucs, qui ne peut ni ĂŽter son pĂ©chĂ©, ni le faire agrĂ©er de Dieu, mais des sacrifices ou taureaux de ses lĂšvres ». Le fruit de lĂšvres qui bĂ©nissent son nom, le sacrifice de louanges, est la seule offrande Ă lui prĂ©senter dĂ©sormais, car le sacrifice expiatoire a Ă©tĂ© offert une fois, et a satisfait pour toujours les exigences de la saintetĂ© divine. LâAssyrie ne nous sauvera pas ; nous ne monterons pas sur des chevaux ». IsraĂ«l ne cherche plus la protection dâun monde ennemi, et ne se fie pas Ă lâĂ©nergie de la nature pour Ă©chapper au mal ou pour lui tenir tĂȘte. Nous ne dirons plus Notre Dieu, Ă lâoeuvre de nos mains ; car, auprĂšs de toi, lâorphelin trouve la misĂ©ricorde » v. 3. Comment les veaux de BĂ©thel seraient-ils encore les idoles du coeur ? DĂ©pourvu de tout appui, de tout secours humain, ce peuple affligĂ©, sans aucun lien qui le rattachĂąt Ă Dieu, cet orphelin, ce Lo-Ammi et ce Lo-Rukhama, lâa rencontrĂ©, Lui, et les trĂ©sors de son coeur pour des ĂȘtres dĂ©nuĂ©s de tout, un PĂšre au lieu dâun juge, la misĂ©ricorde au lieu du jugement. Ce dernier passĂ©, lâamour seul subsiste. Tout ce passage est bien lâoeuvre de la grĂące dans le coeur, lâhistoire de toute Ăąme dâhomme, de tout pĂ©cheur, revenant Ă Dieu par la repentance, que ce soit au jour actuel, aux jours dâautrefois, ou en un temps Ă venir. Sans tarder v. 4-7, Dieu montre ce quâIl sera pour eux quand ils auront pris avec eux des paroles pour revenir Ă Lui Je guĂ©rirai leur abandon de moi, je les aimerai librement, car ma colĂšre sâest dĂ©tournĂ©e dâeux. Je serai pour IsraĂ«l comme la rosĂ©e ; il fleurira comme le lis, et il poussera ses racines comme le Liban » v. 4, 5. Dieu ĂŽtera toutes les consĂ©quences de leur abandon de Lui et remplacera leur misĂšre par les bĂ©nĂ©dictions dâune vie nouvelle. Il pourra les aimer librement ». Cet amour avait toujours existĂ© dans son coeur, car il est lâessence mĂȘme de Dieu, mais avait Ă©tĂ© entravĂ© dans ses manifestations par leur infidĂ©litĂ©, leur duretĂ© de coeur, et les jugements terribles quâIl avait Ă©tĂ© obligĂ© de leur infliger. Dieu sera pour IsraĂ«l comme la rosĂ©e, un rafraĂźchissement cĂ©leste dont la personne bĂ©nie de Christ sera la source. Son peuple fleurira comme le lis, emblĂšme de grĂące, de beautĂ©, parure glorieuse de la terre. Il poussera ses racines comme le Liban ». Remarquez le rĂŽle du Liban dans toute cette scĂšne. Il est le symbole de la stabilitĂ© du rĂšgne de Christ. Comme les cĂšdres majestueux qui recouvrent cette montagne, ainsi IsraĂ«l Ă©tendra ses racines pour ne plus jamais ĂȘtre abattu ; ainsi ses rejetons sâĂ©tendront et sa postĂ©ritĂ© occupera la terre. Mais son parfum sera aussi, comme le Liban, parfaitement agrĂ©able au Roi, son Bien-AimĂ© Cant. 4 10, 11. Enfin leur renommĂ©e sera comme le vin du Liban, source de joie pour le monde entier, dâune joie Ă©tablie sur un rĂšgne consolidĂ© Ă jamais v. 5, 6, 7. Ils auront encore, dans cette scĂšne nouvelle, la magnificence de lâolivier ». GreffĂ© de nouveau sur son propre tronc, IsraĂ«l paraĂźtra dans la beautĂ© premiĂšre de sa royautĂ© et de sa sacrificature Zach. 4 3 ; Apoc. 11 4 ; symbole de paix pour la terre renouvelĂ©e comme jadis la feuille apportĂ©e par la colombe de NoĂ©, aprĂšs le dĂ©luge Gen. 8 11. Aussi reviendra-t-on sâasseoir sous son ombre » v. 7, et chercher auprĂšs de lui une protection offerte Ă tous. Ils feront vivre le froment et fleuriront comme la vigne ». Il y aura abondance de fruit cf. 2 22, et une nouvelle floraison de la vigne du Messie dĂ©gageant le parfum du renouveau *. * Notons la prĂ©sence ici de trois arbres, figures dâIsraĂ«l, introduit dans les bĂ©nĂ©dictions millĂ©naires. Ce sont le cĂšdre, lâolivier et la vigne. Le cĂšdre. La montagne du Liban est, comme nous lâavons dit, le symbole de la stabilitĂ© du rĂšgne de Christ ; les cĂšdres qui la couvrent sont la figure dâIsraĂ«l, autrefois dĂ©truit par les nations Ăs. 37 24 maintenant rĂ©tabli dans sa puissance et sa gloire. Ce mĂȘme IsraĂ«l fera partie intĂ©grante de la maison de lâĂternel voyez le temple et la maison du Liban sous Salomon. Lâolivier est la figure du RĂ©sidu dâIsraĂ«l, entĂ© de nouveau sur le tronc des Promesses, reçu selon lâĂ©lection de grĂące et restaurĂ© aprĂšs la chute des nations. Ce RĂ©sidu formera lâensemble du peuple sous le sceptre du Messie, aprĂšs la destruction des Juifs apostats. La vigne est lâimage dâIsraĂ«l restaurĂ© en vertu de son union vitale avec Christ, le vrai cep ; et capable, aprĂšs avoir Ă©tĂ© jadis dĂ©truit comme une vigne stĂ©rile, de porter dĂ©sormais du fruit pour Dieu. DĂ©tail remarquable Le figuier si souvent mentionnĂ© dans lâĂcriture comme symbole de la nation juive est passĂ© ici sous silence, la sentence dĂ©finitive ayant Ă©tĂ© prononcĂ©e sur ce peuple Que jamais aucun fruit ne naisse plus de toi » Matt. 21 19. Cela nâempĂȘche pas le figuier dâĂȘtre au mĂȘme titre que la vigne un emblĂšme du repos et de la prospĂ©ritĂ© millĂ©naire MichĂ©e 4 4; Zach. 3 10; 1 Rois 4. 25. Telles seront les bĂ©nĂ©dictions millĂ©naires quâapportera la repentance dâIsraĂ«l. Le v. 8 nous fait assister Ă un Ă©change dĂ©licieux de pensĂ©es entre lâĂternel et ĂphraĂŻm, genre de conversation souvent prĂ©sentĂ© dans certains Psaumes, que jâai appelĂ©s, autre part, les Psaumes de communion, et qui montre un accord parfait entre les interlocuteurs. ĂphraĂŻm dira Quâai-je plus Ă faire avec les idoles ? » IsraĂ«l a trouvĂ© le Christ, son Sauveur et son Roi ; les faux dieux ne jouent plus aucun rĂŽle, ni dans son coeur, ni dans sa vie. Il en est toujours ainsi lorsque lâĂąme a trouvĂ© un objet qui sâest emparĂ© dâelle et auquel elle attache plus de prix quâaux misĂ©rables vanitĂ©s de ce monde. Moi, dit le Seigneur, je lui rĂ©pondrai et je le regarderai ». Lui sera le Dieu auquel ĂphraĂŻm aura Ă faire, son vrai Dieu. Jâexaucerai, dit-il, toutes ses demandes ; je lâilluminerai du regard de ma face, selon son dĂ©sir LĂšve sur nous la lumiĂšre de ta face, ĂŽ Ăternel ! » Ps. 4 6. Sous ce regard, ĂphraĂŻm dira Moi, je suis comme un cyprĂšs vert ». Le cyprĂšs, dont le feuillage ne se flĂ©trit point, croĂźt sur le Liban avec le cĂšdre, et fait, avec ce dernier, lâornement du temple de lâĂternel l Rois 5 8, 10; 6 15; 2 Chron. 2 8. StabilitĂ©, tĂ©moignage non interrompu, saintetĂ©, parure incorruptible du sanctuaire, proximitĂ© de lâĂternel ; que de pensĂ©es bĂ©nies Ă©voque ce seul nom ! Et le Messie rĂ©pond De moi provient ton fruit ». Douce, indicible parole finale ! Comme elle convient Ă son propre coeur et Ă celui dâIsraĂ«l restaurĂ© ! Christ veut avoir le dernier mot, il se rĂ©jouit en voyant chez son peuple le fruit de sa grĂące. Il verra du fruit du travail de son Ăąme, et sera satisfait » Ăs. 53 11. Toute cette bĂ©nĂ©diction nâa pas dâautre origine. Rien ne vient de lâhomme, tout provient de Dieu ! Ah ! comme le coeur de ses bien-aimĂ©s pourra rĂ©pondre dans une adoration muette Toutes mes sources sont en toi ! » Ps. 87 7. Le v. 9 clĂŽt et rĂ©sume toute la prophĂ©tie dâOsĂ©e. Qui est sage ? il comprendra ces choses ; et intelligent ? il les connaĂźtra ; car les voies de lâĂternel sont droites et les justes y marcheront, mais les transgresseurs y tomberont ». Nâest-ce pas la conclusion du livre ? Il faut, pour le comprendre, une sagesse et une intelligence donnĂ©es dâen haut, mais que Dieu ne refuse pas aux siens, tandis que les sages de ce monde traitent prĂ©cisĂ©ment ce prophĂšte dâincomprĂ©hensible et dâinsensĂ©. Cependant le rĂ©sumĂ©, en est aussi simple, aussi Ă©lĂ©mentaire que possible. Ce sont les voies de Dieu. Elles sont droites, elles sont le chemin du juste et sa sauvegarde. Elles sont la perte et la ruine des transgresseurs, de ceux qui refusent de se soumettre Ă la volontĂ© de Dieu. 6 - Conclusion Tel est ce livre merveilleux. Dans sa fougue, il attaque inopinĂ©ment les Ăąmes pour les frapper et les convaincre. Sâil dĂ©borde Ă flots pressĂ©s pour manifester le mal, câest afin dâatteindre les consciences. Un large souffle dâamour passe Ă travers ces strophes indignĂ©es. La rĂ©vĂ©lation de la personne, de lâoeuvre de Christ y coule, comme un fleuve paisible et souterrain, qui tend au mĂȘme but que les flots tumultueux de la surface. Câest dans ce fleuve que Dieu fait tremper les racines des bĂ©nĂ©dictions futures, mais le mĂ©pris de cette eau vive rend la sentence du Juge irrĂ©missible. Il est impossible, comme nous lâavons dit en commençant, dâĂ©tudier OsĂ©e sans le paraphraser, tant les pensĂ©es y sont en apparence distantes et comme Ă©trangĂšres les unes aux autres ; mais le Saint Esprit nous en dĂ©voile les liaisons, et les dĂ©couvertes que nous faisons sous sa direction augmentent encore lâintĂ©rĂȘt de ces admirables chapitres. Sans doute ils nâont pas, pour nous exprimer ainsi, le courant vaste et majestueux qui caractĂ©rise ĂsaĂŻe plus que tout autre prophĂšte, quoique lâun et lâautre aient lâAssyrien en vue ; le sujet, comme nous lâavons vu, est ici plus restreint. Les nations quâOsĂ©e met en scĂšne sont uniquement lâĂgypte et lâAssyrie ; le peuple a beaucoup plus souvent le caractĂšre dâĂphraĂŻm que celui de Juda. Câest que lâheure de la rĂ©tribution a sonnĂ© pour les dix tribus, et que plus dâun siĂšcle attendra encore le glas annonçant la fin de la maison de David. AprĂšs les violences de lâorage, entremĂȘlĂ© çà et lĂ de quelques rayons de soleil, lâoeil finit par se reposer sur la scĂšne paisible dans laquelle le peuple, restaurĂ© par la grĂące, aura retrouvĂ© la communion avec son Dieu, sous le sceptre du Messie
RĂ©sumĂ©pourquoi j'ai mangĂ© mon pĂšre. RĂ©sumĂ© Ernest, un jeune homme prĂ©historique du PlĂ©istocĂšne moyen raconte les aventures de sa famille et en particulier de son pĂšre Ădouard, fĂ©ru de sciences et pĂ©tri d'idĂ©es gĂ©nĂ©reuses. Pour Ă©chapper aux prĂ©dateurs de l'Afrique orientale, Ădouard invente successivement le feu, les pointes
ThĂ©rĂšse est la fille dâun capitaine et dâune indigĂšne, elle est confiĂ©e Ă lâage de deux ans Ă sa tante par son pĂšre qui revenait dâAlgĂ©rie. Chez sa tante madame Raquin elle rencontre Camille, son cousin, qui possĂšde une santĂ© fragile. Ils partagent leur enfance, quand ThĂ©rĂšse Ă 21 ans, Madame Raquin marie les deux cousins, il nây a dâailleurs aucune opposition a ce mariage. La famille dĂ©mĂ©nage Ă Paris, car Camille souhaite y travailler Mme raquin ouvre une mercerie au passage du pont neuf. Chaque jeudi soir les raquin Organisent un repas, un jeudi Camille ramĂšne avec lui un ami dâenfance retrouvĂ©. Lâintrique de lâhistoire commence Ă la rencontre entre ThĂ©rĂšse et Laurent notamment lorsque ce dernier dĂ©cide de devenir lâamant de ThĂ©rĂšse. Ils se voient ainsi en tant quâamant pendant huit mois, jusquâau moment ou le patron de Laurent lu interdit toute sortie. ThĂ©rĂšse propose alors le meurtre de Camille. Câest lors dâune sortie Ă Saint-Ouen, en promenade sur une barque que Laurent Ă©trange Camille celui-ci mord Laurent au cou laissant une cicatrice et donc la blessure inguĂ©rissable du meurtre , Camille meurt dâune mort qui paraĂźt accidentelle dans la Seine. Durant un an et demi, Laurent est hantĂ© par le ce meurtre, car la cicatrice ne disparaĂźt pas. Michaud, camarade du jeudi soir, pense que ThĂ©rĂšse aurait besoin d'un mari et que Laurent serait l'homme idĂ©al. Ils finissent donc par se marier, mais se haĂŻssent. Ils vivent aussi dans la peur de la dĂ©couverte de leur meurtre par Madame Raquin. AprĂšs six mois de mariage, Laurent et ThĂ©rĂšse ont l'intention de s'assassiner mutuellement. Un jeudi, Laurent verse du poison dans un verre d'eau de ThĂ©rĂšse, tandis quâelle prend un couteau. Quand ils voient ce qu'ils veulent faire, ils se suicident en buvant chacun la moitiĂ© du verre. Madame Raquin, qui assiste au dĂ©nouement, savoure le spectacle de leur double mort, elle survit Ă la disparition de tous les siens.
ISO690: FR: Copier Dreyfus Françoise, « Chapitre 21 / La gĂ©omĂ©trie variable des rapports de force entre les conseillers de lâĂ©lysĂ©e, de matignon et des ministres », dans : Jean-Michel Eymeri-Douzans Ă©d., Le rĂšgne des entourages. Cabinets et conseillers de lâexĂ©cutif. Paris, Presses de Sciences Po, « AcadĂ©mique », 2015, p. 619-636. DOI : 10.3917/scpo.eymer.2015.01.0619.
Le Discours de la mĂ©thode est Ă la fois un tĂ©moignage et une promesse. Descartes y raconte comment il a trouvĂ© la vraie mĂ©thode pour parvenir Ă la connaissance de toutes les choses dont mon esprit serait capable », et il sâengage Ă en faire bon usage pour cultiver sa raison et progresser dans la vĂ©ritĂ©. Premier texte publiĂ© du philosophe, le discours, dont le titre complet est Discours de la mĂ©thode pour bien conduire sa raison et chercher la vĂ©ritĂ© dans les sciences, paraĂźt Ă Leyde centre-ouest des Pays-Bas en juin 1637⊠sans nom dâauteur. Comme Descartes a suivi lâaffaire GalilĂ©e condamnĂ© en 1633 par lâĂglise, il prĂ©fĂšre avancer masquĂ© »[1]. En plus de lâanonymat, il purge son texte des thĂšses physiques qui pourraient chagriner les autoritĂ©s religieuses et il Ă©vite les dĂ©veloppements mĂ©taphysiques. Il est dâautant plus prudent quâil Ă©crit en français plutĂŽt quâen latin, ce qui promet son texte Ă une large audience potentielle. Son but est donc de promouvoir sa mĂ©thode sans prendre de gros risques. Historiquement, le Discours de la mĂ©thode sert Ă accompagner 3 autres essais qui sont des cas pratiques de la mĂ©thode dans 3 sciences diffĂ©rentes 1° La Dioptrique optique, 2° Les MĂ©tĂ©ores mĂ©tĂ©orologie, et 3°La GĂ©omĂ©trie gĂ©omĂ©trie. Et pourtant, il est devenu le manifeste de la philosophie cartĂ©sienne. Descartes y fonde lâunitĂ© des sciences en une science universelle. Il ambitionne dâĂ©lever tout le savoir humain de la simple probabilitĂ© au niveau de fiabilitĂ© des mathĂ©matiques qui, si elles sont vaines par lâabstraction absolue de leur objet, doivent inspirer au philosophe la rigueur de leur mĂ©thode. Le Discours de la mĂ©thode est divisĂ© en 6 parties PremiĂšre partie du Discours de la mĂ©thode Le bon sens et la mĂ©thode Le point de dĂ©part de Descartes est le bon sens. Quâest-ce que le bon sens ? Câest la capacitĂ© Ă distinguer le vrai du faux â autrement dit, le bon sens Ă©quivaut Ă la raison. Tout le monde a naturellement cette capacitĂ© ; mais le problĂšme, câest quâon pense en ĂȘtre si bien pourvu quâon ne prend pas la peine de la cultiver Le bon sens est la chose du monde la mieux partagĂ©e car chacun pense en ĂȘtre si bien pourvu, que ceux mĂȘme qui sont les plus difficiles Ă contenter en toute autre chose, nâont point coutume dâen dĂ©sirer plus quâils en ont. Lâautre problĂšme, câest quâon nâapplique pas le bon sens. On baigne dans une multitude dâopinions parce quâon ne les examine jamais avec mĂ©thode, et plus particuliĂšrement parce quâon ne fait pas lâeffort de dĂ©finir les choses. Pour illustrer lâimportance de la mĂ©thode, Descartes reprend la mĂ©taphore du chemin de SĂ©nĂšque[2] rĂ©flĂ©chir sans mĂ©thode, câest comme se prĂ©cipiter en changeant sans cesse de direction â on ne risque pas dâarriver quelque part. Rien ne sert donc dâaller vite si on nâest pas sur le bon chemin. Cette image correspond dâailleurs Ă lâĂ©tymologie du mot mĂ©thode » il vient du grec ÎŒÎΞοΎο / methodos formĂ© Ă partir du nom commun áœÎŽ / hodos, qui signifie⊠chemin ». Que Descartes propose une mĂ©thode ne signifie pas quâil est plus intelligent que les autres. Câest plutĂŽt une histoire de circonstances il a eu la chance, dĂšs sa jeunesse, de rencontrer les idĂ©es qui lâont mis sur le chemin des principes qui mĂšnent Ă la vĂ©ritĂ©. Il a changĂ© lui-mĂȘme en Ă©laborant sa mĂ©thode. Il a acquis une conscience aiguĂ« de lâamplitude de lâerreur humaine. Il sait bien quâil peut se tromper, donc il se mĂ©fie de lui-mĂȘme comme des autres ; il cultive la dĂ©fiance » pour Ă©viter la prĂ©somption ». Mais surtout, il a dĂ©cidĂ© de se consacrer Ă la philosophie authentique, et il est dĂ©jĂ content de ses progrĂšs. Il regarde les hommes dâun Ćil de philosophe », convaincu de la vanitĂ© des entreprises qui ne participent pas de la recherche de la vĂ©ritĂ©. Il ne prĂ©tend pas que sa mĂ©thode soit universelle, il raconte sa vie et sa pensĂ©e pour avoir un feedback du public Ainsi, mon dessein nâest pas dâenseigner ici la mĂ©thode que chacun doit suivre pour bien conduire sa raison, mais seulement de faire voir en quelle sorte jâai tĂąchĂ© de conduire la mienne. Descartes fait le modeste pour lâinstant il dit raconter seulement une histoire », une fable » dans laquelle des choses sont Ă prendre, dâautres Ă laisser. Il espĂšre juste que son discours sera au moins utile Ă une minoritĂ©. Le Discours de la mĂ©thode et la vie de Descartes Comme lâa dĂ©jĂ dit Descartes, lâĂ©laboration de sa mĂ©thode est Ă©troitement liĂ©e Ă sa vie. En fait, il a cherchĂ©, puis trouvĂ© la solution Ă son propre problĂšme â et il sâest avĂ©rĂ© quâelle pouvait servir Ă beaucoup de monde. Quel Ă©tait ce problĂšme ? Il a perdu son temps Ă se cultiver inutilement. Avide de savoir, il a Ă©normĂ©ment lu, mais il nâen a tirĂ© aucune connaissance qui soit digne de ce nom. Et plus il lisait, plus il rĂ©alisait lâampleur de son ignorance câest le paradoxe classique de la connaissance. Il Ă©tait dâautant plus déçu quâil Ă©tait dans une Grande Ăcole », le fameux collĂšge Henri-IV de La FlĂšche dans la Sarthe, le premier internat des jĂ©suites, qui verra aussi passer le philosophe Ă©cossais David Hume le siĂšcle suivant. Dans le Discours de la mĂ©thode, il critique la pĂ©dagogie de sa Grande Ăcole » en faisant mine de lui trouver des avantages. Si les maths sont trĂšs utiles dans leurs applications pratiques valorisĂ©es par les jĂ©suites, la philosophie telle quâelle est enseignĂ©e est uniquement tournĂ©e vers la recherche dâune vaine gloire ; elle donne moyen de parler vraisemblablement de toutes choses, et se faire admirer des moins savants ». Aucune doctrine, aucune idĂ©ologie ne sĂ©duit Descartes, qui prĂ©fĂšre donc garder lâesprit libre. Par exemple, il nâhĂ©site pas Ă sâintĂ©resser aux sciences occultes â alchimie, astrologie, magie, etc. â quâil appelle pourtant les mauvaises doctrines » parce quâelles consistent fondamentalement, de son point de vue, Ă prĂ©tendre savoir plus quâon ne sait. Sa ligne, câest quâil faut tout examiner, au moins de maniĂšre prĂ©ventive Il est bon de les avoir toutes examinĂ©es, mĂȘme les plus superstitieuses et les plus fausses, afin de connaĂźtre leur juste valeur et se garder dâen ĂȘtre trompĂ©. En clair, il lit â avec mĂ©fiance â tout ce qui lui tombe sous la main. Mais avec le recul, il trouve que la lecture nâest pas forcĂ©ment profitable en elle-mĂȘme. Dâun cĂŽtĂ©, elle est une conversation avec les meilleurs esprits La lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnĂȘtes gens des siĂšcles passĂ©s, qui en ont Ă©tĂ© les auteurs, et mĂȘme une conversation Ă©tudiĂ©e, en laquelle ils ne nous dĂ©couvrent que les meilleures de leurs pensĂ©es. De lâautre, elle sâapparente aussi Ă un voyage â seulement, Ă trop voyager, on devient Ă©tranger Ă son pays, Ă son Ă©poque, voire Ă la rĂ©alitĂ© elle-mĂȘme. Descartes nâest pas le premier ni le dernier Ă dire que lâexcĂšs de lecture nuit au jugement, comme lâillustrent les romans dont les personnages inspirent des ambitions folles[3]. Descartes a lâintuition de la vĂ©ritĂ© Lâimportant nâest pas dâaccumuler le savoir, mais de mettre en ordre la pensĂ©e, ce que Descartes compare Ă la digestion. Aucune espĂšce de discipline â pas mĂȘme la rhĂ©torique â nâest nĂ©cessaire pour avoir des pensĂ©es claires et intelligibles ». Descartes nâa rien contre la thĂ©ologie, il pense simplement â en tout cas il Ă©crit⊠â que la vĂ©ritĂ© divine est au-dessus de ses forces intellectuelles. Seules les mathĂ©matiques donnent lâexemple dâune mĂ©thode fiable Je me plaisais surtout aux mathĂ©matiques, Ă cause de la certitude et de lâĂ©vidence de leurs raisons ; mais je ne remarquais point encore leur vrai usage, et, pensant quâelles ne servaient quâaux arts mĂ©caniques, je mâĂ©tonnais de ce que, leurs fondements Ă©tant si fermes et si solides, on nâavait rien bĂąti dessus de plus relevĂ©. En comparaison, tout le savoir philosophique est douteux ; et par consĂ©quent, toutes les sciences » fondĂ©es sur la philosophie sont elles aussi douteuses. Descartes remet en cause lâautoritĂ© de la tradition. Une fois ses Ă©tudes finies, il dĂ©cide de voyager pour accumuler les expĂ©riences. Il se dĂ©livre alors de beaucoup dâerreurs en constatant la diversitĂ© des mĆurs. Il se rend compte que câest le contact avec la rĂ©alitĂ©, câest-Ă -dire les effets tangibles des idĂ©es qui permettent dâĂ©valuer leur valeur Il me semblait que je pourrais rencontrer beaucoup plus de vĂ©ritĂ©, dans les raisonnements que chacun fait touchant les affaires qui lui importent, et dont lâĂ©vĂ©nement le doit punir bientĂŽt aprĂšs, sâil a mal jugĂ©, que dans ceux que fait un homme de lettres dans son cabinet, touchant les spĂ©culations qui ne produisent aucun effet, et qui ne lui sont dâautre consĂ©quence, sinon que peut-ĂȘtre il en tirera dâautant plus de vanitĂ© quâelles seront plus Ă©loignĂ©es du sens commun, Ă cause quâil aura dĂ» employer dâautant plus dâesprit et dâartifice Ă tĂącher de les rendre vraisemblables. Il Ă©crira dâailleurs un peu plus tard dans une lettre au mĂ©decin hollandais Plempius que si la mĂ©canique la science qui Ă©tudie le mouvement des corps nâa pas Ă©tĂ© contaminĂ©e par la philosophie, câest parce quâelle est soumise au critĂšre de la rĂ©ussite. Ă un moment, il en a marre de voyager. Il juge quâaprĂšs avoir Ă©tudiĂ© les livres 1Ăšre Ă©tape, il a suffisamment Ă©tudiĂ© le livre du monde » 2Ăšme Ă©tape. Il est temps, pour Descartes, dâĂ©tudier en soi-mĂȘme » 3Ăšme Ă©tape. DeuxiĂšme partie du Discours de la mĂ©thode Le PoĂȘle[4] de Descartes Un jour de 1619, alors que Descartes est en Allemagne avec lâarmĂ©e du duc Maximilien de BaviĂšre pour la guerre de Trente Ans[5], il se retrouve tout seul dans une piĂšce chauffĂ©e â lâhiver commençait â et il se met Ă mĂ©diter pour Ă©laborer sa mĂ©thode. Il commence par rĂ©aliser quâil vaut mieux repartir de zĂ©ro. En effet, sâil sâappuie sur les rĂ©flexions dâautres penseurs, il risque de reprendre leurs erreurs. Il veut que sa mĂ©thode ait la cohĂ©rence pure des bĂątiments qui sont lâĆuvre dâun seul et unique architecte, ou encore des sociĂ©tĂ©s dont les rĂšgles ont Ă©tĂ© conçues par un seul et unique lĂ©gislateur comme Sparte avec Lycurgue. Ce choix lui fait dire que le raisonnement dâun homme de bon sens est supĂ©rieur Ă toutes les sciences humaines Les sciences des livres, au moins celles dont les raisons ne sont que probables, et qui nâont aucunes dĂ©monstrations, sâĂ©tant composĂ©es et grossies peu Ă peu des opinions de plusieurs diverses personnes, ne sont point si approchantes de la vĂ©ritĂ© que les simples raisonnements que peut faire naturellement un homme de bon sens touchant les choses qui se prĂ©sentent. Il file la mĂ©taphore du bĂątiment sâĂ©manciper des prĂ©jugĂ©s, câest comme reconstruire une ville aprĂšs lâavoir dĂ©truite. Descartes prĂ©cise toutefois, en reprenant lâimage des chemins de montagne de Montaigne et Charron[6], que cette table rase » ne convient pas forcĂ©ment en politique, oĂč on perdrait Ă se priver des solutions existantes forgĂ©es par lâhistoire. La raison dâĂȘtre de la mĂ©thode Pourquoi Descartes cherche-t-il une mĂ©thode ? Parce quâil a besoin de la vĂ©ritĂ© pour conduire sa vie Et je crus fermement que, par ce moyen, je rĂ©ussirais Ă conduire ma vie beaucoup mieux que si je ne bĂątissais que sur de vieux fondements, et que je ne mâappuyasse que sur les principes que je mâĂ©tais laissĂ© persuader en ma jeunesse, sans avoir jamais examinĂ© sâils Ă©taient vrais. Ce faisant, il mĂȘle les deux conceptions traditionnelles de la philosophie qui sâaffrontent » et alternent dans lâhistoire de la pensĂ©e, la philosophie comme discours/science, et la philosophie comme mode de vie. La science et la sagesse sont donc liĂ©es Ă ses yeux. Les hommes ordinaires nâont ni lâune ni lâautre. DâaprĂšs Descartes, on rencontre deux types dâesprits dans le monde ceux qui ont confiance en eux-mĂȘmes, mais qui rĂ©flĂ©chissent trop vite ; ceux qui, parce quâils nâont pas confiance en eux-mĂȘmes, prĂ©fĂšrent suivre les opinions des autres auxquels ils font confiance. Du coup, un homme seul peut tout Ă fait trouver des idĂ©es profondes qui ont Ă©chappĂ© Ă tout un peuple. Tant quâil va lentement, il ira sĂ»rement Comme un homme qui marche seul et dans les tĂ©nĂšbres, je me rĂ©solus dâaller si lentement, et dâuser de tant de circonspection en toutes choses, que, si je nâavançais que fort peu, je me garderais bien, au moins, de tomber. Sa mĂ©thode permettra dâaugmenter par degrĂ©s la connaissance ». La fameuse mĂ©thode du discours EDOV » Descartes rĂ©alise que mĂȘme les sciences prĂ©tendument les plus fiables ne suffisent pas pour atteindre le niveau de certitude auquel il aspire. En effet, la logique aristotĂ©licienne est faillible ; la gĂ©omĂ©trie et lâalgĂšbre fatiguent lâesprit sans le cultiver. Il faut donc une mĂ©thode qui combine les avantages des trois sans reprendre leurs dĂ©fauts. Ăa sâannonce compliqué⊠câest pourquoi Descartes prĂ©voit de se concentrer sur quelques principes simples quâil pourra suivre rigoureusement â plutĂŽt que de multiplier les rĂšgles comme dans la logique aristotĂ©licienne. Il rĂ©sume donc sa mĂ©thode Ă 4 rĂšgles successives la rĂšgle dâĂ©vidence, qui signifie quâil ne faut pas se contenter de la vraisemblance ou de la probabilitĂ© Le premier Ă©tait de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, que je ne la connusse Ă©videmment ĂȘtre telle câest-Ă -dire dâĂ©viter soigneusement la prĂ©cipitation et la prĂ©vention[7] ; et de ne comprendre rien de plus en mes jugements, que ce qui se prĂ©senterait si clairement et si distinctement Ă mon esprit, que je nâeusse aucune occasion de le mettre en doute. » ; la rĂšgle de dĂ©composition Le second, de diviser chacune des difficultĂ©s que jâexaminerais en autant de parcelles quâil se pourrait et quâil serait requis pour les mieux rĂ©soudre. » ; la rĂšgle de lâordre, qui demande dâaller du simple au complexe Le troisiĂšme, de conduire par ordre mes pensĂ©es, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisĂ©s Ă connaĂźtre, pour monter peu Ă peu, comme par degrĂ©s, jusques Ă la connaissance des plus composĂ©s ; et supposant mĂȘme de lâordre entre ceux qui ne se prĂ©cĂšdent point naturellement les uns les autres. » ; la rĂšgle de la vĂ©rification, selon laquelle on doit inspecter tous les Ă©lĂ©ments dâune longue dĂ©duction pour ne rien oublier Et le dernier, de faire partout des dĂ©nombrements si entiers, et des revues si gĂ©nĂ©rales, que je fusse assurĂ© de ne rien omettre. ». Je propose dâappeler cette mĂ©thode EDOV » pour Ăvidence â DĂ©composition â Ordre â VĂ©rification. En gros, il sâagit de commencer par ce qui est Ă la fois Ă©vident et simple, puis de transposer le raisonnement mathĂ©matique quel que soit le domaine de la connaissance humaine. Cette dĂ©marche permet dâappliquer sa raison partout, car elle repose sur lâhypothĂšse de lâunitĂ© du savoir humain, elle-mĂȘme dĂ©duite de lâunitĂ© du bon sens. Descartes affirme quâen la mettant en pratique, il a fait dâĂ©normes progrĂšs en seulement deux trois mois. Ă cette Ă©poque, il avait dĂ©jĂ lâambition de rendre la philosophie plus fiable, mais Ă 24 ans, il Ă©tait encore trop jeune[8]. Il avait besoin de rĂ©flĂ©chir davantage en utilisant sa mĂ©thode et dâengranger plus dâexpĂ©rience. TroisiĂšme partie du Discours de la mĂ©thode Descartes prolonge encore la mĂ©taphore du bĂątiment si on a dĂ©truit sa maison pour la reconstruire, on a, Ă court terme, un problĂšme de logement. Câest pareil pour sa mĂ©thode. Une fois rejetĂ©es toutes les idĂ©es qui ne passent pas le filtre de la rĂšgle dâĂ©vidence, il ne lui reste pas grand-chose pour conduire sa vie, et il risque dâĂȘtre dans lâhĂ©sitation permanente en doutant systĂ©matiquement. Il Ă©labore donc une morale par provision », câest-Ă -dire des rĂšgles temporaires Ă suivre en attendant dâen dĂ©couvrir de meilleures grĂące Ă sa mĂ©thode. Cette morale consiste en 4 maximes suivre les conventions de la sociĂ©tĂ© oĂč il vit, soit une maxime de conformisme La premiĂšre Ă©tait dâobĂ©ir aux lois et aux coutumes de mon pays, retenant constamment la religion en laquelle Dieu mâa fait la grĂące dâĂȘtre instruit dĂšs mon enfance, et me gouvernant, en toute autre chose, suivant les opinions les plus modĂ©rĂ©es, et les plus Ă©loignĂ©es de lâexcĂšs, qui fussent communĂ©ment reçues en pratique par les mieux sensĂ©s de ceux avec lesquels jâaurais Ă vivre. » ; agir fermement une fois quâil a pris sa dĂ©cision, soit une maxime de fermetĂ© Ma seconde maxime Ă©tait dâĂȘtre le plus ferme et le plus rĂ©solu en mes actions que je pourrais, et de ne suivre pas moins constamment les opinions les plus douteuses, lorsque je mây serais une fois dĂ©terminĂ©, que si elles eussent Ă©tĂ© trĂšs assurĂ©es. » ; adapter ses dĂ©sirs Ă la rĂ©alitĂ©, soit une maxime de rĂ©alisme Ma troisiĂšme maxime Ă©tait de tĂącher toujours plutĂŽt Ă me vaincre que la fortune et Ă changer mes dĂ©sirs que lâordre du monde ; et gĂ©nĂ©ralement, de mâaccoutumer Ă croire quâil nây a rien qui soit entiĂšrement en notre pouvoir, que nos pensĂ©es, en sorte quâaprĂšs que nous avons fait notre mieux, touchant les choses qui nous sont extĂ©rieures, tout ce qui manque de nous rĂ©ussir est, au regard de nous, absolument impossible. » ; choisir soigneusement la meilleure activitĂ© pour sa vie, ce quâon peut appeler une maxime dâengagement Pour conclusion de cette morale, je mâavisai de faire une revue sur les diverses occupations quâont les hommes en cette vie, pour tĂącher Ă faire choix de la meilleure. » Une fois quâil a Ă©laborĂ© sa mĂ©thode, Descartes sort de lâisolement et se remet Ă Ă©changer avec les hommes â mais en pur spectateur. De temps en temps, il consacre quelques heures aux mathĂ©matiques ou Ă une autre science dure en appliquant EDOV ». Il considĂšre que ce mode de vie Ă©tait plus efficace pour dĂ©couvrir la vĂ©ritĂ© que de passer son temps Ă lire ou Ă frĂ©quenter le monde littĂ©raire. Il explique sa grande prudence spĂ©culative par la volontĂ© de ne pas tomber dans la mĂȘme erreur que Bacon, lequel a cru fonder la science sur la mĂ©thode expĂ©rimentale. Cependant, Ă cause de cette attitude, les gens se sont mis Ă croire quâil avait façonnĂ© une philosophie spĂ©ciale. En 1628, il sâĂ©tablit en Hollande pour mĂ©diter dans la paix et la solitude. QuatriĂšme partie du Discours de la mĂ©thode La 1Ăšre vĂ©ritĂ© de la mĂ©thode ArmĂ© de sa mĂ©thode, Descartes se met en quĂȘte de vĂ©ritĂ©s. Il se met alors Ă douter de tout câest ce quâon appelle le doute hyperbolique ». Pource quâalors je dĂ©sirais vaquer seulement Ă la recherche de la vĂ©ritĂ©, je pensai quâil fallait que je fisse tout le contraire, et que je rejetasse, comme absolument faux, tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir sâil ne resterait point, aprĂšs cela, quelque chose en ma crĂ©ance, qui fĂ»t entiĂšrement indubitable. Il se mĂ©fie Ă lâĂ©gard des sens la vue, lâouĂŻe, lâodorat, le goĂ»t et le toucher ; des dĂ©monstrations, si solides paraissent-elles ; de la capacitĂ© Ă distinguer la rĂ©alitĂ© et le rĂȘve. Mais il nâest pas possible de douter absolument de tout. Descartes ne veut pas quâon le confonde avec les sceptiques qui ne doutent que pour douter ». Lui ne doute pas dans le vide, mais pour arriver Ă ses propres conclusions. Fondamentalement, lâexercice mĂȘme du doute rend une chose certaine Mais aussitĂŽt aprĂšs, je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout Ă©tait faux, il fallait nĂ©cessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose. Et remarquant que cette vĂ©ritĂ© je pense, donc je suis, Ă©tait si ferme et si assurĂ©e, que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques nâĂ©taient pas capables de lâĂ©branler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie, que je cherchais. ». Autrement dit, penser câest ĂȘtre. En menant le doute Ă sa derniĂšre extrĂ©mitĂ©, Descartes conclut que lâhomme est une substance pensante. Ă ses yeux, cette vĂ©ritĂ© implique aussi que lâĂąme est distincte du corps et quâelle est plus facile Ă connaĂźtre dualisme du corps et de lâesprit. Descartes est sĂ»r de lui, mais les lecteurs ne comprendront pas, Ă partir de cet exposĂ© trĂšs bref, comment dĂ©duire lâimmatĂ©rialitĂ© de lâĂąme du doute. Lâexistence de Dieu et la vĂ©ritĂ© Comme Descartes a critiquĂ© prĂ©cĂ©demment la scolastique, il demande la permission dâen employer la terminologie. Voici comment il dĂ©montre clairement lâexistence de Dieu puisque lâhomme a des perfections, il les tire forcĂ©ment dâun ĂȘtre plus parfait que lui, lequel ne peut ĂȘtre autre que Dieu ; or, lâexistence dâun Ătre parfait est incluse dans lâidĂ©e mĂȘme de cet ĂȘtre Ă lâinstar i de la valeur de la somme des angles dâun triangle 180° dans lâidĂ©e mĂȘme de triangle, ou encore ii de lâĂ©quidistance des points dâun cercle par rapport au centre dans lâidĂ©e mĂȘme de cercle. Cette dĂ©monstration est censĂ©e suffire, mais Descartes approfondit quand mĂȘme pour convaincre les sceptiques. La sensibilitĂ© nâest pas nĂ©cessaire pour trouver la vĂ©ritĂ© lâexistence de Dieu constitue une certitude mĂ©taphysique, câest-Ă -dire que câest impossible de concevoir les choses autrement. Elle est mĂȘme plus certaine que lâexistence du monde matĂ©riel, laquelle est une certitude morale suffisante pour conduire sa vie. Descartes estime que câest Dieu qui rend possible la vĂ©ritĂ©. En effet, la clartĂ© vient de la perfection divine, lâobscuritĂ© du nĂ©ant[9]. Quand des idĂ©es sont claires et distinctes, elles sont en cela vraies et parfaites ; donc elles ont nĂ©cessairement une origine divine â ce qui confirme leur vĂ©ritĂ©. En revanche, les pensĂ©es fausses sont la marque de lâimperfection de lâhomme. La connaissance de Dieu et de lâĂąme les objets traditionnels de la mĂ©taphysique valide ainsi les critĂšres de la clartĂ© et de la distinction. Du coup, peu importe quâon rĂȘve, tant que les idĂ©es quâon conçoit sont claires et distinctes. LâĂ©veil est certes plus propice Ă la dĂ©couverte de la vĂ©ritĂ©, mais un gĂ©omĂštre peut trĂšs bien inventer un thĂ©orĂšme dans son sommeil. CinquiĂšme partie du Discours de la mĂ©thode Lâautocensure de Descartes Descartes dit avoir dĂ©couvert des lois naturelles et des vĂ©ritĂ©s trĂšs utiles et importantes grĂące Ă sa mĂ©thode, mais il ne dĂ©voile pas tous ses rĂ©sultats pour ne pas susciter la controverse. Rendu craintif par la condamnation de GalilĂ©e, il avait dĂ©jĂ renoncĂ© Ă publier Le Monde ou TraitĂ© de la lumiĂšre la mĂȘme annĂ©e, dont il rĂ©sume les idĂ©es acceptables » dans le Discours de la mĂ©thode. Par prudence, il dĂ©crit donc la matiĂšre en Ă©voquant un monde nouveau » afin de ne pas heurter le rĂ©cit de la GenĂšse. Il le fait aussi sans recourir aux concepts de la scolastique formes substantielles et qualitĂ©s rĂ©elles. Il rappelle quâil ne prĂ©tend pas remettre en cause le dogme religieux Toutefois, je ne voudrais pas infĂ©rer de toutes ces choses, que ce monde ait Ă©tĂ© créé en la façon que je proposais ; car il est bien plus vraisemblable que, dĂšs le commencement, Dieu lâa rendu tel quâil devait ĂȘtre. Il rattache sa thĂ©orie Ă la doctrine scolastique de la crĂ©ation continuĂ©e, selon laquelle la crĂ©ation est continue parce que Dieu agit constamment sur le monde pour le prĂ©server. Descartes coche les cases avant dâĂ©voquer la surface de ses idĂ©es personnelles. La thĂ©orie de lâhomme de Descartes Dans la conception cartĂ©sienne du corps humain, la chaleur du cĆur est le principe unique de toutes les fonctions biologiques. AprĂšs avoir pratiquĂ© la dissection pendant une dizaine dâannĂ©es, Descartes a Ă©chafaudĂ© une thĂ©orie dans laquelle le fonctionnement mĂ©canique du cĆur est semblable Ă celui dâune horloge. Sâil est reconnaissant Ă William Harvey dâavoir dĂ©couvert la circulation sanguine, il affirme toutefois que le mĂ©decin anglais sâest trompĂ© en imaginant que la contraction du cĆur soit Ă lâorigine du flux sanguin. Pour lui, la circulation sanguine est lâĆuvre des esprits animaux » Les esprits animaux sont les particules â strictement matĂ©rielles â les plus subtiles et les plus agitĂ©es du sang, produites par la dilatation du sang sous lâeffet de la chaleur du cĆur. Elles passent du cĆur au cerveau par les carotides. Les esprits animaux circulent aussi dans les nerfs jusquâaux muscles, dont ils causent les mouvements, en les gonflant par accumulation et en les contraignant ainsi Ă se contracter. En fait, estime Descartes, le corps humain nâest rien dâautre quâun automate particuliĂšrement sophistiquĂ©. Cela ne surprendra pas ceux qui, parmi ses contemporains, se sont dĂ©jĂ intĂ©ressĂ©s au fonctionnement dâune machine, ou qui ont essayĂ© dâen fabriquer Ce qui ne semblera nullement Ă©trange Ă ceux qui, sachant combien de divers automates, ou machines mouvantes, lâindustrie des hommes peut faire, sans y employer que fort peu de piĂšces, Ă comparaison de la grande multitude des os, des muscles, des nerfs, des artĂšres, des veines, et de toutes les autres parties qui sont dans le corps de chaque animal considĂ©reront ce corps comme une machine, qui, ayant Ă©tĂ© faite des mains de Dieu, est incomparablement mieux ordonnĂ©e, et a en soi des mouvements plus admirables, quâaucune de celles qui peuvent ĂȘtre inventĂ©es par les hommes. AprĂšs, on pourra toujours distinguer un homme et un automate qui ont la mĂȘme apparence parce quâune machine est incapable de sâadapter parfaitement Ă son environnement comme un ĂȘtre humain. En effet, lâhomme est dotĂ© de la raison, lui, ce qui transparaĂźt tout particuliĂšrement quand il sâexprime â par la parole, en gĂ©nĂ©ral, mais aussi par des signes, comme chez les sourds-muets. En revanche, lâanimal est assimilable Ă une machine câest la fameuse thĂ©orie de lâanimal-machine ». Certains animaux sont certes bien meilleurs que les hommes pour effectuer certaines actions, mais cette supĂ©rioritĂ© particuliĂšre ne signifie pas quâils ont de lâesprit. En rĂ©alitĂ©, leur fonctionnement, combien sophistiquĂ©, est entiĂšrement dĂ©terminĂ©, parce quâils ne font que rĂ©pondre Ă des stimuli. Comment pourrait-il en ĂȘtre autrement ils nâont ni Ăąme ni raison. Avec cette thĂ©orie, Descartes sâoppose notamment Ă Montaigne, qui avait affirmĂ© quâil y a moins de diffĂ©rence entre les animaux les plus intelligents et les hommes les plus stupides quâentre les hommes les plus stupides et les hommes les plus intelligents[10]. LâĂ©quivalence de lâhomme et de lâanimal est tout bonnement impossible, sinon il ne se passerait rien aprĂšs la mort â or, lâĂąme humaine est immortelle. SixiĂšme partie du Discours de la mĂ©thode La responsabilitĂ© du chercheur de vĂ©ritĂ© Non seulement lâaffaire GalilĂ©e lui a fait peur, mais Descartes nâa jamais vraiment eu envie dâĂ©crire des livres [âŠ] mon inclination, qui mâa toujours fait haĂŻr le mĂ©tier de faire des livres, mâen fit incontinent trouver assez dâautres pour mâen excuser. Seulement, le chercheur de vĂ©ritĂ© a une responsabilitĂ© Ă lâĂ©gard de lâhumanitĂ©. En Ă©tudiant la physique, Descartes a dĂ©couvert que ses lois pouvaient servir le bien gĂ©nĂ©ral de tous les hommes », notamment en contribuant au progrĂšs de la mĂ©decine. Tous les chercheurs devraient donc lâimiter en publiant leurs rĂ©sultats. La perspective de la publication a 2 autres avantages ça crĂ©e une pression Ă la qualitĂ© On regarde toujours de plus prĂšs Ă ce quâon croit devoir ĂȘtre vu par plusieurs, quâĂ ce quâon ne fait que pour soi-mĂȘme, et souvent les choses qui mâont semblĂ© vraies lorsque jâai commencĂ© Ă les concevoir, mâont paru fausses lorsque je les ai voulu mettre sur le papier [âŠ] » ; ça permettra aux gĂ©nĂ©rations suivantes de poursuivre la recherche Il est bon dâomettre les choses qui apporteraient peut-ĂȘtre quelque profit Ă ceux qui vivent, lorsque câest Ă dessein dâen faire dâautres qui en apportent davantage Ă nos neveux. » Descartes compare la quĂȘte de la vĂ©ritĂ© Ă la guerre chaque progrĂšs stimule un peu plus le cercle vertueux de la victoire, mais il est difficile de rebondir aprĂšs un Ă©chec. Ă 41 ans, il pense quâil a le temps dâaller au bout de ses recherches, mĂȘme sâil a peur de perdre du temps Ă cause des controverses. Pourquoi Descartes la joue perso » Câest vrai quâil existe une intelligence collective ; quâon peut trouver la vĂ©ritĂ© Ă plusieurs, en Ă©changeant, en examinant les idĂ©es et en progressant ainsi ensemble â mais ça nâa jamais marchĂ© avec Descartes. LâexpĂ©rience que jâai des objections quâon me peut faire, mâempĂȘche dâen espĂ©rer aucun profit car jâai dĂ©jĂ souvent Ă©prouvĂ© les jugements, tant de ceux que jâai tenus pour mes amis, que de quelques autres Ă qui je pensais ĂȘtre indiffĂ©rent, et mĂȘme aussi de quelques-uns dont je savais que la malignitĂ© et lâenvie tĂącheraient assez de dĂ©couvrir ce que lâaffection cacherait Ă mes amis ; mais il est rarement arrivĂ© quâon mâait objectĂ© quelque chose que je nâeusse point du tout prĂ©vue, si ce nâest quâelle fĂ»t fort Ă©loignĂ©e de mon sujet ; en sorte que je nâai quasi jamais rencontrĂ© aucun censeur de mes opinions, qui ne me semblĂąt ou moins rigoureux, ou moins Ă©quitable que moi-mĂȘme. Descartes ne croit pas Ă la vertu Ă©pistĂ©mologique du dĂ©bat. DâaprĂšs lui, quand chacun essaie de faire prĂ©valoir son point de vue, il ne tient plus quâĂ la vraisemblance et il perd de vue la vĂ©ritĂ©. On est toujours un avocat dans un dĂ©bat, alors quâil faut se faire juge pour trouver la vĂ©ritĂ©. Câest lĂ une critique en creux de la mĂ©thode scolastique de la disputatio la confrontation de thĂšses opposĂ©es sur une mĂȘme question, quâon pratiquait dans les universitĂ©s mĂ©diĂ©vales pour Ă©prouver les opinions. Or, cette mĂ©thode est fonciĂšrement corrompue en ce quâelle sâattache Ă la vraisemblance, la source de la gloire philosophique, et non pas Ă la vĂ©ritĂ©. Allergique Ă la dimension collective du progrĂšs du savoir, Descartes estime que câest lâauteur mĂȘme des idĂ©es qui les communique le mieux, parce que tous les autres risquent de les dĂ©former Je ne mâĂ©tonne aucunement des extravagances quâon attribue Ă tous ces anciens philosophes, dont nous nâavons point les Ă©crits, ni ne juge pas, pour cela, que leurs pensĂ©es aient Ă©tĂ© fort dĂ©raisonnables, vu quâils Ă©taient des meilleurs esprits de leurs temps, mais seulement quâon nous les a mal rapportĂ©es. Dâailleurs, les commentateurs des grands philosophes sont nuls. Ils sont comme des aveugles qui tirent leurs adversaires dans une cave pour se battre. Ils ne voient pas, donc ils veulent faire de lâobscuritĂ© la condition commune. Pour Descartes, trouver les vĂ©ritĂ©s par soi-mĂȘme grĂące Ă une mĂ©thode fiable sera toujours plus efficace que de les recevoir dâun professeur. Contre ceux qui ne croient quâĂ la contagion des idĂ©es, il affirme que ses thĂšses sont purement et simplement sorties de sa raison â ce qui en fait les plus anciennes quâil soit possible de concevoir puisquâelles sont inscrites dans la raison mĂȘme. Je ne me vante point aussi dâĂȘtre le premier inventeur dâaucunes, mais bien que je ne les aie jamais reçues, ni pource quâelles avaient Ă©tĂ© dites par dâautres, ni pource quâelles ne lâavaient point Ă©tĂ©, mais seulement pource que la raison me les a persuadĂ©es. Descartes ne veut pas de disciples au sens traditionnel du terme, car, Ă ses yeux, un vrai disciple doit ĂȘtre capable de retrouver les principes par lui-mĂȘme. Lâimportance de lâexpĂ©rience Plus on avance dans la connaissance, plus les expĂ©riences sont nĂ©cessaires. Descartes expĂ©rimente simplement, en 3 Ă©tapes il identifie les causes premiĂšres dans le monde matĂ©riel ; il examine les effets les plus ordinaires de ces causes ; il essaie de les rattacher Ă des principes quâil a postulĂ©s, ce que le rĂ©sultat de lâexpĂ©rience doit confirmer ou infirmer. Il est un peu embĂȘtĂ© parce quâil ne peut pas mener toutes les expĂ©riences lui-mĂȘme. Pour sa part, il prĂ©fĂšre rĂ©munĂ©rer des artisans pour lâassister, parce que ceux qui veulent lâaider bĂ©nĂ©volement lui font perdre son temps. Câest aussi â bien sĂ»r â une question dâargent, et la publication du Discours de la mĂ©thode nâest pas Ă©trangĂšre au besoin de trouver de gĂ©nĂ©reux donateurs. Descartes et son lectorat Descartes ne cherche pas la gloire, il veut ĂȘtre tranquille. Alors pourquoi Ă©crit-il ? Câest tout dâabord, prĂ©cise-t-il de maniĂšre peu convaincante, pour dissiper le prĂ©jugĂ© selon lequel il aurait quelque chose Ă cacher. Câest surtout â semble-t-il â pour obtenir une aide extĂ©rieure qui lui permettra dâaccĂ©lĂ©rer le rythme de ses recherches, car il veut consacrer le restant de ses jours Ă faire progresser la mĂ©decine. En clair, Descartes a besoin de thune. Câest peut-ĂȘtre pour cette raison quâil soigne la relation avec ses lecteurs. En bon pĂ©dagogue â lui qui ne veut pas de disciples â, il les invite Ă bien prĂȘter attention Ă lâenchaĂźnement logique des idĂ©es dans ses dĂ©monstrations, et il leur propose mĂȘme dâenvoyer leurs objections Ă son libraire. Câest peut-ĂȘtre aussi pour cette raison quâil Ă©crit ce qui ressemble quand mĂȘme, quoi quâen disent les spĂ©cialistes[11], Ă un ouvrage de vulgarisation. Le Discours de la mĂ©thode est relativement court, accessible et sĂ©duisant pour de potentiels mĂ©cĂšnes câest un peu une synthĂšse superficielle et politiquement correcte des thĂšses de Descartes. Mais surtout, il Ă©crit en français plutĂŽt quâen latin, la langue scientifique et acadĂ©mique de lâĂ©poque, parce quâil sâadresse en prioritĂ© Ă lâhomme de bon sens Si jâĂ©cris en français, qui est la langue de mon pays, plutĂŽt quâen latin, qui est celle de mes prĂ©cepteurs, câest Ă cause que jâespĂšre que ceux qui ne se servent que de leur raison naturelle toute pure, jugeront mieux de mes opinions, que ceux qui ne croient quâaux livres anciens. Et pour ceux qui joignent le bon sens avec lâĂ©tude, lesquels seuls je souhaite pour mes juges, ils ne seront point, je mâassure, si partiaux pour le latin, quâils refusent dâentendre mes raisons, pource que je les explique en langue vulgaire. En sâadressant Ă tous ceux qui nâont pas reçu dâinstruction, Descartes prend le parti du bon sens contre celui de lâautoritĂ©, de la raison contre la mĂ©moire. [1] La devise de Descartes Ă©tait larvatus prodeo jâavance masquĂ© ». [2] Dans La vie heureuse. [3] Câest notamment lâidĂ©e mise en scĂšne par Cervantes dans Don Quichotte. [4] Un poĂȘle est une chambre chauffĂ©e. [5] SĂ©rie de conflits armĂ©s qui a dĂ©chirĂ© lâEurope de 1618 Ă 1648. [6] En mĂȘme façon que les grands chemins, qui tournoient entre des montagnes, deviennent peu Ă peu si unis et si commodes, Ă force dâĂȘtre frĂ©quentĂ©s, quâil est beaucoup meilleur de les suivre que dâentreprendre dâaller plus droit, en grimpant au-dessus des rochers, et descendant jusques au bas des prĂ©cipices. » [7] Le poids des prĂ©jugĂ©s. [8] Descartes a 41 ans Ă la publication du Discours de la mĂ©thode. [9] Descartes fait rĂ©fĂ©rence Ă la thĂšse mĂ©diĂ©vale traditionnelle de la convertibilitĂ© entre lâĂȘtre et le vrai ens et verum convertuntur, en vertu de laquelle le faux se caractĂ©rise par le manque. [10] Dans lâApologie de Raymond Sebond. [11] Ils soulignent que Descartes refuse de dĂ©velopper ses thĂšses les plus radicales en langue vulgaire.
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